Citations sur La Guerre des Fées / Elfes, tome 2 : L'Empereur Pourpre (6)
Blafardos but une gorgée de son alcool avant d'oser effleurer du regard le monstre absolu. Lord Noctifer lui sourit. Ses dents étaient sanguines - il venait de porter son verre de piment à la bouche. Au lieu de le reposer, il le leva et, portant un toast, s'écria :
- Buvons à la Révolution des wangarami !
Et Jasper eut la certitude qu'il ne sortirait pas de là vivant.
"Je vole ! Pensa Henry. Je voooole !"
C'était fantastique. Le vide était sous lui. Lui restait au-dessus, comme si une main géante l'avait retenu et suspendu dans les airs. Il n'avait jamais rien connu de tel. Un mélange de liberté et d'étourdissement.
-Mes amis, annonça le prêtre en jetant un oeil aux spectateurs professionnels qui ne semblaient guère amicaux, nous sommes réunis ici pour célébrer le blablabla de patati patata et ainsi de suite avec de la rhubarbe, etc., ah-hum.
Sulfurique ouvrit de grands yeux.
-Votre dulcinée a estimé que l'intégrale de la cérémonie coûtait trop cher, lui souffla l'officiant. Si vous voulez payer...
-Non, continuez, répondit le vieillard.
Henry se retourna vers son accompagnatrice. Elle le mettait mal à l'aise et, pourtant, elle lui souriait gentiment.
-Il va bientôt rentrer ? demanda-t-il.
-Qui ça?
-Pyrgus.
-Pyrgus ne vit plus ici.
-Pardon?
-Pyrgus ne vit plus ici.
Henry fronça les sourcils :
-Alors pourquoi m'avez-vous emmené dans cette pièce ?
-Tu voulais voir sa chambre, non ?
-Je... je me suis mal exprimé, excusez-moi, bredouilla le garçon. En réalité, je voulais voir Pyrgus.
-Ce n'est pas possible.
-P... pourquoi ?
-Il est en exil. A présent, c'est mon fils qui est empereur.
Elle papillota, comme si elle venait de s'éveiller d'un long sommeil. Puis elle fixa Henry et déclara d'un ton calme :
-Je vais te faire mettre en cachot. Tu es si laid...
Henry frissonna. Cette femme était dangereuse. Et pas normale. Elle ne tira aucune sonnette. Ne fit aucun geste. Ne poussa aucun cri. Pourtant, en un instant, la pièce se remplit d'hommes musculeux et Quercusia ordonna :
-Jetez cet énergumène dans la pire cellule du donjon !
Ses yeux lançaient des étincelles. De l'écume couvrait ses lèvres. Son corps frémissait de colère.
-Oui, jetez-le dans le donjon, répéta-elle. Et après, détruisez la clef de sa geôle !
Ils progressèrent dans le labyrinthe, les sens aux aguets. Une minute ne s'était pas écoulée quand Palaemon marcha sur une brindille.
Une lame jaillit de la paroi. Le soldat bondit. L'acier tranchant lui arracha un bout du lobe de l'oreille gauche. Le sang se mit à couler en abondance. Mais c'était un détail : sans ses réflexes innés propres aux Fées de la Forêt, Palaemon aurait été décapité.
La maison de M.Fogarty se cachait au fond d'un petit cul-de-sac. Les fenêtres étaient en partie condamnées, si bien qu'on aurait dit que la batisse était vide, voire à l'abandon. Mais Henry savait que M.Fogarty avait condamné ces fenêtres alors qu'il y vivait encore? Objectif : que les voisins ignorent tout de ses allées et venues. Même si aucun être sensé ne se serait risqué dans la maison. Le denier visiteur indélicat en était reparti avec un bras cassé par un coup de batte.