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Citations sur Poèmes : 1836-1846 (17)

Dans la nuit des donjons je ne puis pas chanter;
Dans l'étau de la peine il est dur de sourire:
Quel oiseau prendrait son essor l'aile brisée ?
Quel cœur ensanglanté pourrait se réjouir?
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Je croirai qu’il n’est pas un seul monde là-haut…



Je croirai qu’il n’est pas un seul monde là-haut,
Aussi loin que ma vue se porte avec effort,
Où jamais la Sagesse ait pu railler l’Amour
Et la Vertu ramper aux pieds de l’Infamie ;

Oh, sous les coups du Sort se tordant de souffrance,
Le malheureux couvert de plaies ait dû sourire
Pour déjouer la haine par sa patience
Alors qu’en lui, sans cesse, se cabrait son cœur ;

Où le Plaisir fatalement conduise au mal,
Où la Raison s’épuise en vain à mettre en garde,
Où la Candeur soit faible et la Trahison forte,
Et la Joie le plus court chemin de la Douleur.

Où la Paix soit l’engourdissement de la Peine,
L’Espoir un fantôme de l’âme,
La Vie, un labeur vide qui ne dure point,
Et la Mort, sur eux tous, un Tyran souverain !

                                    13 Avril 1843


/Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,
Emily Bronte : Poèmes (1836 – 1846)
Editions Gallimard, 1963
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À ton amour, non, non, je ne veux point de part…



À ton amour, non, non, je ne veux point de part ;
Ta haine ne saurait éveiller qu’un sourire ;
Tes chagrins peuvent déchirer, tes torts meurtrir
Mais tes ruses mensongères sont dérisoires !

Tandis que je contemple au-dessus de ma tête
Les étoiles de cette mer mer libre d’orages,
Je veux nourrir l’espoir que toute la détresse
De la Création est contenue en toi !

Et voici quel sera mon rêve cette nuit :
Je croirai que le ciel des sphères radieuses
Poursuit à l’infini sa course lumineuse,
Toujours jouissant d’une infinie félicité ;

                                    13 Avril 1843


/Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,
Emily Bronte : Poèmes (1836 – 1846)
Editions Gallimard, 1963
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Comme elle brille clair…



Comme elle brille clair ! Avec quelle quiétude
Je repose, baignée de sa lueur d’argent,
Tandis que le Ciel et la terre me chuchotent :
« Réveille-toi demain, mais pour cette nuit rêve. »

Viens-t’en, Imagination, ma fée chérie !
A ces tempes qui battent, donne un doux baiser,
Et puis te penche sur ma couche solitaire
Pourvoyeuse de paix et de félicité.

Le monde se retire... Sombre monde, adieu !
Lugubre monde, cache-toi jusqu’à l’aurore :
Le cœur que tu ne peux soumettre tout entier,
Si tu tardes, devras te résister encore !

                                    13 Avril 1843


/Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,
Emily Bronte : Poèmes (1836 – 1846)
Editions Gallimard, 1963
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Autour de moi des tombes grises…


Extrait 2

Péchés et pleurs, démence et autres !
Fort bien : qu’ils passent dans l’extase
Leur longue éternité de joie :
Nous ne voudrions point qu’ils vinssent
Gémir avec nous ici-bas ;
Ni la Terre qu’une autre sphère
Goûte à sa coupe de douleur,
Elle qui détourne du Ciel
Son regard et ne mène deuil
Que pour nous, qui devrons mourir !
Ah ! comment te consoler, mère,
De tant d’incessante misère ?
Pour charmer un temps nos regards,
Tu souris, combien tendrement,
Mais qui ne devine, à travers
Ton chaleureux rayonnement
Ta profonde, indicible peine ?
Il n’est paradis qui te puisse
Voler l’amour de tes enfants.
Tous, à l’instant où notre vie
Va jeter sa dernière lueur,
Notre suprême nostalgie
Toujours s’efforce et toujours cherche
D’un œil voilé ton cher visage.
Laisserions-nous notre patrie
Pour aucun monde d’outre-tombe ?
Plutôt sur ton sein tutélaire
Reposer pour un long sommeil
Et n’en être enfin réveillés
Que pour partager avec toi
Une immortalité pareille.

