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Oliver Harris (Éditeur scientifique)Sylvie Durastanti (Traducteur)Christine Laferrière (Traducteur)
EAN : 9782267021189
201 pages
Christian Bourgois Editeur (04/11/2010)
3.52/5   60 notes
Résumé :

" J'avais écrit Junkie dans une intention assez évidente : relater en termes très précis et aussi clairs que possible mon expérience de la drogue. [...] Les motivations qui me poussèrent à écrire Queer étaient plus complexes et viennent seulement de m'apparaître. Pourquoi vouloir relater avec tant de minutie des souvenirs aussi pénibles, aussi déplaisants, aussi déchirants Si j'ai bel et bie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre, qui est le deuxième roman écrit de William Burroughs (si l'on excepte bien entendu « Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines » écrit avec la collaboration de son ami Jack Kerouac), fut publié pour la première fois bien des années après. En 1985 pour être plus précis.
La cause en est le sujet teinté d'homosexualité; un sujet condamnable dans la société américaine puritaine des années 50.

L'histoire débute quasiment là où elle s'était arrêtée dans « Junkie », la différence réside dans le choix d'utilisation de la troisième personne du singulier à la place de la première. Ce qui donne un net recul sur le personnage principal. Bill Lee erre sans véritable but, tel un automate, au Mexique, fréquente les bars gay sans vraiment en apprécier ni l'ambiance ni la clientèle beaucoup trop maniérée à ses goûts. Il fait la rencontre d'Allerton dont il s'éprend maladivement même si ses ardeurs sont à chaque fois stoppées net. Commence alors une relation complexe entre désirs inassouvies et frustrations d'être rejeté sans aucune explication à chaque tentative d'approche. Lee décide ensuite de partir à la recherche du yage, connu aussi sous l'appellation de Ayahuasca avec son compadré. Une plante aux vertus hallucinogènes qui procureraient parait-il à celui qui en ingère des dons de télépathie, que les soviétiques et le gouvernement américain s'arracheraient pour des recherches scientifiques.

Au-delà du sujet de l'homosexualité, il s'agit plus d'un livre traitant du désir inassouvi qu'une quelconque glorification de la culture gay. La preuve en est la critique qu'il en fait dans la première partie du livre. Il y a également toujours eu chez Burroughs cette peur d'être blessé par autrui, ce qui explique peut-être en partie pourquoi il s'est drogué, car la drogue annihile tout désir, toute envie de converser avec les autres. C'est donc une manière possible de fuir le monde social puisque seul compte pour un junky son prochain fixe. Une fois désintoxiqué, le monde lui apparaît alors tel qu'il est avec tout ce qui va avec dans sa clarté absolue. Les épisodes cités dans "Queer" lui ont d'ailleurs laissé d'assez mauvais souvenirs.

Mais l'événement le plus important, qui n'est mentionné nulle part dans la narration, c'est bien le décès de sa femme (tuée par balle par William Burroughs lui-même, en voulant jouer à Guillaume Tell). Comme il le dit dans l'introduction à l'édition de 1985, c'est l'événement tragique qui fera de lui un écrivain authentique mais qui sera aussi le déclencheur de sa perdition en pays étranger.
Quant aux qualités intrinsèques du roman, il en ressort finalement quelque chose de clair et fluide dans l'écriture, loin d'être obscène comme le sera « Le festin nu ».
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Je me suis ennuyé dans ce livre, déjà lors de l'introduction assez conséquente (une cinquantaine de pages) destinée à nous présenter l'oeuvre et dans quelle contexte elle avait été écrite, puis dans les nombreuses digressions faites par le personnage principal.

L'histoire se passe au Mexique. Bill Lee, Américain quarantenaire oisif erre sans but dans le pays, de bar gay en bar gay, sans en apprécier ni l'ambiance ni la clientèle trop efféminée à son goût. Drogué jusqu'à la moelle et homosexuel à tendance pédéraste, il jette son dévolu sur Allerton, jeune homme dont il s'éprend de manière obsessionnelle, qui dans un premier temps repousse ses avances, pour finir par y céder, selon son humeur du jour.

Lee ayant essayé nombre de drogues entend parler du yage, plante aux vertus hallucinogènes qui prodiguerait à ses consommateurs des dons de télépathie, que les soviétiques et les américains utiliseraient aux fins de recherches scientifiques.

Il propose donc à Allerton d'aller, tous frais payés et sous conditions que celui-ci accepte ses ardeurs deux nuits par semaine, à la recherche de ladite drogue. S'ensuivent des pérégrinations dans toute l'Amérique du Sud, l'Equateur avec pour paysage, les mêmes villes crasseuses peuplées de populations laides et pauvres. La brousse, la jungle, la chaleur moite, les bouges à putes et des gamins "roués" s'ébattant au bord du fleuve jaune, où sont amarrés pirogues, bateaux rouillés et parfois quelques voiliers luxueux. Après quelques jours de recherches infructueuses, les populations locales se montrant méfiantes, ils reviendront au Mexique et se sépareront.

