AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,22

sur 27 notes
5
11 avis
4
1 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il y a des romans dont on attend plus que d'autres. Cela tient sans doute à l'ambition qu'ils affichent. Ou au thème qu'ils abordent. Une thérapie fait partie de ceux-là même s'il s'agit d'un premier livre et que le temps m'a appris à me méfier de ces circonstances. Souvent, l'ouvrage est trop ciselé, déborde de toute la complexité que son auteur a cru nécessaire à une possible publication. Souvent aussi, s'y exprime une diffraction du sens en mille scintillements aussi artificiels qu'agaçants mais qui espère lester le propos d'un poids certain de signifiances et vaudrait ainsi qu'on érige son auteur en Ecrivain. Comme une consécration.
Quoiqu'il en soit, le bel objet qu'est Une thérapie m'invitait à en attendre beaucoup. Couverture impeccablement mate, au dessin que je sais, désormais que j'ai terminé le roman, parfaitement, subtilement, adapté. Quatrième de couverture appelant les compétences interprétatives du lecteur. Un petit délice en puissance.
L'appareil narratif du roman a confirmé mes espérances : un entrelacs de chapitres où tour à tour s'expriment un psychiatre suicidaire en cure et son thérapeute. L'enjeu est de remonter le fil du récit, de parvenir à mettre des mots sur l'expérience ayant précédé le geste presque fatal. A nous de devenir également psy. A nous de débusquer la vérité expliquant les troubles. A nous de décerner à la parole du patient le statut qu'elle mérite : récit traumatique ou affabulation. Mystification manipulatoire ou genèse d'un nouveau drame. Miam !
C'est très agréable à lire. Un peu long par moment car, malgré l'introduction régulière de nouveaux personnages, la chronologie suffisamment heurtée pour qu'on s'y perde et que le jeu de pistes se complique de notre confusion, il ne se passe tout de même pas grand-chose. Comme un brouillard supplémentaire, la crudité de certaines scènes de sexe vient occuper l'esprit du lecteur, l'amène, à la suite du thérapeute qui reçoit le malheureux M Frédérique, à poser différentes hypothèses. On flirte un peu avec la littérature licencieuse aussi, avec des soirées imbibées, des musiciens amateurs, des week-ends en Bretagne. On revit le premier et le deuxième confinement. Tout ceci fait une bonne petite atmosphère.
Toutefois (vous l'attendiez, hein !), toutefois, je n'ai pas arrêté de me dire : « Punaise, la fin a intérêt à être à la hauteur de tout ce déploiement », puis « La vache, comment il va se récupérer notre auteur après nous avoir infligé tout ça ? ». Et finalement « Mais il est où le bouquet final ? Je n'en vois pas la queue et je suis à deux pages de la fin… ».
Au début, j'avais envisagé la piste du roman noir ou du thriller psychologique. Jouant sur les figures du double, mettant en question la véracité de chacun des discours, je cherchais le meurtre et son meurtrier. J'attendais le coup de théâtre, le basculement peut-être dans des fusillades, des courses poursuites ou des révélations abracadabrantes. Fausse piste.
Ensuite, j'ai espéré rattacher la clinique décrite à une forme de symbolique. L'amour fait mal depuis des siècles, on en a tout de même tiré un paquet de tragédies, de mythes, de quoi dépasser et sublimer à chaque fois les petites affaires de coeur et de cul que seuls les principaux intéressés trouvent palpitantes. Si j'avais dans les mains un roman dont c'était le propos, il fallait qu'au moins on s'élève à cette possibilité, que ce soit par le biais de l'interprétation littéraire, mystique ou psychanalytique. Mais, à de nombreuses reprises, le narrateur se gausse de tout le fatras psychanalytique dépassé et se félicite qu'il ne fasse plus partie du bagage universitaire enseigné aux psychiatres. Personnellement, un peu de symbolique et d'interprétatif allant chercher de ce côté-là ne m'aurait pas déçu. C'aurait apporté une noirceur et une profondeur à la simple description fonctionnelle des troubles de ce pauvre M Frédérique. Il y a bien une tentative d'y suppléer sur le mode littéraire avec la mention d'Hölderlin, Artaud, Michaux et d'autres poètes ayant fréquenté la folie mais j'y ai vu davantage un saupoudrage de circonstance qu'une véritable veine d'inspiration.
