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3,9

sur 311 notes
Les éditions SONATINE sont très souvent une bonne pioche pour mes lectures et encore une fois avec ce premier roman de Amy Jo BURNS, ce fût l'occasion pour moi de découvrir un récit époustouflant de maîtrise et de rage ....

Niché au coeur des APPALACHES, le roman de Amy Jo BURNS nous transporte dans une communauté de laissés-pour-compte qui se retrouvent au bord de la route ou dans un mobil home branlant et insalubre.

Le décor est planté et l'auteur nous prend la main pour nous introduire dans l'intimité de Wren, jeune fille au destin sombre tout tracé, à l'image de celui de sa mère qui subit son quotidien. Seule étincelle de joie et de réconfort dans cette existence sombre, l'amitié et l'amour caché mais aussi la nature hostile mais magnifique tel un écrin pour les tragédies passées et futures. Wren, sa mère et sa tante d'adoption doivent affronter la violence, la misère, le patriarcat qui annihilent toute velléité de d'évasion et d'émancipation.

Mais Wren a soif de liberté, de reconnaissance et de revanche, elle saura trouver son chemin malgré l'adversité. Formidable personnage complexe et meurtri, Wren nous émeut et nous bouleverse. Animé d'une détermination sans faille et portée par la force des femmes de sa vie, elle va tenter de ne pas reproduire le schéma féminin familial et s'extraire d'un joug masculin ancestral et liberticide.

En multipliant les points de vue et dans un style simple et direct, Amy Jo BURNS tisse les fils d'une tragédie avec intelligence et finesse et son roman nous happe dés les premières pages. A l'instar d'un Ron RASH ou encore d'un Chris OFFUT qui ancrent également leurs romans au creux des APPALACHES , elle nous offre un roman sombre et rural qui évoque l'AMERIQUE profonde sans jamais versé dans la caricature ni le pathos mais en sublimant ces femmes abîmées et soumises à leur destinée de servitude et de renoncement. Un premier roman réussi et une nouvelle pépite dénichée par les éditions SONATINE.... on en redemande !



Merci au #PICABORIVERBOOKCLUB pour la partenariat.

Lien : http://cousineslectures.cana..
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Briar Bird a été frappé par la foudre un soir d'orage. On le surnommera « Oeil-Blanc », signe que la main de Dieu l'a frappé. Il devient prédicateur au sein d'une communauté perdue au coeur des montages de Virginie-Occidentale. Ses méthodes de prêche sont basées sur la prise de petites doses quotidiennes de strychnine et l'élevage des serpents. « Saisir des serpents, c'était biblique. » Il s'octroie des qualités de guérisseur par la foi uniquement. le monde moderne est une aberration qu'il faut rejeter de toutes ses forces à l'instar de la médecine qui ne respecte pas les pouvoirs de la nature et la puissance de Dieu. « Mon père ne voyait pas l'utilité de la médecine moderne, puisque la guérison divine était à sa disposition. » Briar est mariée avec Ruby, une femme ayant toujours voulu s'échapper de cette vie, fuir loin des montagnes. Ensemble, ils ont une fille Wren, roitelet en français, petit oiseau qui lui aussi ne demandera qu'à s'envoler. Ce roman est d'abord une histoire de femmes mise en lumière grâce ou à cause de la vanité des hommes. Il narre l'amitié indéfectible de Ruby et d'Ivy ayant construit leurs rêves ensemble, mais ayant aussi affronté de cruelles déceptions. Un malencontreux accident change les forces en présence, éveille les consciences, détruit les mythes, force l'entrée de la réalité dans ce monde miniaturisé.

Sous couvert de la toute-puissance de l'homme, celui qui décide de tout, de l'endroit où l'on vit, de comment on y vit, c'est bien d'histoires de femmes qu'il s'agit dans ce récit. On notera l'ironie du titre, « Les femmes n'ont pas d'histoire » comme un pied de nez au pseudo-pouvoir masculin, celui de Briar qui se carapate au coeur des montages au premier doute susceptible de diminuer son autorité. le titre d'origine, « Shiner » évoque également ce sarcasme puisqu'outre d'être celui qui brille, il évoque aussi un l'oeil au beurre noir de celui qui prend des coups.