Ce livre est triste, sans réel intérêt, nous dépeignant un pays ou allait se perdre tous ceux qui avaient maille à partir avec la justice dans leur pays d'origine, ou tout se vendait et pouvait s'acquérir (y compris les services de l'Etat) à partir du moment ou on y mettait le prix. C'est une mise en scène du désir inassouvi, du rejet - Allerton étant un amant peu enthousiaste - et de la dépendance à la drogue. On sent qu'il a été écrit par un auteur d'un certain âge. Par ailleurs, ce récit n'aurait pas eu lieu, me semble-t-il, si l'auteur n'avait pas fait de la prison aux USA pour avoir accidentellement tué son épouse. C'est à sa sortie qu'il choisit d'oublier et de se faire oublier en partant au Mexique,

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Quand on aborde Queer après avoir lu les romans ultérieurs, on est frappé par la sobriété, la linéarité, et même la belle sécheresse du récit, qui ne contient qu'en germe les thèmes majeurs des oeuvres qui vont le suivre. Pas d'efflorescences verbales baroques, pas d'échappées imaginaires dans tous les temps et vers toutes les histoires, rien que l'amour malheureux et non partagé du narrateur pour un homme qui ne veut pas de lui, raconté à la troisième personne sur le mode de la ligne claire. Ce n'est pas un livre "sur l'homosexualité" comme le croient certains critiques : l'auteur n'écrit pas de traité et n'aborde pas la question dans l'abstrait, ni en termes de droits, de revendications, comme on fait aujourd'hui, en noyant l'individu dans un groupe (de pression). Il raconte une histoire à hauteur d'individu, au niveau d'un malheur individuel, et ce pourrait aussi bien être un amour malheureux d'un homme pour une femme, ou l'inverse. Burroughs écrit avant notre époque maniaque d'abstractions, de grandes causes, de fiertés et de groupes, et n'aurait pas composé de livre "sur la violence" pour raconter une agression qu'il aurait subie, comme fait Edouard Louis. Queer n'est un livre "sur l'homosexualité".
L'introduction savante de cette édition historique de l'oeuvre de Burroughs est à elle seule un essai littéraire qui peut se lire indépendamment du récit : on y apprend beaucoup de choses sur cet écrivain majeur de la Beat Generation et de tous les temps, ainsi que sur l'époque où ce livre fut écrit.
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William Burroughs fait ici dans la simplicité. Beaucoup moins littéraire que le festin nu et beaucoup plus dans le style de Junky, Queer en reprend les thèmes : errance, toxicomanie et sexualité. Une écriture qui se rapproche de celle qu'utilisera Kerouac bien que cette dernière soit plus lumineuse et enthousiasmante que celle de Burroughs.
Dans Queer, c'est le désir sexuel qui tient le haut du pavé tout simplement parce qu'il prend la place du désir de drogue pour le toxico qui décroche. Les sens reprennent leurs droits et pour Lee, le héros, leur assouvissement passe par les corps masculins, beaux et jeunes de préférence, quitte parfois à devoir recourir à des adolescents prostitués. Pour le reste, il s'agit pour Lee de transformer le séduisant Allerton en gigolo à défaut de pouvoir avoir une relation amoureuse réciproque avec lui. La facilité de la vie, l'alcool omniprésent, le concentration des gays, la disponibilité des partenaires sexuels pourraient surprendre si l'histoire ne se situait pas dans le Mexique de l'après-guerre où la vie humaine ne compte pas beaucoup et où ceux qui survivent dans la violence côtoient ceux qui cherchent un sens à leur vie, parfois dans cette même violence et parfois en direction d'un paradis terrestre hallucinatoire.
J'avoue avoir lu Queer comme un témoignage et sans véritable émotion. Lee et ses amis m'ont paru lointain, très lointain.
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Cet très court roman a été enrichi, à l'occasion de cette édition spéciale, d'une substantielle introduction d'Oliver Harris. L'introduction initiale de 1985 rédigée par l'auteur a été mise à la fin du récit.

Le récit est brutal, sombre et poisseux. Lee court après Allerton.

C'est une fuite, une errance désespérée, parsemée de scènes charnelles, où les rêves et les délires s'enchainent (à articuler avec Junky, autre roman de Burroughs).

Un road trip au travers de l'amérique latine, qu'adopteront sans réserve les amateurs de Kerouac.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Me voilà rendu à la conclusion consternante que jamais je ne serais devenu écrivain, sans la mort de Joan, à mesurer combien cet évènement a orienté ma vie et déterminé mon œuvre. Je vis dans l'angoisse constante d'être possédé, dans la constante nécessité d'échapper aux forces de possession, à tout contrôle. La mort de Joan m'aura donc mis en contact avec l'envahisseur, avec l'esprit du Mal, et m'aura donc contraint à opter pour la résistance, toute ma vie durant, en ne me laissant d'autre choix que celui d'écrire, et de m'affranchir en écrivant.
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Gonzales et moi, on se laissa aller à recenser toutes nos vieilles connaissances. Mexico est le terminus de toutes les virées qu'on peut faire dans l'espace-temps, la salle d'attente où on siffle en vitesse un verre en attendant le train. C'est pourquoi je peux supporter Mexico, comme New-York. On ne se sent pas coincé. Être là c'est déjà voyager. Mais à Panama, croisée de toutes les routes du monde, on se sent vieillir sur place et flapir à vue d'œil. Il faut même prendre par avance ses dispositions auprès de la Pan Am ou de la Suicid'Air pour assurer le transfert de ses propres restes. Sinon ils demeureraient là, à pourrir sous un toit de tôle ondulée, dans la pesante touffeur.
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Pour la plupart, les prétendus primitifs redoutent d'être photographiés. Ils pensent qu'on peut prendre leur âme et la leur enlever. Il y a en fait quelque chose d'obscène et de sinistre dans le fait même de prendre une photo, un désir de capter, de phagocyter, un désir quasiment sexuel dans sa voracité.
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"[...] une grossièreté découlant d'une parfaite ignorance de la notion même de politesse et de l'hypothèse qu'en matière de rapports sociaux les individus seraient plus ou moins égaux et interchangeables." [page 1]
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Vidéo de William S. Burroughs
Le 18.01.18, Jérôme Colin (Entrez sans frapper - RTBF) recevait Gérard Berréby pour évoquer "Révolution électronique" de William S. Burroughs.
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