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Critique de ElsaK


ElsaK
29 décembre 2016
Jeanne a la trentaine, plutôt vieille pour faire le modèle nu. Mais c'est sa dernière option avant de faire des passes, comme sa copine qui bosse comme vendeuse et arrondit ses fins de mois sur le parking derrière le magasin...
Jeanne a vécu la dégringolade : prof, elle a publié un roman a succès et claqué tout son cachet, le second roman n'a pas marché et depuis elle enchaîne les petits boulots. Ne pouvant plus payer le loyer de son appart (encore une fois...), elle répond à toutes les petites annonces qui ne lui paraissent pas trop glauques. Elle a faim, son premier repas remonte à l'avant-veille.
C'est dans cet état de faiblesse physique et de fragilité émotionnelle qu'elle se rend à l'atelier de Mathias Ivany, le sculpteur qui a besoin de modèles nus, "naturels", pour une commande de mannequins de prêt-à-porter réalistes.
La voilà donc 13 Impasse Verneuve devant la maison des van Kerkersh où l'artiste loue un appartement. La vue de la façade lui donne déjà envie de tourner les talons : entre la baleine échouée et une sorte de cerveau monstrueux...
Mais Jeanne a faim ! Alors après avoir traversé un hall rempli d'un amoncellement étonnant de statues, et fait la connaissance du concierge Tienko, vieillard à la fois effrayé et inquiétant, elle se retrouve devant Mathias Ivany.
C'est un homme imposant qui a la cinquantaine. Jeanne le trouve vaguement inquiétant, mais ne se fie pas à ses émotions, ni à aucune de ses perceptions d'ailleurs : son corps et son esprit affaiblis par le jeûne, elle se méfie de ce qu'elle voit et ressent et se trouve un peu "parano" sur les bords.
Finalement, le sculpteur lui propose d'être hébergée à l'étage des employers, avec l'interdiction formelle de « ne pas prendre l'escalier au-dessus du troisième étage » : l'ancien territoire de Grégori van Kerkersh , entre le quatrième et le sixième étage, théâtre de scandales dans le passé tumultueux et sombre de cette mystérieuse maison...
Comme la jeune épouse de Barbe Bleue, Jeanne ne va pas pouvoir s'empêcher de poser des questions, de fouiner, entrevoyant peut-être la possibilité d'écrire un nouveau best-seller qui la sortira définitivement de l'ombre.
La jeune femme, aux abois, sous-alimentée, affaiblie, fiévreuse et courbaturée, va s'enfoncer dans ce qu'on hésite tout d'abord à définir comme un délire de personne nourrie aux clichés de littérature fantastique et aux films d'horreur, qui s'effraie au moindre bruit, alimentant sa peur. Mais la maison se réveille pour de bon, et l'horreur avec...

Il est étonnant que ce roman ait été parfois classé dans les "policiers", parce qu'il n'a vraiment rien d'un polar : nous avons ici une pure histoire de maison hantée. Et Serge Brussolo est doué quand il s'agit de coincer le lecteur dans un bâtiment hostile ! Claustrophobie garantie !

Petit aparté : j'ai aimé que « la nuit remue » , j'ai voulu y voir un clin d'oeil à Henri Michaux.
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