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3,9

sur 837 notes
"Once there was the kid who
got into an accident and couldn't come to school..."
(Crash Test Dummies)

Mmm, mmm... tout le long de la lecture de ce petit recueil illustré de Burton, cette vielle chanson des Crash Test n'arrêtait pas de me trotter dans la tête.
Le petit garçon dont les cheveux sont subitement devenus blanc, la fille couverte de taches de naissance : n'ont-ils pas quelque chose en commun avec les créatures bizarres dans les poèmes de Burton ? Ceci dit, Brad Roberts dit bien dans sa chanson que ces deux enfants avaient encore de la chance, car il y a des mômes dont le destin est bien, bien pire. Il avait raison : l'enfant-huître, l'enfant-robot, l'enfant avec des clous dans les yeux, tête de melon ou la fille faite d'ordures - tous ces personnages sont examinés de près pour établir le même diagnostic qui apparaît aussi dans la chanson des Crash Test - l'exclusion, l'isolement et l'incompréhension des autres. Parfois le dégoût.
Finalement, le recueil de Burton est tout aussi triste que la chanson, mais comme il est rempli de l'humour noir propre à l'auteur, l'ensemble reste indéfinissablement hilarant. On entre dans un monde cynique, sans aucune place pour la sentimentalité, naïveté ou pathos. C'est court, précis et direct :

"My name is Jimmy
but my friends just call me
"the hideous penguin boy"." ... quoi rajouter ?

Les amateurs de Burton vont retrouver leur habituel monde tragicomique, humour à la fois horriblement macabre et intelligent, et la fidélité de l'auteur aux caractères étranges à l'apparence tout aussi accablante que leur destin.
L'existence de ces "outsiders" bizarroïdes est bien vulnérable. Leurs tristesses quotidiennes, pertes personnelles et les jours de folie totale; tout ça est codé dans quelques simples lignes rythmiques qui ne sont pas sans rappeler les "nursery rhymes" classiques. On les imagine facilement grâce aux illustration inimitables de l'auteur, qui nous invite à devenir témoins de leurs naissances, destins et "fins".
Ces personnages au charme tragique sont tous dotés de leur propre, exceptionnel et absolument inconcevable handicap, mais ils ont en commun leur "différence", et le sentiment que "quelque chose cloche" à cause de l'embarras et la nervosité qu'ils suscitent dans leur entourage. Malgré tout, on ne peut pas s'empêcher de rire, car Burton y va vraiment sans scrupule, comme dans cette histoire de garçon-momie qui a (enfin) décidé d'aller se promener dans le parc pour voir du monde :

"Look, it's a piñata",
said one of the boys,
"let's crack it wide open
and get the candy and toys."

They took a baseball bat
and whacked open his head.
Mummy Boy fell to the ground;
he finally was dead." ... la vie peut parfois être terriblement injuste !

Le recueil est bilingue, et si vous vous demandez pourquoi je vous impose les extraits en version originale, c'est parce que je trouve la traduction française extrêmement malheureuse. Tout en sachant qu'il y a des livres et des situations où je ne voudrais vraiment pas me retrouver à la place du traducteur : ces lignes sont tellement courtes et chaque mot de Burton est tellement à sa place pour créer l'effet final à la fois comique et cruel, qu'il est tout bonnement impossible de garder à la fois la métrique, l'exactitude du texte et son sens. Je m'incline donc devant le travail de R. Belletto, que j'ai regardé juste par curiosité. La traduction est très loin de l'esprit de l'original, mais j'imagine ses nuits sans sommeil et le désespoir profond quand le cerveau fatigué, avant de sombrer dans le vide noir rempli de cauchemars, mites et toiles d'araignée, finalise la version :

"Pourquoi je connais
son vice effréné ?
Eh bien, quand elle mouche son nez
sur sa face reste collé le kleene
x."
... j'avais longtemps contemplé ce "x" solitaire avec un mélange d'horreur muette et de compassion.
Ca a dû être une pièce infernale en 23 actes, pour un pauvre marionnettiste censé faire bouger ces affreuses petites créatures de la même façon que maître Burton. Ma note va donc seulement au texte de Burton, mais ma pensée solidaire s'envole vers R. Belletto, en espérant qu'il s'en est sorti sans séquelles.