Non, à travers la vie des personnages telle qu'elle nous est contée, on comprend que la souffrance humaine s'inscrit dans la rationalité d'existences traumatisées et pas dans la glaise d'une conception métaphysique, tragique. C'est peut-être plus contemporain. Plus clinique. Très MSD. C'est incontestablement plus plat. Moi, en tout cas, ça m'a déçue et je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir le signe d'un premier roman où il y avait trop d'éléments autobiographiques à insérer pour que le récit prenne une vraie hauteur. La catharsis personnelle pas encore transfigurée par la capacité à en faire un invariant qui prétende à l'universel. le récit autoapitoyé qu'il était sans doute nécessaire d'écrire, mais pas forcément de publier en l'état. Mais ça ne m'empêchera pas de guetter le prochain roman de ce Léo Cairn car j'ai trouvé à sa plume beaucoup de charme prometteur.
Commenter  J’apprécie          200
Pour les amateurs de littérature blanche...
Premier roman de Léo Cairn qui exerce par ailleurs la profession de psychiatre. Ce qui donne une intéressante mise en abîme. Nous avons ici un psychiatre (l'auteur) qui écrit sur un psychiatre (un des deux narrateurs) qui analyse un psychiatre (l'autre narrateur) qui lui-même écrit. Vous suivez ?
M.Frédérique (bizarre de choisir un prénom féminin, nous y reviendrons) est donc un psy qui a été retrouvé inconscient dans son logement de fonction après une tentative de suicide. Atteint d'une profonde dépression, il est hospitalisé et commence alors une thérapie analytique. Premier narrateur, il s'adresse non pas au lecteur mais à son thérapeute et lui raconte sa vie et ce qui l'a mené à ce geste fatal. Ledit personnage est un drôle de bonhomme. Homme à femmes auraient dit certains à une époque, il refuse de se laisser "enchaîner" et dès qu'il ne se sent plus libre, il rompt. Alima, Samia, Emma, 3 femmes de sa vie quasi simultanément. Mais c'est Emma la cause de tout, d'après lui. Lentement, très lentement, il raconte la rencontre, la passion naissante, l'amour puis la déception et la rupture. Il s'est passé quelque chose et nous mettrons du temps (trop ?) à nous expliquer le pourquoi du comment. le médecin psychiatre qui le soigne, second narrateur, nous raconte lui ce qu'il apprend de son patient, ses réflexions, son ressenti, l'influence que son malade a sur sa vie et les impressions qu'il a sur l'avenir de ce dernier.
On avance lentement vers un dénouement qu'on pressent tragique, presque sans issue. En tout cas incomplet.
Roman qui risque de rebuter les amateurs de péripéties, de surprises et qui peut également repousser ceux que quelques descriptions assez crues des rapports intimes du malade avec Emma vont gêner. Curieux patronyme, disais-je, appeler M. Frédérique un homme à femmes. Un homme avec un nom féminin. Un bon psy y verrait un sens. Pourquoi l'auteur l'a-t-il choisi ? Private joke ou sens caché ? Ca m'a quelque peu gêné. En étant méchant, je dirais que c'est un roman bavard. Pour des conversations lors d'une thérapie, c'est normal me direz-vous. Mais c'est quand même assez long et tortueux. Bien écrit certes mais on n'avance pas très vite, très lentement même, et le risque de l'ennui du lecteur existe. Sauf pour les fans de psychologie.
Il faudra voir le prochain roman de Léo Cairn pour savoir s'il peut sortir de son cadre professionnel, on sent ici les anecdotes vécues à plusieurs reprises, et orienter le récit plus sur une intrigue que la psychologie et le "trajet" mental pur... Je ne suis donc pas complètement convaincu. Dommage...
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          50
Une écriture qui fonctionne très bien L'alternance de points de vue, tantôt le psychiatre soignant, tantôt le psychiatre patient, créant un effet de miroir, est particulièrement réussi et tient le lecteur en haleine tout au long des 368 pages du roman.
En revanche, j'ai eu du mal à comprendre l'élément déclencheur du drame. Un roman qui me laisse un peu dubitative. Et à déconseiller aux âmes sensibles.
Commenter  J’apprécie          50

Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5276 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}