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Critique de Ingannmic


John, le narrateur -qui est également l'auteur, ainsi que nous le comprenons assez vite-, nous raconte une histoire, qui prend sa source dans les débuts de son existence, de sa petite enfance à ses années de jeune adulte.
L'évocation d'un événement faisant surgir le souvenir d'un autre, son récit s'emboîte au fil d'associations d'idées, suivant une progression calquée sur l'évolution de sa relation avec son père -thème central du roman-, plutôt que sur une véritable logique chronologique.

Cette histoire est relativement banale. C'est celle d'une famille très modeste, qui survit tant bien que mal dans l'Ecosse des années 60-70. La mère, "femme simple et convenable", conformiste, place la famille au-dessus de tout. Endurante, obstinée mais compatissante, elle fait son possible pour améliorer le quotidien du foyer. Rude tâche : le père boit...
Il boit tout l'argent qu'il gagne péniblement, saccageant les uns après les autres tous les espoirs et les projets mis en branle pour sortir la famille de sa condition misérable. Les déménagements, les changements de poste feront long feu face à l'attrait des bistros et du jeu...
Le père boit, mais il tient l'alcool. Fier de n'avoir manqué aucune journée de travail à cause de son vice, il n'est jamais vraiment ivre, tout comme il n'est jamais vraiment violent, du moins au sens physique du terme. Il y aura bien quelques coups, portés à un John devenu adolescent, mais ce qui marquera davantage le fils, ce sont les brimades, le dénigrement, les humiliations, le désintérêt. C'est aussi la peur, que lui inspiraient cet homme, son corps puissant, son humeur lunatique et sa voix menaçante.

C'est avec son regard d'homme mûr, devenu père à son tour, que John Burnside tente d'analyser, de comprendre les mécanismes de la relation qui le liait à ce géniteur tour à tour haï et méprisé, mais qu'il porte toujours en lui, ainsi qu'il le réalise, comme "une cicatrice lui rappelant la souffrance". Il met ses mots d'adulte, d'écrivain, sur les sentiments que suscitaient en lui le comportement paternel, sur les stratégies de défense souvent inconscientes que l'enfant qu'il était élaborait pour se protéger. A la violence de son père, à l'image de soi qu'il s'est forgée, "sans véritable contour, sans motif de fierté", le petit John oppose son imagination, s'invente des compagnons irréels, s'invente un autre père. Il pratique le mensonge, envers les autres, mais surtout envers lui-même, tout comme son père a toujours menti, sur ses origines, sur ses expériences passées. Il s'agit de mentir pour se réinventer, enjoliver une réalité que par honte, par pudeur, on préfère garder enfouie en soi. Mentir pour faire bonne figure, masquer ses faiblesses...
Déçu par une vie qui n'avait, d'emblée, rien à lui offrir, par une réalité trop laide, une société elle aussi généralement mensongère, il passera, à l'adolescence, du refuge de l'imaginaire à celui de l'oubli réconfortant procuré par la drogue.

J'aime beaucoup l'écriture de John Burnside, à la fois simple et poétique. Malgré tout, j'avoue que mon intérêt s'est fait décroissant au fur et à mesure de ma lecture. Dans la deuxième partie du roman, celle où l'auteur aborde sa dérive dans la drogue et l'alcool, il fait preuve d'un détachement analytique qui m'a quant à moi détachée du récit, alors que mon attention avait jusque-là été captée sans difficulté.
Dommage...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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