Ce livret est fait pour tous ceux qui ont en eux un peu de Jack Skellington ou de la mariée morte. Ceux qui aiment les mondes où le Beetlejuice existe, où il neige grâce à Edward aux mains d'argent, et où on cherche un gros poisson.
Décidément triste. Décidément drôle. Décidément pas mal.
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Quel joli et intriguant petit volume, que celui de ces portraits écrits et illustrés par Tim Burton!
Je me suis laissé bercer dans ces rencontres horrifiques, tristes et parfois drôles. Une jeune humanité mutante et déglinguée défile devant les yeux du lecteur, accompagnée de la musicalité propre à la poésie.
Quelle imagination et quelles évocations, de la part de ce cinéaste talentueux!
Cela ne surprend qu'à demi, lorsqu'on a vu les films du maître!
De quoi peupler mes songes de l'enfant-robot ou de Bébé Ancre, en anglais ou en français puisque la jolie édition est bilingue!
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Nous connaissons (presque) tous, le grand réalisateur qu'est Tim Burton. Son univers a toujours été très marqué par sa fantaisie fortement influencé par Edgar Allan Poe. Tim Burton nous livre donc son premier "petit roman" composé d'histoire courte, parfois glauque et parfois amusante, qui se lit facilement et rapidement et qui compose tant son univers. Je suis une grande fan de ce réalisateur donc lire ce livre était obligatoire et je ne me suis pas ennuyé! La seule chose de négative, pour moi, dans ce livre a été la traduction française qui ne correspond pas vraiment à l'écriture en anglais que nous donne Tim Burton. Dommage...mais sinon c'est un bon livre pour passer le temps!
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J'ai adoré me plonger dans ce petit recueil de poésie pour le moins macabre. On y fait de drôles de rencontres plus surprenantes et inquiétantes les unes que les autres. Avec le Petit Enfant Huitre qui donne son titre au recueil bien entendu, mais aussi L'Enfant Robot, L'enfant avec des clous dans les yeux, La fille avec plein d'yeux, La Fille Vaudou, L'enfant Brie, L'enfant Momie, certains que l'on retrouve à plusieurs reprises et beaucoup d'autres encore que je vous laisse le plaisir de découvrir.

Des enfants très particuliers mais toujours émouvants sortis de l'imagination lugubre du réalisateur Tim Burton dont les dessins accompagnent d'ailleurs ces poèmes. J'avais déjà eu l'occasion d'apprécier ses talents d'illustrateur dans son livre d'Entretiens avec Mark Salisbury et bien entendu dans certains de ces films. On y retrouve sa patte qui nous rappelle aussi bien Les Noces funèbres que Frankenweenie.

Outre l'inventivité géniale de l'auteur, le vrai plus de ce livre est de nous offrir en face à face la version originale de chacun des poèmes. On peut y lire les vrais mots de l'auteur ainsi que les ajustements et apports inhérents à la traduction de poésie. Il me semble important de saluer le travail du traducteur, l'écrivain René Belletto.

Amateurs de bluettes, gentillettes et proprettes, passez votre chemin ! Tout l'univers de Tim Burton rassemblé dans un petit chef d'oeuvre de noirceur que j'ai découvert avec bonheur.

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Alors ... pour tout ceux qui n'aime pas l'humour très ironique et noir de Tim Burton, ne le lisez pas, vus risquez de vous ennuyez et certainement, vous en serez dégouté.

Non pas qu'il soit Gore ou autre, mais juste que ces histoires courtes, illustrés par des dessins Made In Tim Burton et par ses poèmes très ... "marrant" à mon gout ne feront pas l'unanimité.

