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sur 317 notes
Il y a des livres, parfois, qui n'ont aucune éducation : vous les achetez un samedi matin, pensant passer un après-midi tranquille à bouquiner, et au lieu de vous détendre comme tout livre respectable l'aurait fait, ils vous secouent comme un prunier, vous donnent quelques paires de giffles, et vous laissent un peu groggy, à vous demander ce qu'il vient de vous arriver.

Tel est "courir avec des ciseaux", autobiographie d'Augusten Burroughs : sa vie commence déjà sous les meilleurs auspices, avec un père alcoolique, et une mère folle à lier. Après quelques scènes d'insultes et de menaces de mort, les deux parents décident de divorcer. Pour tenter de se construire, la mère d'Augusten consulte un psychiatre, le docteur Finch, et, tout à sa reconstruction émotionnelle, abandonne complètement son fils. Finch devient le tuteur légal d'Augusten, qui s'installe chez lui.

Malheureusement, Finch est beaucoup plus déjanté que les patients qu'il est sensé soigner, et fait des choix douteux. Comme essayer de former des couples avec ses patients. Comme fournir un cokctail d'alcool et de valium à Augusten pour faire croire à une tentative de suicide et lui éviter quelques mois d'école. Comme "offrir" sa fille de treize ans à un de ses patients de quarante ans sous prétexte qu'elle est assez mature pour décider elle-même de sa vie. Ou encore laisser Augusten s'initier à la sexualité à douze ans avec Bookman, jeune homme d'une trentaine d'années, ancien patient et fils adoptif du docteur, avec une relation qui se situe à mi-chemin entre l'abus de mineur et le syndrôme de Stockholm.

Le plus surprenant, c'est que le ton du livre est léger : l'auteur arrive à nous présenter sa vie comme une série de petites anecdotes amusantes à raconter, en un curieux réflexe d'auto-défense :
«[...]écrire mon journal fut un des moyens d'y parvenir. Cela m'a permis d'élever une sorte de mur entre moi et la famille du docteur. Un mur physique, concret, le carnet lui-même, le stylo. Et puis un mur émotionnel, puisque j'étais toujours fourré dans ce journal, en train d'écrire. Ainsi j'ai pu me protéger.»
«Il y a de l'humour même dans la plus terrible des situations. En se focalisant sur cet humour, il est possible de réduire la gravité de la situation. J'ai été émotionnellement arraché à ma vie quand j'étais petit. Sans nécessité. Et ce détachement est rendu dans le livre. L'humour était le seul moyen de survivre au contexte.»

Difficile d'exprimer exactement ce qu'on ressent pendant la lecture : parfois vraiment amusé tellement l'auteur est détaché, parfois horrifié parce que quand même, il y a des viols et des maltraitances émotionnelles terribles, et avec une impression de voyeurisme à se demander s'il va encore lui arriver quelque chose de pire. Dans tous les cas, "courir avec des ciseaux" est un livre qui marque.
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Ce livre est un ovni littéraire...non pas sur le style mais plutôt sur le fond. Avec sa liberté de ton et son humour décalé, Augusten Burroughs m'a menée sur une grande palette d'émotions, depuis le sourire jusqu'à la tristesse. Est-ce là un roman ou une autobiographie ? Une fois le doute dissipé, on se rend compte qu'il s'agit bien de sa vie, de son enfance et de son adolescence, relatée sans retenue ni équivoque. A un point tel d'ailleurs que j'en ai été gênée et troublée, comment a-t-il pu s'en sortir indemne ? Comment une enfance aussi chaotique peut-elle être relatée avec tant de détachement, d'intelligence introspective et d'humour ? Car il nous dit tout : la folie de sa mère, l'abandon par le père, la famille d'accueil décalée voire décadente. Il nous confie aussi son homosexualité et la découverte d'une vie intime dans les bras d'un homme plus âgé que lui, dans une relation à la fois sordide et remplie de sentiments.
Ce jeune homme se construit seul, son attention toujours plus portée sur les autres que sur lui-même, apprenant la vie, souvent à ses dépens. Il est livré à lui-même, vivant parfois sa liberté comme une entrave, se structurant par l'écriture de son journal intime et ses rêves de magnat des soins capillaires.
"Le problème, quand on a personne pour vous dire ce qu'il faut faire, c'est qu'il n'y a personne pour vous dire ce qu'il ne faut pas faire"
Passée la surprise, parfois le malaise, l'empathie s'installe, une affection sincère se développe pour cet auteur pas comme les autres, et, arrivée aux dernières lignes, je me suis dit que l'existence même de ce livre était un petit miracle en soi. Et il est arrivé par chance dans ma bibliothèque...
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Dans son journal, le jeune Augusten un peu gay et fort coincé raconte son arrivée dans la folle maison Finch, celle du psy de sa mère et tout aussi cinglé!

