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Critique de Newwavebac


Thomas Bronnec - Collapsus début le 13 mai fin le 17 mai

En lisant la 4ème de couverture, je me suis dit ce livre est fait pour moi : la dérive écologiste, je la considère réelle d'ores et déjà, et j'avais adoré dans un tout autre style le livre sur la question de Iegor Gran, l'écologie en bas de chez moi. Attention, je réfute l'écologie uniquement en tant qu'idéologie incontestable, comme le disait déjà Karl Popper, une science qui n'est pas contestable est bel et bien une idéologie. Et Montesquieu avant lui avait déjà indiqué que la forme première d'un régime n'était en général pas problématique (que ce soit la démocratie, la république ou la monarchie) mais c'était bien sa dérive qui posait problème. L'écologie est devenue la caricature d'elle-même refusant toute contestation (ne serait-ce que de simplement dire que la France pollue rien du tout par rapport aux Etats-Unis et la Chine et que nos efforts ne sont là que pour emmerder les gens au quotidien…) et ouvrant la voie à de potentielles dérives que le livre de Thomas Bronnec me promettait de décrire.

Et bien pa-ta-tras…pour avoir dit déjà tout le mal que je pensais des livres de Gilles Martin-Chauffier et dans une moindre mesure des livres politiques de Franz-Olivier Giesbert (même si ses romans d'amour sont formidables), je devrais vraiment me méfier des livres écrits par des journalistes. Dans les cas cités (et Bronnec n'y déroge pas) c'est pompeux, péremptoire mais surtout approximatif et pas rigoureux pour un sou.

Donc, l'histoire est simple : un Président écologiste entraîne la France dans une dictature avec l'assentiment du peuple et au nom du sauvetage de la planète. Pourquoi pas ? Mais dès le début, on a du mal à y croire ne serait-ce que parce dans la vraie vie, le patron de la Compagnie générale du lait se serait barré de longue date dans un autre pays plutôt que de subir la vindicte du pouvoir. Et l'Europe ? Quelle prouesse quand on connaît son poids dans nos institutions et notre réglementation d'en faire totalement l'impasse, n'étant pas citée une seule fois dans tout le livre.

Le livre se veut une dystopie, mais en tant que tel, il est incohérent sur l'évolution des rapports homme-femme. Si, comme le prétend l'auteur nous parvenons à un « écolo-fascisme » (dont il est d'ailleurs dommage qu'il ne le nomme pas pour en faire un « slogan », confondant l'écologie et sa dérive…bien nommer les choses participent de la réduction de la misère du monde comme disait Camus), il est sûr qu'il traînera le wokisme dans ses bagages et que les rapports homme-femme seront totalement chamboulés, à l'opposé du Président Savidan décrit comme un « baiseur » compulsif…pas mieux d'ailleurs pour le Président du Sénat qui s'entoure de « jeunes filles ». Tout cela est complètement dépassé déjà de nos jours alors dans un futur proche c'est totalement anachronique. Plutôt que de rester platement dans la mythologie du « deux minutes, douche comprise », avec lutinage de stagiaire et rapports virilistes débiles (le tout n'apporte d'ailleurs rien au récit, tout comme l'histoire du Président avec sa stagiaire qui n'a rien à voir avec sa destitution), il aurait mieux fallu faire un décalque d'une passionnaria de « me too » (A. Haenel ou S. Rousseau), ce qui va d'ailleurs bien avec l'écolo-fascisme dénoncé. Cela aurait été sans doute plus crédible même si l'auteur a sans doute eu peur de susciter trop d'oppositions tellement c'est encore plus intouchable que l'écologie que finalement, on aime bien brocarder dans notre pays de viandard…

Dans la série des détails, outre les scènes de sexe (permanentes jusqu'à la nausée) et d'auto sexe qui n'apportent rien au livre, mais qui sont très complaisamment décrites (et d'une finesse relative…), Bronnec semble complètement obnubilé par la sueur. C'est simple il en parle à toutes les pages, les gens ne peuvent pas se déplacer sans exsuder de tous leurs pores. Toujours dans les détails, il cite tellement la « DS3 Crossback Électrique » (au moins quatre fois) que je me suis demandé s'il n'y avait pas un placement produit dans le livre…ce qui dans un livre serait inédit en tout cas à ma connaissance.

Par ailleurs, le livre est truffé d'erreurs de cohérence qui plombent le récit (déjà incohérent globalement pour les raisons indiquées ci-dessous) et qui se classent en deux catégories :
- les erreurs de cohérence dans le récit (au début quand la femme de Chevance se jette par la fenêtre, nulle mention du bébé mais quelques pages plus loin, on comprend qu'il est mort avec elle); Lorsque le Président fait son annonce à la télévision de l'activation de l'article 16, il dit « ayant demandé l'avis du Conseil constitutionnel » et quelques pages plus loin le Vice Président du Conseil d'Etat dit que « lorsqu'il demandera l'avis, il sera négatif »…
- Les erreurs de connaissance, factuelles, de manque de rigueur et de relecture alors qu'une simple recherche internet aurait corrigé la chose (non le président du conseil d'Etat n'est pas le président c'est le premier ministre page 83, comment des amendes pour excès de vitesse peuvent elles se retrouver au Conseil d'Etat alors que c'est une incrimination pénale de la seule compétence des tribunaux judiciaires, y compris pour les véhicules d'Etat, page 89)

L'ensemble témoigne du manque de rigueur (et de culture) de nos journalistes français qui fait que, tout en lisant le Monde tous les jours, je ne lis jamais d'hebdomadaires ni ne regardent jamais ni le 20h ni les chaînes info tellement leurs informations sont approximatives et souvent fausses (le tout dans un français catastrophique). Je ne lirai plus de livres écrits par des journalistes, je ne lirai plus de livres écrits par des journalistes, ad lib…
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