Fatale est un album fort, très fort, de ceux qui dès les premières pages frappent le lecteur pour ne plus le lâcher. Annoncé comme un des titres phares de la rentrée, l'album réalisé par
Max Cabanes au dessin et
Doug Headline au scénario ne démérite pas : c'est du très beau travail, fluide et concis. Adapté du roman policier de
Jean-Patrick Manchette datant de 1977, la BD est complètement fidèle au roman, que j'ai lu dans la foulée, abandonnant toutes affaires cessantes. Et finalement, les deux objets, BD et roman, se complètent tout en gardant une part de mystère.
Aimée Joubert, une jeune femme séduisante et sportive, débarque à Bléville, dans une petite ville au bord de la mer, après s'être adonnée à la chasse la veille. Elle se présente à tous comme une veuve à la recherche d'une maison. Mais en fréquentant les notables de la ville, elle collecte de multiples informations qu'elle ne va pas tarder à utiliser. Car Aimée est en fait une tueuse. Voici son plan de guerre, extrait du roman, mais que l'on retrouve dans la BD :
« - Eh bien, dit-elle, c'est comme d'habitude, non ? Ça parait lent, mais c'est assez rapide, en vérité. Ce sont toujours les histoires de cul qui apparaissent les premières. Puis viennent les questions d'intérêt. Et enfin, les vieux crimes. Tu as vu d'autres villes, ma douce, et tu en verras d'autres ; touchons du bois. (Elle se toucha la tête. Dans le miroir, son visage blanc, illuminé médiocrement par l'éclairage fluorescent incorporé à l'armoire de toilette, de même se toucha la tête sans sourire.) Allons, ma douce, répéta-t-elle, les crimes viennent en dernier et tu dois être patiente. »
Dès le départ, j'ai été frappée par cette héroïne mystérieuse, silencieuse, attachante et un peu effrayante à la fois. Elle sidère par sa dualité : c'est une femme forte mais qui cache des zones d'ombre. Et ni la BD, ni le roman ne les dévoilent tout à fait.
Le côté brut du roman est atténué dans la BD, par la sensualité des dessins, une grande palette de couleurs. le graphisme de
Max Cabanes est plutôt réaliste, ce qui amène une fluidité dans le récit.
Doug Headline au scénario (le propre fils du romancier) et
Max Cabanes réalisent un album vraiment formidable, sans temps morts, avec une fin glaciale. Ils parviennent à nous faire ressentir de l'empathie pour cette héroïne
fatale des années 70. Un beau One shot tout en finesse graphique au service d'une histoire glaçante et…
fatale.
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