Burroughs est certainement doué pour écrire avec humour et imagination des scénarios de série américaine... C'est agréable mais je regrette que cette usine à gags assez lourds efface toute la sensibilité de la première partie.

(Vous assisterez à tout ce que vous pouvez imaginer de pire dans un hôpital psychiatrique, gosse chiant sur le tapis, grattage de pellicules, ... et il surenchérit avec fellations, mycoses vaginales, sodomie, le père lisant son avenir dans ses étrons et les exposant sur la table de pique-nique...)
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Il est des livres qui vous accrochent : une recommandation enthousiaste, le hasard, une couverture atypique ou un titre déconcertant. Cette autobiographie d'Augusten Burroughs fait partie de ces romans. Une couverture, dérangeante, présentant un enfant aux mains inertes et au visage recouvert d'un simple carton. Ajoutez à cela un titre préoccupant : Courir avec des ciseaux. On l'associe tout de suite à handicap, vilaines coupures, filets de sang sur les mollets, souffrances terribles, tortures.

Le panorama est dressé, instinctivement. Oh, les blessures ne sont pas vraiment physiques, plutôt morales. Imaginez un enfant livré à lui même depuis son plus jeune âge, entouré de parents à la dérive : alcool et raison vacillante. D'où l'intervention inespérée d'un certain Docteur Finch. Psychologue inquiétant, malade, manipulateur, véreux? A vous de choisir.

Devant cette situation familiale plus que critique, ce médecin devient le tuteur d' Augusten qui rentre, malgré lui, dans cette famille déjantée : les oracles se lisent dans la cuvette des toilettes, en se basant sur la forme de l'étron du père surexcité par sa découverte, en analysant la masse sombre et compacte qui affleure, ou encore le velux improvisé posé de façon trop artisanal dans la cuisine qui se transforme en piscine une grande partie de l'année.
Autant d'anecdotes comiques qui ne peuvent néanmoins masquer la terrible et tragique enfance de l'auteur : déscolarisé, découverte prématurée et violente du sexe, laxisme exacerbé qui laisse paradoxalement une profonde et oppressante sensation de ne pas exister, avenir qui ne s'envisage même pas, un univers barré. Plus d'une fois, le coeur chavire à la lecture de ces lignes...
Heureusement, cette autobiographie est le résultat de cette enfance dramatique, une belle note d'espoir, un exemple de résilience par l'écriture.
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Ahh je peux vous assurer que je ne me suis pas ennuyée pendant la lecture de ce roman! C'est à la fois tragique et comique! Et je pense lire d'autres ouvrages de l'auteur.
Voilà une histoire vraiment incroyable! On se dit que cela ne peut être vrai tant les personnages qui sont censés tenir un rôle parental sont loufoques, dérangeants, étranges parfois! On se dit: "non ce n'est pas possible!". L'enfance d'Augustin sera stupéfiante!
Ses parents se séparent et sa maman le confie à son psychiatre, le Dr Finch. N'imaginez pas un psychiatre aux règles éducatives structurées, imaginez plutôt une éducation sans limites, sans retenues, sans contraintes, pour autant je ne pourrais pas écrire le mot "libre" tant il ne me semble pas approprié à la situation.
La vie dans la maison du Dr Finch semble dénuée de règles. Augustin ne veut pas aller à l'école... Hop, son tuteur va imaginer une alternative qui ne va pas louper (mais qui n'est pas sans danger!). le plafond de la cuisine est trop bas, hop, on s'y attaque pour y faire une grande ouverture sur le ciel. Etc...
Les évènements s'enchaînent, parfois graves, parfois amusants. Augusten deviendra donc écrivain et franchement, on se dit que l'esprit humain a sacrément de ressources et d'élasticité!
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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"Oh, tu vas adorer Burroughs !" "Courir avec des ciseaux c'est mon préféré !" "Ça me fait penser un peu à du Sedaris !".