17 juillet 1841


Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,
Emily Bronte : Poèmes (1836 – 1846)
Editions Gallimard, 1963
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Autour de moi des tombes grises…


Extrait 1

Autour de moi des tombes grises
Étendent leurs ombres au loin.
Là, sous le gazon que je foule,
Silencieux, seuls, gisent les morts –
Là, sous le gazon, sous la glaise,

Voués au froid, voués au noir.
Malgré moi m’échappent des larmes
Thésaurisées par la mémoire
Aux dépends des années enfuies.
Ah ! Temps, Mort et Tourment mortel,
Si vous blessez, c’est pour toujours ;
Qu’il me souvienne seulement
D’une moitié de la souffrance
Que j’ai vue, apprise, soufferte,
Et le Ciel même ne saurait,
Si pur et bienheureux soit-il,
Donner quiétude à mon âme.
Aimable séjour de lumière,
Tes radieux enfants ignorent
Tout ce qu’est notre désespoir ;
Ils n’ont éprouvé, ni ne savent
Quels sombres hôtes nous logeons
Dans nos habitacles mortels :

17 juillet 1841


Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,
Emily Bronte : Poèmes (1836 – 1846)
Editions Gallimard, 1963
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Mon plus grand bonheur, c'est qu'au loin
Mon âme fuie sa demeure d'argile,
Par une nuit qu'il vente, que la lune est claire,
Que l’œil peut parcourir des mondes de lumière —

Que je ne suis plus, qu'il n'est rien —
Terre ni mer ni ciel sans nuages —
Hormis un esprit en voyage
Dans l'immensité infinie.


Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,
Emily Bronte : Poèmes (1836 – 1846)
Editions Gallimard, 1963
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Le soleil est couché, à présent l’herbe longue
Oscille, languissante, dans le vent du soir ;
L’oiseau s’est envolé de cette pierre grise
Pour trouver quelque chaud recoin où se blottir.

Il n’est rien, dans tout ce paysage désert,
Qui vienne frapper mon regard ou mon oreille,
Si ce n’est que le vent, là-bas,
Accourt en soupirant sur la mer de bruyères.

Août 1837


Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,
« Emily Jane Brontë, Poèmes 1836 – 1846, Edition
bilingue », Editions Gallimard, 1963
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Il devrait n’être point de désespoir pour toi
Tant que brûle la nuit les étoiles,
Tant que le soir répand sa rosée silencieuse,
Que le soleil dore le matin.
Il devrait n’être point de désespoir, même si les larmes
Ruissellent comme une rivière :
Les plus chères de tes années sont-elles pas
Autour de ton cœur à jamais ?
Ceux-ci pleurent, tu pleures, il doit en être ainsi ;
Les vents soupirent comme tu soupires,
Et l’Hiver en flocons déverse son chagrin
Là où gisent les feuilles d’automne.
Pourtant elles revivent, et de leur sort ton sort
Ne saurait être séparé :
Poursuis donc ton voyage, sinon ravie de joie,
Du moins jamais le cœur brisé

Novembre 1839


Traduit de l’anglais par Pierre Leyris,
« Emily Jane Brontë, Poèmes 1836 – 1846, Edition
bilingue », Editions Gallimard, 1963
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Alors, oh ! de m'en retourner à l'oreiller
Pour rappeler la Nuit, pour voir
Vos mondes de lumière auguste palpiter
Encore, avec mon cœur et moi !

Mais c'était sans espoir - car l'oreiller brillait,
Car brillaient le plancher, le toit,
Car les oiseaux chantaient à tue-tête au bocage,
Car un vent neuf secouait la porte.

Ah ! pourquoi, parce l'éblouissant soleil [extrait]
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