AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kuroineko


Quel déroutant roman que Scintillation. le titre en est très beau et plein d'évocations attrayantes.

L'intrigue se déroulent dans un coin indéterminé de la Grande Bretagne, sur une presqu'île complètement empoisonnée par une usine de produits chimiques désormais désaffectée mais dont la pollution marquera le sol et l'air pendant bien longtemps. Dans cette "réjouissante" contrée se trouve l'Intraville, bourgade principalement peuplée d'anciens ouvriers de l'usine, pour beaucoup alcooliques et/ou atteints de maladies rares et mortelles. A côté, l'Extraville avec ses belles demeures et ses nantis.

Dans ce petit paradis perdus surviennent plusieurs disparitions de jeunes adolescents d'une quinzaine d'années. La police, représentée par le seul agent Morrison qui a pactisé avec le gros bonnet pas clair du coin, à qui il doit son poste, laisse entendre qu'il ne s'agit de rien d'autres que de fugues.
Léonard, quatorze ans, féru de littérature et de parties de jambes en l'air avec la peu farouche Elspeth, réfute cette hypothèse.

Il n'est pas forcément très simple d'entrer dans ce roman. Ni de le terminer. le récit est décousu, dans le sens où l'auteur apporte divers points de vue. J'avoue que vers la moitié du livre, certains faits m'ont paru en décalage avec l'ensemble. Comme une note dissonnante dans une mélodie.
Il n'en reste pas moins que le style de John Burnside est époustouflant, mêlant crudité et poésie, démontrant qu'il peut exister une certaine beauté même au coeur d'une friche industrielle où les arbres poussent empoisonnés. Son talent est de forcer le lecteur à lire et voir autrement; son intrigue et sa construction narrative bousculent volontairement. Est-ce pour nous éviter de sombrer dans l'apathie qui s'étend sur la population amorphe et téléphage d'Intraville?

En bonus, il nous offre de très beaux passages sur la littérature via les lectures de Léonard. On y trouve avec bonheur Dostoïevski (avec un à propos des plus intéressants d'ailleurs), l'Anna Karénine de Tolstoï, Marcel Proust et sa Recherche, Herman Melville et sa baleine blanche, etc.

Scintillation est un roman très sombre tant du point de vue social, psychologique, économique et écologique. A éviter en cas de gros coups de blues car malgré un titre qui évoque de jolies étincelles, il y a très peu de lumières dans cette ombreuse presqu'île abandonnée.
Commenter  J’apprécie          322



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}