Bon, à la réflexion, ce tout dernier conseil aurait du me faire reposer le bouquin sur son étagère aux Mots à la Bouche, tandis qu'on me conseillait plus que vivement de le lire, me promettant le paradis du lecteur homosexuel.

Je n'ai pas aimé ce livre, parce qu'il est invraisemblable. Il est peut-être basé sur la réalité, voire complètement authentique, pourtant je le trouve démesuré, fou. Disons que j'avais l'impression de relire La conjuration des imbéciles, écrit sous la plume de David Sedaris.

L'abracadabrant est perpétuel, et aucun moment de "normalité" ne se fraye de passage dans l'histoire, au risque de l'enterrer dans le domaine du délire fantasmagorique. J'attendais avec impatience de retomber sur mes pattes, et chaque chapitre semblait essayer de surpasser le précédent dans la divagation.

Je ne raconterai pas l'histoire, faisant de mon mieux pour l'oublier afin de pouvoir passer à autre chose, mais je serai peut-être celui qui vous aura mis en garde : n'écoutez pas forcément ceux qui vous disent que ce bouquin est formidable.
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ça aurait pu être lourd, glauque, insupportable mais Augusten Burroughs en a fait un livre drôle et enlevé.
Etrangement, de savoir que ce roman est inspiré de sa propre vie, Augusten m'en a rendu la lecture plus supportable. Et pourtant quelles violences dans les réactions des adultes que cet enfant ne demande qu'à aimer, quel abandon cruel à lui même. Comment peut on grandir dans une telle saleté ? Que de questions ? et une seule réponse : la vie est plus forte que tout et Augusten s'en sort avec ses propres moyens, avec des frères et soeurs d'adoption.
Dans un style cru et imagé, qui ne nous épargne aucun détail même les plus insupportables, Augusten nous livre un livre fort dont on ne ressort pas indemne.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Il m'est toujours difficile de donner son avis sur une autobiographie, car j'ai l'impression de juger une vie plutôt qu'un livre. Et c'est encore plus le cas avec "Courir avec des ciseaux" car ce que l'on y lit nous semble incroyable - pour ne pas dire improbable. Ce qu'aura vécu le jeune Augusten est une série de situations de plus en plus folles, alternant le scandaleux et le burlesque. Et c'est là que la plume d'Augusten Burroughs ressort et fait son effet, car là ou il aurait pus basculer dans le pathos, il nous offre l'autodérision nécessaire. Nécessaire à notre lecture, mais aussi à sa propre santé mentale je crois. Comment survivre dans un tel environnement sans basculer soi-même dans la folie, comment vivre dans un asile? Avec du détachement et de l'autodérision.

