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Critique de JCOates


Augusten Burroughs nous raconte dans ce roman son enfance hors du commun. Avec un père alcoolique et une mère folle qui se déchirent et s'insultent chaque jour, le jeune Augusten comprend très vite que sa vie s'annonce différente de celle des autres. Quand ses parents se séparent et que son père les abandonne, Augusten se voit confié par sa mère à son psychiatre, le docteur Finch, qui deviendra son tuteur légal. La première visite chez les Finch s'apparente à un cauchemar, le désordre et la folie règnent. Pourtant, très vite, Augusten trouvera sa place dans cette nouvelle famille, notamment auprès de Hope et Nathalie, deux des filles du docteur. Pendant que le jeune garçon fait des expériences inédites, se rêve coiffeur, entre dans une relation des plus malsaines avec un homme de 20 ans son aîné, lit l'avenir dans les excréments ou dans la Bible, sa mère enchaîne les épisodes psychotiques. Livré au monde sans aucune limite ni interdit, partagé entre deux familles tout aussi folles l'une que l'autre, Augusten écrit tous les jours dans des carnets, ce qui lui permet de livrer des années plus tard le récit de cette enfance et cette adolescence incroyables…

Voilà un roman qui, selon moi, ne peut laisser indifférent ! Que ce soit les personnages (dont on a du mal à croire qu'ils sont de véritables personnes tant ils sont hauts en couleur), le décor de la maison des Finch (plus proche d'une maison hantée que d'une charmante villa), tout dans ce livre respire l'exubérance, la loufoquerie, la folie même. Les faits, eux, amusent parfois, choquent le plus souvent. Quand on ne rit pas, on se retrouve avec un sentiment très fort de malaise. Certaines scènes, racontées de façon très crue, sont d'une grande violence, notamment dans la relation qu'entretient Augusten avec Bookman, ancien patient et fils adoptif du docteur Finch, dès l'âge de 12 ans. le malaise est entier et rendu plus fort encore par le ton léger, presque amusé. Augusten Burrough fait parler l'enfant et l'adolescent qu'il était alors, d'où une certaine naïveté et l'autodérision. L'humour renforce pourtant le drame. Il y a du désespoir partout, chez les Finch, chez la mère, et surtout pour Augusten qui, conscient de bénéficier d'une liberté incroyable, se sent piégé par cette éducation qui n'en est pas une, et comme voué à finir lui aussi fou, contaminé par son entourage (ce dont il sera a priori sauvé, certainement en partie grâce à l'écriture).
Tout s'enchaîne très vite dans ce roman, le lecteur n'a pas le temps de souffler que la mère d'Augusten refait une crise de folie, Nathalie trouve une nouvelle occupation tout à fait absurde, le docteur Finch trouve un nouveau moyen de lire l'avenir, etc. L'auteur parvient à faire osciller le lecteur à un rythme fou entre des scènes rendues drôles par le comique de situation, et des scènes cruelles, violentes, qui provoquent un fort sentiment de malaise. Au final, on reste avec un sentiment bizarre, avec l'impression que l'on ne pourra jamais oublier l'enfance d'Augusten et les Finch, même après avoir tourné la dernière page. Je dois aussi avouer que la page de remerciements m'a émue, ce qui parait absurde, c'est vrai ! Peut-être que c'est parce qu'elle vient rappeler que tout ça est réel (il y a débat bien sûr, mais c'est en tout cas de cette façon que l'auteur présente son roman), ou peut-être parce que l'on ressent une tendresse de la part de l'auteur à l'égard de ceux qui lui ont inspiré ce best-seller.

Un roman que je conseille donc, mais à un public averti, avec une grande ouverture d'esprit, et prêt à entrer dans le royaume de la folie !
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