Trois existences de femmes, chacune exceptionnelle dans leurs parcours de vie sont déroulées. D'abord, l'amitié inaltérable de Ivy et de Ruby qui se connaissent depuis toujours. Ensemble, elles font front « Dans un monde d'hommes méchants, nous nous sommes battues pour être bonnes l'une avec l'autre. » Ensemble, elles se sacrifient « Ivy n'avait jamais voulu vivre dans cette montagne. Elle est restée parce qu'elle savait que je n'en partirais jamais. » Ensemble, elles s'accordent sur les décisions à prendre et assoient leurs positions de femmes dans ce lieu perdu où celles-ci ne sont que des ventres, mais en insufflant des idées féministes dans l'esprit de Wren, ce qui la force, d'une certaine manière, à « entrer en collision avec le monde. »

J'ai beaucoup aimé l'ambivalence des émotions suscitées par ce roman. D'abord, cette attraction pour un lieu de vie que l'on veut quitter, mais qui semble détenir des enchantements particuliers qui empêchent la fuite. Nous avons tous des racines que nous ne pouvons renier et même lorsque l'envie féroce de les quitter se présente, la démarche reste difficile à effectuer. de la même manière, l'auteur fait bien le parallèle avec cette attraction envers un homme charismatique pourtant impossible à aimer, puisque le trait majeur de sa personnalité est la manipulation. Je relève également la finesse des propos dans la transmission orale entre les femmes et Wren sans dénigrer directement le père. Elles amènent lentement la petite fille à s'interroger sur lui, en suggérant à mots couverts, en dessinant un tempérament, une nature. « Elle ne se rendait pas compte que la pire chose chez un homme n'était pas sa malveillance. C'était sa douceur, qu'il utilisait pour obtenir e qu'il voulait. »

Certes, « Les femmes n'ont pas d'histoire » nous amène à nous interroger sur la place de la femme dans ce microcosme éloigné de tout, mais pas seulement. Une grande partie est laissée à l'appréciation de différents questionnements basés sur la croyance aveugle, une forme de religion qui relève du mythe. Quelles sont les valeurs humaines de l'homme touché par la grâce divine ? Quelle est son image dans la famille ? Quel genre de père devient-il ? le roman décortique les relations complexes de Wren avec son père. Grâce aux discussions « entre femmes » l'horizon s'éclaircit sur un avenir incertain, mais qui se dessine de plus en plus précisément. « Mon père estimait que les gens devraient être aussi faciles à manoeuvrer que ses serpents. Malgré tous ses dons, il n'a jamais pu maîtriser le coeur de ma mère. »

Une question récurrente m'a également hantée durant cette lecture : qu'est-ce qu'un « bon croyant » ? Comment le reconnaît-on ? Quels doivent être ses actes ? Plusieurs voix s'élèvent pour nous raconter l'histoire de cet homme, à chaque fois sous un angle différent, oscillant entre retours dans le passé et évènements récents. La quête de Wren, qu'on pourrait appelait « tuer le père » en psychanalyse est fascinante et permet de comprendre les étapes du chemin qui relie l'adolescence à l'âge adulte.

Un roman tout à fait captivant, aux portraits de femmes fortes et charismatiques que je ne peux que vous recommander.

