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Critique de GuillaumeTM


Ce livre, qui est le deuxième roman écrit de William Burroughs (si l'on excepte bien entendu « Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines » écrit avec la collaboration de son ami Jack Kerouac), fut publié pour la première fois bien des années après. En 1985 pour être plus précis.
La cause en est le sujet teinté d'homosexualité; un sujet condamnable dans la société américaine puritaine des années 50.

L'histoire débute quasiment là où elle s'était arrêtée dans « Junkie », la différence réside dans le choix d'utilisation de la troisième personne du singulier à la place de la première. Ce qui donne un net recul sur le personnage principal. Bill Lee erre sans véritable but, tel un automate, au Mexique, fréquente les bars gay sans vraiment en apprécier ni l'ambiance ni la clientèle beaucoup trop maniérée à ses goûts. Il fait la rencontre d'Allerton dont il s'éprend maladivement même si ses ardeurs sont à chaque fois stoppées net. Commence alors une relation complexe entre désirs inassouvies et frustrations d'être rejeté sans aucune explication à chaque tentative d'approche. Lee décide ensuite de partir à la recherche du yage, connu aussi sous l'appellation de Ayahuasca avec son compadré. Une plante aux vertus hallucinogènes qui procureraient parait-il à celui qui en ingère des dons de télépathie, que les soviétiques et le gouvernement américain s'arracheraient pour des recherches scientifiques.

Au-delà du sujet de l'homosexualité, il s'agit plus d'un livre traitant du désir inassouvi qu'une quelconque glorification de la culture gay. La preuve en est la critique qu'il en fait dans la première partie du livre. Il y a également toujours eu chez Burroughs cette peur d'être blessé par autrui, ce qui explique peut-être en partie pourquoi il s'est drogué, car la drogue annihile tout désir, toute envie de converser avec les autres. C'est donc une manière possible de fuir le monde social puisque seul compte pour un junky son prochain fixe. Une fois désintoxiqué, le monde lui apparaît alors tel qu'il est avec tout ce qui va avec dans sa clarté absolue. Les épisodes cités dans "Queer" lui ont d'ailleurs laissé d'assez mauvais souvenirs.

Mais l'événement le plus important, qui n'est mentionné nulle part dans la narration, c'est bien le décès de sa femme (tuée par balle par William Burroughs lui-même, en voulant jouer à Guillaume Tell). Comme il le dit dans l'introduction à l'édition de 1985, c'est l'événement tragique qui fera de lui un écrivain authentique mais qui sera aussi le déclencheur de sa perdition en pays étranger.
Quant aux qualités intrinsèques du roman, il en ressort finalement quelque chose de clair et fluide dans l'écriture, loin d'être obscène comme le sera « Le festin nu ».
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