Moi j'ai adoré, même si en une heure de train ça se lit, mais c'est parce que j'en suis une fan invétérée et que le vénéré fait partit de mon passe temps favoris xD

Pour ceux qui sont curieux ou qui adorent, lisez ... mais à vos risques et périls. je l'ai acheté 12 euros et pour certain, je suis persuadée que cela va être de trop pour ce que c'est.

Son univers y est bien présent et cela est avec plaisir que je l'ai lut !
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Un très joli recueil de poèmes dans lesquels on retrouve l'univers si particulier de Tim Burton.
Un univers décalé, mélancolique mais drôle à la fois. Une capacité à rendre le glauque touchant et attachant.
Les illustrations sont de qualité et font ressortir le côté naïf mais si réaliste.
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Les enfants imaginés par Tim Burton ne vivent pas dans un monde imaginaire peuplé de fées et de lutins rieurs. le fil conducteur de ce recueil de poèmes est l'évocation d'une marginalité qui commence dès le plus jeune âge. Que l'on soit un enfant huître, que l'on ait un brie de chèvre à la place de la tête, des clous dans les yeux ou des ordures en guise de chair, le mal s'incarne tout le temps au même endroit : dans le regard des autres.


Ces enfants mènent une vie malheureuse marquée par l'ostracisme et l'abandon. Ils se préparent déjà à l'implacabilité d'une vie adulte qui ne ratissera pas davantage de chaleur humaine. Chacun de ces poèmes constitue une ébauche scénaristique en soi. On se souvient d'Edward aux mains d'argent, d'Edward Bloom de Big Fish ou de Charlie, tous personnages caractérisés par un signe distinctif qui les exclut involontairement de la communauté homogène des « gens normaux ». On reconnaît dans cette opposition un manichéisme peu subtil mais il faut y prendre garde… Dans les films de Tim Burton comme dans ses poèmes, on découvre bien vite que les faibles ne sont pas pur angélisme et qu'ils recèlent les mêmes vices que leurs tortionnaires. Ainsi Tim Burton ne vire jamais à l'apitoiement et se montre plutôt cruel, chancelant entre pitié et plaisir machiavélique d'enfoncer toujours plus profondément dans leur misère ces enfants malmenés par l'existence.


Le jeu poétique qui entoure la narration de leur histoire ajoute encore une dose de cruauté à l'imagination de Tim Burton. Les rimes, allitérations et assonances s'égrènent à un rythme qui fait souvent fourcher la langue, comme s'il fallait que la forme se rajoute au fond des malheurs pour distraire le lecteur. On joue à la marelle avec Tim Burton, pendant que ses personnages cheminent fatalement vers une destinée sans vie pour le plaisir de perpétrer une rime :


« Mon fils, es-tu heureux ? Sans indiscrétion,
Rêves-tu quelquefois des célestes régions ?
Ne t'es-tu jamais dit : « Mourons » ? »


Voici un exemple de rime qui marche, sans donner l'impression d'avoir été extorquée à l'insu de Tim Burton. Ce n'est pas le cas de l'ensemble des poèmes de ce recueil. Faute à une traduction qui sacrifie la fluidité à une versification qui n'était pourtant pas formellement revendiquée dans la langue originale. le résultat bancal devient parfois illisible, et on préfère ne pas lire à voix haute certaines monstruosités littéraires :


« Hélas, elle se sait prisonnière d'un sort,
Dont elle ne se sort
Jamais. En effet, dès qu'on s'
Approche d'elle, les épingles encore
Plus profond dans son coeur s'enfoncent. »


Si on maîtrise un peu l'anglais, on se réfèrera de préférence aux textes originaux de Tim Burton qui apparaissent toujours en complément de leur traduction.