#Lesfemmesnontpasdhistoire #NetGalleyFrance

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Dans la chaîne de montagne des Appalaches, les hommes fabriquent du moonshine (un alcool de contrebande) pour faire vivre leur famille. Les enfants sont livrés à eux-mêmes et les mères essaient de tout tenir à bout de bras. Wren habite dans ce coin avec ses parents. Leur maison est isolée, pratiquement invisible. C'est ainsi parce que le père l'a voulu. Il domine et décide de tout : le quotidien, les activités de chacun. Il s'est improvisé homme de Dieu et pour cela, comme dans un verset de Saint Marc, il saisit des serpents, il impose les mains aux malades etc. S'occuper des serpents et professer prennent tout son temps. Certains voisins l'écoutent, l'admirent, le suivent. D'autres sont un peu plus loin. Les journées sont sombres, difficiles. La seule lueur vient des visites d'Ivy, la meilleure amie de Ruby, la mère de Wren. Elle débarque avec ses fils et la vie prend tout son sens. Pique-nique improvisé, baignade, rires en cascades, la décontraction, la simplicité sont de mises. Les deux mamans échangent, discutent, et on sent que le lien qui les unit est d'une force incroyable. Elles sont fusionnelles, elles sont tout l'une pour l'autre. Elles acceptent les défauts, les erreurs de l'autre parce qu'étant amies à la vie à la mort, elles ne jugent pas. Rien ne leur pose problème, un regard et elles se comprennent. Elles ne peuvent pas survivre l'une sans l'autre.
« Leurs vies étaient une seule et même vie, vécue deux fois. »
Dans la première partie du roman, Wren, quinze ans, s'exprime. Elle explique qu'elle voudrait une Ivy elle aussi. Elle présente ce qu'elle fait. Elle parle de son père, le manipulateur de serpents, d'Ivy et de ses fils, de sa Maman Ruby. Puis elle raconte sa rencontre avec Caleb, un jeune garçon et ce que ça provoque de remous chez son père et comment la situation dérape et échappe à tous. Ensuite nous partons dans le passé et c'est par l'intermédiaire d'un narrateur que nous découvrons les événements. Comment Ivy et Ruby ont rencontré leurs maris, ce qu'a été leur adolescence, leurs secrets. Jeunes filles, elles rêvaient d'une autre vie, de fuir et finalement elles sont restées. Pourquoi ?
Sur fond d'alcool, de violence quelques fois, mais également de beaucoup d'amour, ce récit initiatique est magnifique. Oui, il est noir, c'est parfois dur mais Wren illumine toute l'histoire. En quête d'émancipation, mue par une farouche volonté, initiée à d'autres perspectives lorsqu'elle rencontre Caleb, elle ne renonce jamais ni à avancer, ni à comprendre, encore moins à faire tout ce qu'il est possible de mettre en place pour décider de sa vie.
J'ai énormément apprécié cette lecture. L'évolution des personnages est très intéressante et la construction du livre permet de la découvrir avec des retours dans le passé bien placés. Wren est une adolescente attachante, sans doute un peu sauvage mais qui ne demande qu'à être apprivoisée, aimée. L'écriture de l'auteur (merci à Héloïse Esquié pour la traduction) est délicate. Elle analyse les raisons d'agir des protagonistes à travers une approche psychologique menée avec finesse. Enfance douloureuse, vie conjugale difficile, les femmes n'ont pas d'histoire ? Si, elles restent droites, elles font des choix qui n'en sont pas car elles n'ont pas d'autres solutions mais leur amitié les nourrit, les enchante, les maintient en vie avec le sourire.
Une lecture comme je les aime, qui bouscule, qui bouleverse et qui reste gravée dans mon esprit.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Curieux roman que ce Les Femmes N'ont Pas D'histoire. Tout commence comme si l'histoire se déroulait au début du XXème siècle, voir avant, avec une sombre histoire de serpent, de cabane au sommet d'une colline et la description d'une vie rude, âpre. Et soudain, surgit la modernité.
A ce moment le roman jusque là un peu brouillon et faiblard m'a davantage intéressé, en racontant cette histoire ô combien parlante d'une adolescente "captive" qui cherche par tous les moyens à déconstruire le mythe parental (et surtout paternel d'ailleurs) et à renouer avec la société.
Sans être un tour de force, j'en garderai un souvenir particulier, identitaire.
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Un titre comme un affront, interpellant.
A cette époque on est fille de, femme de, et combien ont rêvé d'autres choses, ou on fait un pas de côté pour s'en libérer et faire ce que nous sommes.
C'est une hisoire universelle, celle du combat des femmes, celle de l'amitié à la vie, à la mort. C'est un regard sur une nature flamboyante, généreuse que l'homme sacrifie. C'est une ambiance pourtant austère où chacun noie son désarroi.
Peu d'échappatoires, une vie rude, les croyances pour s'échapper.
Au fil des pages, on s'attache, on se questionne, on découvre la vérité et la force de ces femmes.
« Les femmes n'ont pas d'Histoire » est une très belle histoire... de femmes mais pas que... Qui laisse embrumée comme le moonshine.