"Courir avec des ciseaux" est un livre montagnes russes, qui nous fait passer du rire "Nooooon, c'est pas vrai! Ils sont fous" au choc émotionnel "Noooon, c'est pas vrai! Ils sont fous". le tout entrecoupé des pensées, des écrits d'Augusten à qui on ne peut pas ne pas s'attacher; le seul personnage auquel on peut s'identifier dans ce monde de fou. Augusten, c'est Alice tombée dans le terrier du lapin. le père Noël Finch dans le rôle de la Reine de coeur, Hope et Nathalie en chapelier toqué et lièvre de mars, Deirdre serait la cuisinière-mère de l'enfant-cochon en qui on pourrait voit Poo et Agnès en chat de Cheeshire, moitié folle, moitié absente. Sauf que pour Alice, il ne s'agissait que d'un rêve, duquel on sort en se réveillant. le réveil d'Augusten sera plus long, plus difficile à trouver.
Un livre que je conseille donc, mais pas à tous, et il est incontestable que je me replongerais dans l'univers d'Augusten Burroughs d'ici peu.
Lien : http://vadaeme.blogspot.be/2..
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L'enfance d'Augusten, puis son adolescence, sont décrites dans ce livre avec un réalisme cru et stupéfiant. Quasi-abandonné par sa mère aux bons soins de son psy, il grandit dans la maison de ce dernier, au milieu de sa famille de doux dingues, où les enfants deviennent adultes à 10 ans. Très étrange dans ce roman, rien ne choque vraiment car tout est présenté sans jugement, et au bout d'un moment on se dit "mais mince alors, c'est atroce ce qu'il vit ce gosse !!!" Une écriture qui colle parfaitement à l'ambiance, j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, qui m'a ramené des souvenirs de mes lectures de Salinger et du Monde selon Garp d'Irving...
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Augusten Burroughs nous raconte dans ce roman son enfance hors du commun. Avec un père alcoolique et une mère folle qui se déchirent et s'insultent chaque jour, le jeune Augusten comprend très vite que sa vie s'annonce différente de celle des autres. Quand ses parents se séparent et que son père les abandonne, Augusten se voit confié par sa mère à son psychiatre, le docteur Finch, qui deviendra son tuteur légal. La première visite chez les Finch s'apparente à un cauchemar, le désordre et la folie règnent. Pourtant, très vite, Augusten trouvera sa place dans cette nouvelle famille, notamment auprès de Hope et Nathalie, deux des filles du docteur. Pendant que le jeune garçon fait des expériences inédites, se rêve coiffeur, entre dans une relation des plus malsaines avec un homme de 20 ans son aîné, lit l'avenir dans les excréments ou dans la Bible, sa mère enchaîne les épisodes psychotiques. Livré au monde sans aucune limite ni interdit, partagé entre deux familles tout aussi folles l'une que l'autre, Augusten écrit tous les jours dans des carnets, ce qui lui permet de livrer des années plus tard le récit de cette enfance et cette adolescence incroyables…

Voilà un roman qui, selon moi, ne peut laisser indifférent ! Que ce soit les personnages (dont on a du mal à croire qu'ils sont de véritables personnes tant ils sont hauts en couleur), le décor de la maison des Finch (plus proche d'une maison hantée que d'une charmante villa), tout dans ce livre respire l'exubérance, la loufoquerie, la folie même. Les faits, eux, amusent parfois, choquent le plus souvent. Quand on ne rit pas, on se retrouve avec un sentiment très fort de malaise. Certaines scènes, racontées de façon très crue, sont d'une grande violence, notamment dans la relation qu'entretient Augusten avec Bookman, ancien patient et fils adoptif du docteur Finch, dès l'âge de 12 ans. le malaise est entier et rendu plus fort encore par le ton léger, presque amusé. Augusten Burrough fait parler l'enfant et l'adolescent qu'il était alors, d'où une certaine naïveté et l'autodérision. L'humour renforce pourtant le drame. Il y a du désespoir partout, chez les Finch, chez la mère, et surtout pour Augusten qui, conscient de bénéficier d'une liberté incroyable, se sent piégé par cette éducation qui n'en est pas une, et comme voué à finir lui aussi fou, contaminé par son entourage (ce dont il sera a priori sauvé, certainement en partie grâce à l'écriture).
Tout s'enchaîne très vite dans ce roman, le lecteur n'a pas le temps de souffler que la mère d'Augusten refait une crise de folie, Nathalie trouve une nouvelle occupation tout à fait absurde, le docteur Finch trouve un nouveau moyen de lire l'avenir, etc. L'auteur parvient à faire osciller le lecteur à un rythme fou entre des scènes rendues drôles par le comique de situation, et des scènes cruelles, violentes, qui provoquent un fort sentiment de malaise. Au final, on reste avec un sentiment bizarre, avec l'impression que l'on ne pourra jamais oublier l'enfance d'Augusten et les Finch, même après avoir tourné la dernière page. Je dois aussi avouer que la page de remerciements m'a émue, ce qui parait absurde, c'est vrai ! Peut-être que c'est parce qu'elle vient rappeler que tout ça est réel (il y a débat bien sûr, mais c'est en tout cas de cette façon que l'auteur présente son roman), ou peut-être parce que l'on ressent une tendresse de la part de l'auteur à l'égard de ceux qui lui ont inspiré ce best-seller.

Un roman que je conseille donc, mais à un public averti, avec une grande ouverture d'esprit, et prêt à entrer dans le royaume de la folie !
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