Enfin, on peut légitimement se demander si Tim Burton n'était pas ce réalisateur fantasque que l'on connaît –serait-il plutôt un de ces malheureux et anonymes personnages qui peuplent ses poèmes-, l'intérêt porté à son recueil aurait-il été aussi accru ? Sa poésie désenchantée et gentiment morbide s'inscrit en continuité de ses oeuvres mais ne constitue pas une oeuvre en soi. Trois vers ne font pas un poème –encore moins un haïku made in america- et lorsqu'on lit l'histoire de Benjamin, éludée en trois pauvres vers :


« Je suis Benjamin,
Débaptisé par les autres gamins
En « vilain gamin pingouin » »


… une seule chose à répondre à Tim Burton : puisse Benjamin devenir aussi marginalement reconnu que toi.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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J'ai retrouvé dans ce court recueil de poèmes de Tim Burton beaucoup de ce que j'apprécie chez le réalisateur : une ambiance à l'humour macabre, mêlant tendresse, mélancolie et cruauté. Les dessins de Tim Burton, que je trouve assez répétitifs et pas forcément intéressants lorsqu'ils sont publiés dans des livres consacrés à son oeuvre cinématographique, trouvent ici bien leur place et collent à l'atmosphère des textes.

Surtout, je trouve que, l'air de rien, sous le prétexte de petits poèmes sans prétention, Tim Burton en profite pour livrer une critique féroce de la famille et du conformisme de la société, où les adultes comme les enfants se montrent à la fois stupides et cruels.

Dommage que la traduction française ait proprement maltraité, voire massacré ces textes... Ni la sonorité des mots, ni parfois, leur signification, ni le rythme, ni même les noms propres n'ont été respectés. Je suis sidérée que l'éditeur se soit laissé aller à ce point. Heureusement, l'édition est bilingue, ce qui permet de profiter du texte original. Malheureusement, vous aurez peut-être besoin, comme moi, de vous référer à la traduction pour une meilleure compréhension du texte original, ce qui met inévitablement à mal la fluidité de lecture.

A noter que c'est ce recueil qui a donné naissance à la série animée "Stainboy", d'une part, et à l'édition des figurines des Tragic Toys, d'autre part.


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Tout comme le cinéma de Tim Burton s'empare des codes de l'enfance pour les détourner (avec génie, ai-je envie de dire, mais ce serait me départir de cette légendaire objectivité qui me caractérise), sa littérature a les apparences des contes innocents, mais l'apparence seulement.
A moins que, à moins que.
A moins que justement, Tim Burton ne renoue avec les contes originels, où la mort, la sexualité et la violence se faisaient la part belle. Il s'agissait de se libérer des angoisses et des pulsions, s'approprier les tabous, et comme on se les racontait au coin de feu, tous publics confondus, on usait de la métaphore et basta.

Ainsi donc, la poésie et les illustrations de Burton ont plusieurs niveaux de lecture. Il paraît qu'en dessous de 12 ans, le recueil ne soit pas à conseiller. N'ayant pas de pré-ado sous la main, je ne me risquerais pas à contredire la majorité, mais il me semble que l'appétence des sus-dits pour le gothique soit évidente, et qu'ils trouveraient leur compte dans ces narrateurs étranges qui se languissent d'amour, souffrent d'intense solitude, d'aliénation - parce qu'ils sont différents, affectés de pathologies visibles ou non, oniriques ou réelles.

Burton a le sens de l'image, c'est indéniable, et même sans caméra et sans Johnny Depp, même si l'on omet ses dessins (pas longtemps, juste pour l'expérience), son écriture donne à voir des mondes un peu cauchemardesques, mais peuplés d'êtres attachants, des pépites, des perles comme l'enfant-huître.
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Dans ces courts textes avec des rimes, entre nursery rhymes et Dr Seuss, on retrouve bien l'esthétisation des angoisses de l'auteur. Comme lui, ses personnages sont hantés par leur différence et leur incapacité à la dominer.

La solitude macabre à la Tim Burton ! Avec les thèmes récurrents dans son oeuvre cinématographique que sont la peur du rejet des autres (qui eux sont normaux) et de ceux qui composent le cercle familial.
Des petites poupées vaudous desarticulees et déboussolées.
Ceux qui n'adhèrent pas au style retiendrons la forme macabre, ceux qui y adhérent en revanche seront ravis par le fond humoristique et sensible.
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