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Un roman qui dépeint la lutte de deux générations de femmes qui aspirent à la liberté et à la reconnaissance de leur identité dans la Rust Belt. le roman aborde les thèmes de l'émancipation féminine, la religion, la violence et les secrets. Mon avis est mitigé : j'ai aimé l'écriture poétique et immersive de l'auteure, ainsi que son exploration des différentes facettes de l'amour, mais j'ai trouvé certains passages ennuyeux. C'est un roman dans la pure tradition des romans américains, qui nous fait découvrir une réalité sociale et culturelle. Je le recommande aux amateurs de littérature américaine et aux lecteurs qui aiment les histoires de femmes fortes et courageuses

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Un premier roman captivant et bouleversant.

Pour moi, si ce roman était un lieu, ce serait une colline isolée dans les Appalaches de Virginie-Occidentale.
Si ce roman était un animal, ce serait un serpent.
Si ce roman était un mot, ce serait pauvreté.
Si ce roman était un alcool, ce serait du whisky.
Si ce roman était un dilemme, ce serait rester ou partir.
Si ce roman était une expression, ce serait "Y a qu'un seul monde" (Caleb prononce ces mots dans ce roman).

Vous aimez les récits de femmes fortes, battantes et résilientes, alors comme moi, vous adorerez ce roman.
Ivy, Ruby, Wren sont des combattantes. Ces femmes ont effectué des choix de vie, contre la volonté de leur père et/ou de leur mari. Elles ont délibérément choisi de rester dans cette colline, à l'écart de la société et elles savaient en faisant ce choix, quel avenir les attendait. Qu'il serait synonyme de pauvreté, de solitude et de dépendance. Par amour, Ruby est restée, par amitié Ivy aussi.
La vie dans cette colline sera rude mais grâce à leur amitié, Ivy et Ruby résistent un certain temps.
Partir ou rester : quel choix fera Wren, la fille de Ruby? Préférera-t-elle quitter cet endroit, synonyme de drame ou rester pour imposer son choix de vie?




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Très intéressant. Ce roman présente à la fois une critique de l'invisibilisation des femmes dans notre société (moderne mais néanmoins patriarcale), mais aussi des croyances individuelles des Hommes qui peuvent mener les individus à commettre des comportements insensés, égoïstes ou immoraux.
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Les Etats-Unis, de nos jours, dans les montagnes, chez les moonshiners. Wren , jeune adolescente y raconte sa vie avec ses parents. Son père Briard, manipulateur de serpents, fait mener une vie de quasi ermites à sa femme Ruby et à sa fille.
Ce sont quatre voix qui vont mener cette histoire. Celle de Wren, celle de sa mère, celle d'Ivy la meilleure amie de Ruby et Flynn. Chacun va apporter son lot de réponses au fur et à mesure du récit, chaque évènement, parfois même surnaturel, trouvera son explication avant la fin.
Les femmes dans ce roman ne sont pas grand chose, surtout dans ce coin du Sud des Etats-Unis. Elles vivent dans l'ombre des hommes. On se croirait presque à une autre époque en lisant ce roman et pourtant tout s'y déroule de nos jours
J'ai aimé cette lecture, assez sombre mais qui nous laisse entrevoir des lueurs d'espoir. On s'attache forcément rapidement à ces femmes, qui ont choisi sans vraiment le vouloir, leur destin, en restant dans ces Rocheuses.
Le style est très fluide, le roman se lit très bien. J'ai passé un bon moment de lecture. J'ai découvert Amy jo Burns, je lirai avec plaisir ses prochains romans.
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