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Eugène Rey (01/01/1924)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Recueil des chansons d'Aristides Bruant (avec parfois la partition) et des dessins.
Réédition conforme à l'édition définitive chez Aristide Bruant auteur - éditeur.
Dessins de Steinlem.
Collections Les introuvables aux Editions d'aujourd'hui (1976).
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est ennuyeux : descendant une piste noire, j'hésiterai désormais à chanter, même dans ma tête « Voilà pourquoi nous la chantons : Vive la Noire ». Parce que je viens d'apprendre que la suite est : « Vive la Noire et ses tétons ». Je connais la chanson depuis des lustres, grâce à des vinyles reproduisant les vieux enregistrements d'Aristide Bruant, mais je n'avais pas compris ou retenu toutes les paroles. Et un joli volume relié ayant appartenu à mon bisaïeul m'a tout fait comprendre. Il est de plus illustré par Steinlein dont j'aime les chats et d'autres gravures (celles pour Les Soliloques du Pauvre, par exemple). Bref, un livre qui aurait tout pour me plaire.

D'ailleurs, qu'avait-il pour plaire à mon bisaïeul, à part les dessins de Steinlein, pas encore fameux (la première édition date de 1889). Avait-il pu entendre Bruant dans son cabaret ? Qu'aimait-il chez lui : son nationalisme, son utilisation d'un fond de chansons folkloriques, le petit frisson que la description de la pègre provoque chez un bourgeois ? Sans doute pas ses mélodies assez sommaires et répétitives (notées dans ce recueil).

Et à moi ? Bien sûr, j'ai surtout aimé retrouver, si bien décorées, les paroles de chansons écoutées autrefois. Mais quel univers ! Une chanson que j'aimais :

« Elle avait sous sa toque de martre,
Sur la butte Montmartre,
Un p'tit air innocent.
On l'appelait rose, elle était belle,
A' sentait bon la fleur nouvelle,
Rue Saint-Vincent. »

et qui n'est pas dans ce recueil, parle d'une jeune fille pure : elle finira assassinée, sans motif. Et dans ce livre, je ne crois pas qu'il y ait une seule jeune fille en fleur. Toute les femmes y sont des prostituées, les hommes sont proxénètes (souvent ivrognes, toujours battant leurs femmes) ou clients de ces dames, et la plupart des proxénètes sont des assassins avérés ou en puissance. Je suppose que le public de Bruand en redemandait, avec une référence implicite à Villon. Ce public bourgeois demandait qu'il les engueule dans son cabaret, en leur chantant la misère du peuple dans un argot soigneusement observé par lui dans la rue et les bibliothèques.

J'avoue que la verve de Bruand me fait de l'effet, je le crois aussi sincère dans son anticléricalisme et sa compassion pour les laissés-pour-compte. Mais c'est la langue verte qu'il emploie qui me réjouit le plus, et qui me fait vous recommander cette (rapide) lecture.
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J'ai le disque avec la voix de Bruant (il a déjà 60 ans au moment de l'enregistrement). Mais ce recueil en 2 tomes donnent les textes de ces chansons immortelles : A Batignole, à Montpernasse (oui, oui, Montpernasse, vous avez bien lu), à Belleville-Ménilmontant, à la Bastille (la plus connue), à Montmertre (oui, Montmertre), etc.
C'est toute la vie des pauvres gens du vieux Paris du début du XXème siècle qui ressurgit dans ces chansons.
Le temps des purotins et des filous, et des escarp' et des marlous qu'ont pas de besogne (Au Bois de Boulogne).

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
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Aristide Bruant 1887

C'est de la prison que j't'écris
Mon pauvr' Polyte
Hier je n'sais pas c'qui m'a pris
À la visite
C'est des maladies qui s'voient pas
Quand ça s'déclare
N'empêche qu'aujourd'hui j'suis dans l'tas
À Saint-Lazare

Mais pendant c'temps-là, toi, vieux chien,
Qué'tu vas faire ?
Je n'peux t'envoyer rien de rien,
C'est la misère.
Ici tout l'monde est décavé,
La braise est rare ;
Faut trois mois pour faire un linvé (vingt sous ou un franc)
À Saint-Lazare.

Vrai d't'savoir comme' ça sans l'sou
Je m'fais une bile
T'es capabl' de faire un sal' coup
J'suis pas tranquille.
T'as trop d'fierté pour ramasser
Des bouts d'cigare
Pendant tout l'temps que j'vas passer
À Saint Lazare

Va t'en trouver la grand' Nana
Dis que j'la prie
D'casquer pour moi, j'y rendrai ça
À ma sortie
Surtout n'y fais pas d'boniments
Pendant qu'je m'marre
Et que j'bois des médicaments
À Saint-Lazare

Et puis mon gros loup, bois pas trop
Tu sais qu't'es teigne
Et quand t'as un petit coup d'sirop
Tu fous la beigne
Si tu t'faisais coffrer un soir
Dans un' bagarre
Y'a pus personn' qui viendrait m'voir
À Saint-Lazare

J'finis ma lettre en t'embrassant
Adieu mon homme
Malgré qu'tu sois pas caressant
Ah j't'ador' comme
J'adorais l'bon Dieu comm' papa
Quand j'étais p'tite
Et qu'j'allais communier à
Sainte-Marguerite.
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*

Aristide Bruant 1902
Anciennement nommé le chemin des ruelles Saint-Vincent

Elle avait, sous sa toque de martre
Sur la butte Montmartre
Un petit air innocent
On l'appelait Rose, elle était belle
A sentait bon la fleur nouvelle
Rue Saint-Vincent

On n'avait pas connu son père
A n'avait plus de mère
Et depuis 1900
A demeurait chez sa vieille aïeule
Où qu'a s'élevait comme ça, toute seule
Rue Saint-Vincent

A travaillait, déjà, pour vivre
Et les soirs de givre
Sous le froid noir et glaçant
Son petit fichu sur les épaules
A rentrait, par la rue des Saules
Rue Saint-Vincent

A voyait, dans les nuits de gelée
La nappe étoilée
Et la lune en croissant
Qui brillait, blanche et fatidique
Sur la petite croix de la basilique
Rue Saint-Vincent

L'été par les chauds crépuscules
A rencontrait Jules
Qu'était si caressant
Qu'a restait la soirée entière
Avec lui, près du vieux cimetière
Rue Saint-Vincent

Mais le petit Jules était de la tierce
Qui soutient la gerce
Aussi, l'adolescent
Voyant qu'a ne marchait pas au pantre
D'un coup de surin lui troua le ventre
Rue Saint-Vincent

Quand ils l'ont couchée sous la planche
Elle était toute blanche
Même qu'en l'ensevelissant
Les croque morts disaient que la pauvre gosse
Était claquée le jour de sa noce
Rue Saint-Vincent

Elle avait, sous sa toque de martre
Sur la butte Montmartre
Un petit air innocent
On l'appelait Rose, elle était belle
A sentait bon la fleur nouvelle
Rue Saint-Vincent
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Coucher sous les ponts, ça m'dégoûte
On y trouve eun merde à chaqu' pas,
Et moi qu'jadore' casser eun 'croute
Avant d' m'endormir, ej' peux pas :
Pour un rien mon cœur es' dérange,
On s'refait pas l'tempérament...
J'aim' pas c'tte odeur-là quand ej' mange,
V'là porquoi que j'cherche un log'ment.

Récidiviste
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