Il y a un peu plus d'un an, j'ai lu et chroniqué Dark Age, le T5 de Red Rising. Mais je n'ai jamais fait de chronique du T4 (y'a pas trop de raisons pour expliquer cette anomalie). Alors me voilà enfin avec une p'tite review de Iron Gold (2 tomes en France, un seul en vo, vous commencez à connaître la chanson) sans spoilers comme d'habitude (le mieux est de connaître les tomes 1 à 3 quand même)
Je vais commencer ma chronique en expliquant pourquoi, à mes yeux, Iron Gold amorce les véritables enjeux de la saga Red Rising, la faisant passer d'une série dystopique pour ado/adultes à du space-opera qui pète du feu de dieu. le 1er cycle de RR, les 3 premiers tomes, mettent en scène l'immersion de Darrow, esclave Rouge, dans la Société Or, qu'il compte détruire de l'intérieur. Un monde imparfait, un héros de génie, une floppée de personnages attachants et imparfaits. Un monde en ruine, des têtes qui tombent… Morning Star, T3, nous laisse une galaxie au destin en suspens, où tout est à refaire. Et c'est justement "ce tout est à refaire" qui est très souvent laissé de côté dans les dystopies pour ados. Ce qui me frustre très très souvent. Mais
Pierce Brown a pris son courage à deux mains, a fait le pari de perdre une partie de ses lecteurs, de faire évoluer l'âme de Red Rising, pour ouvrir un second cycle, plus adulte, plus sombre, plus politique. Iron Gold signe le début de la suite, du renouveau, de la reconstruction. Dix ans plus tard, nous voilà aux côtés de Darrow, seigneur de guerre trentenaire à l'âme éraflée par une décennie de conflits aux quatre coins du système solaire. Mais ce n'est pas tout : nous voilà dans la tête d'Ephraïm, Gris désabusé et freelance du crime, Lyria, Rouge désillusionnée par la République et sa Souveraine, Lysandre, héritier oublié d'une ancienne civilisation centenaire. Cet ajout de PDV a dû déplaire à certains, mais, à mes yeux, il est obligatoire pour amener plus de questionnements, de tension, d'intérêt à la série. le 1er cycle de RR avait un côté un peu "fermé" comme nous avions un PDV unique. Ces nouveaux personnages apportent une vision différente de la République, des politiques du Noyau et de la Bordure, des vécus des habitants du système solaire. Dans ce tome, il n'est plus question de se cacher, de détruire une société depuis l'intérieur… La guerre y est beaucoup plus brutale, nette, tranchante. Guerre dans la boue, dans les champs, bien sûr, mais aussi guerre philosophique, guerre politique, au Sénat, dans la Bordure, sur Vénus… Les mondes se mélangent, les systèmes politiques aussi. Et je dois avouer que je trouve tout ça passionnant pour ma part (c'est encore plus accentué dans Dark Age).
Malgré ces apports de philosophie, de réflexion, de psychologie, Iron Gold est encore très axé action et rebondissements. En définitive, on ne s'ennuie pas, on craint (encore, toujours) pour la vie des personnages.
P. Brown n'a franchement pas peur de tuer ses persos, et ce n'est jamais gratuit. Les destinées se croisent, les multiples PDV permettent de donner plus de profondeur aux événements, aux autres personnages. Les PDV mélangés sont pour moi une richesse vis-à-vis des persos : j'adore la façon qu'ils ont tous de se jauger, juger, observer. Les qualités de l'un ressortiront aux yeux de tel, et les défauts aux yeux d'un autre. Les personnages que l'on commence à bien connaître en sont encore plus passionnants (je pense à Darrow et Mustang notamment). Parfois Dieux, admirés, craints, de temps en temps esclaves de leur destinée ou de leurs désirs, haïs et méprisés. Iron Gold permet à certains personnages, absents ou presque du 1er cycle, de prendre leur envol (Lysandre, Apollonius, Ephraïm, Lyria, Didon, Alexandar…). Les anciens ne sont pas oubliés pour autant et certains fantômes sauront tirer quelques sourires ou quelques larmes (Cassius, les Télémanus, Danseur, Colloway…). Petit aparté sur Darrow : il est loin, le jeune Rouge enragé qui se croyait capable de tout faire pour venger sa bien-aimée et des siècles d'esclavagisme de sa Couleur. Notre héros est devenu un homme déchiré par l'épuisement, la lassitude, les regrets de la guerre. Il est plus froid, moins passionné, plus calculateur que jamais. Son intellect tend à devenir glaçant par moment. C'est un personnage tout aussi formidable par sa capacité fédératrice et sa hargne d'en découdre avec un monde injuste, mais il est plus imparfait que jamais. Il me rappelle le Darrow du T2 qui hurlait sa rage et sa solitude dans le vide dans l'attente qu'on le soutienne pour de bon. Là, Darrow est loin de ses anciens amis, loin de ses repères et de ses terres natales. Même s'il est entouré, il semble s'enfoncer de plus en plus dans son rôle, dans sa solitude de seigneur de guerre. On craint presque plus pour ce qu'il pourrait devenir que ce qui lui arrive vraiment dans le T4.
Du côté de l'univers, celui présenté dans le 1er cycle semble presque fade tant Iron Gold ouvre sur le reste de la galaxie du Soleil et nous fait découvrir des mondes que nous ne connaissions pas : la Bordure, Vénus, Mercure. Ces escapades nous permettent de découvrir les grandes figures qui règnent sur ces planètes et les codes qui les régissent : les Raa, le Seigneur Cendré et Atalante, les Valli-Rath…
Même si Iron Gold a clairement un goût de transition entre l'ancien et le nouveau cycle (je pense qu'à l'instar du T1, ce sera le ""moins"" bon de son cycle), il ouvre tellement de possibilités, amène tant de nouveaux enjeux, qu'il reste passionnant dans son rôle même de médiateur entre deux époques.
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