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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu il y a quelques semaines j'ai encore en mémoire l'atmosphère étrange et cotonneuse de ce roman intemporel et onirique. Peter Cameron y livre le portrait en contre jour d'un couple d'Américains aussi mystérieux qu'évanescents qui entreprend un voyage dans une contrée glaciale imaginaire alors que l'hiver bat son plein pour adopter un enfant dans un orphelinat. Leur périple débute dans un train à vapeur filant dans la nuit brumeuse à travers la Toundra blanche et la forêt de bois noirs. La blancheur des paysages enneigés contraste avec la noirceur de l'ambiance empreinte de mélancolie « Leur voyage ressemblait à un voyage des siècles passés ».
Arrivés à destination ces personnages dont on ne sait rien, qui n'ont pas de noms (appelés l'homme et la femme) luttent contre les rafales de neiges et se font conduire au Grand Impérial Hôtel désertique et obscur. Une sensation d'inquiétude et d'immobilité se dégage dès les premières scènes et trouble le lecteur. Il devient rapidement difficile de déterminer la limite entre hallucinations, songe et réalité. de ce majestueux mais lugubre hôtel émane une ambiance mystérieuse rappelant celle des romans gothiques.
Dans le Hall désert et froid aux allures de « salle de bal des navires de croisière engloutis » le seul soubresaut de vie se trouve dans le bar à la lumière rouge qui détonne avec le blanc et noir ambiant. C'est ici que l'homme rencontre une femme fatale extravagante ancienne chanteuse danseuse et comédienne, un Barman impénétrable et un homme d'affaire malsain. Vont-ils les aider ou les manipuler ? L'homme et la femme sont comme envoûtés par l'endroit et semblent glisser vers la déraison. La femme décharnée par une maladie grave s'accroche à cet espoir de maternité aidée dans sa démarche par un énigmatique guérisseur. Au fil du récit la tension monte, l'adoption est mise à mal et leur quête initiale se transformera en voyage initiatique où chacun venu chercher un enfant pour renforcer leur couple va en réalité se trouver et changer ses convictions. Roman sur le couple, la mort, le désir d'enfant et de l'autre, il désoriente le lecteur jusqu'à la fin. Hypnotique.
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Un roman atypique, dont le charme repose en grande partie sur son atmosphère étrange, feutrée et principalement nocturne.
Un couple, dont les protagonistes seront simplement nommés « l'homme » et  « la femme », se dirigent vers un hôtel au nom difficilement prononçable (« Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel ») dans un pays nordique en Europe. Venus des États-Unis, ils ont enduré un voyage long et pénible pour enfin devenir parents, en adoptant un bébé à l'orphelinat, non loin de l'hôtel. La femme est gravement malade, omnubilée par cette adoption, elle se montre distante avec son époux.  L'homme suit, plus motivé par l'idée de ne pas déplaire à sa femme que par ce projet d'adoption.

Mais très vite, l'arrivée en train dans ce coin isolé où règne la neige, apparaît comme l'entrée dans un monde à part, comme parallèle à notre réalité, tant tout y est inhabituel, surprenant et décalé. L'auteur joue avec nos repères, les brouille, instillant des éléments contraires et paradoxaux.
Il commence avec un lieu, cet hôtel qui de prime abord semble luxueux (bar chic, quatuor à cordes, menus du restaurant dignes d'un palace) mais dont les chambres paraissent tout droit sorties d'un pays de l'Est au temps de l'URSS. Tout nous porte à croire que la période est actuelle, or, la description du train fait état d'une locomotive à vapeur. Les repères du lecteur deviennent confus, d'où cette permanente sensation d'étrangeté.
L'ambiance énigmatique et troublante  doit aussi beaucoup aux incursions régulières de l'homme dans ce bar sophistiqué, véritable lieu emblématique de ce roman.
Les descriptions très visuelles ne peuvent qu'évoquer un tableau d'Edward Hopper ou Jack Vettriano, où seul le personnage, accoudé au bar, est baigné d'une lumière tamisée dans un décor assombri. L'étrangeté et l'atmosphère onirique m'ont même fait penser à l'animé japonais « le voyage de Chihiro ».

Mais l'auteur ne s'en tient pas qu'au décor et au lieu : des personnages fascinants, parfois inquiétants vont croiser la route de ce couple, qui semble en bout de course, autant  physiquement que moralement.
Chacun va évoluer, laisser entrevoir un peu de son histoire, mais surtout réagir à ce lieu.
C'est une lecture atypique, surprenante, parfois troublante, où il ne faut pas vouloir tout comprendre ou expliquer, mais une lecture qui m'a tenue en haleine. Je referme le roman songeuse, un très bon moment de lecture.
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Qu'arrive-t-il la nuit ?
Vous êtes-vous déjà posé la question ?
Si ce n'est pas le cas, et bien Peter Cameron, l'a fait, et sa réponse dans ce livre est déroutante.
Peter Cameron va nous entrainer beaucoup plus loin que sous une banale couette, plutôt à bord du songe d'une nuit d'hiver.
Par une nuit sombre, en terre glacée inconnue, un train transportant l'homme et la femme traverse des étendues enneigées et des forêts noires. S'ils sont à bord de ce train, c'est pour adopter l'enfant dont ils ont tant rêvé et qui leur a sans cesse échappé du fait de la maladie de la femme, de ses fausses couches. Alors, ils s'accrochent à leur dernier espoir, quittent New York pour entreprendre le voyage de la dernière chance, avec en main la photo de leur enfant envoyée par un orphelinat du bout du monde.
Les épreuves successives, l'infertilité, le cancer qui ronge la femme de l'intérieur ont rendu l'ambiance délétère au sein du couple. La période des mots d'amour est passée depuis longtemps. Si l'homme reste attentionné envers sa femme dont il semble toujours amoureux, la femme semble avoir basculé dans l'amertume et le sarcasme, s'attachant à laisser un espace sans cesse grandissant et irrespirable entre eux.
La destination du couple est le Borgarfjaroasýsla Grand Imperial Hotel à côté de l'orphelinat, mais l'auteur tente d'abolir tous nos repères dans ce récit.
Nous ne connaissons pas l'époque, si l'on peut penser au départ que l'action se déroule de nos jours, plusieurs indices laissent finalement à penser à une date antérieure, fin des années 90, début des années 2000 (d'après les échanges concernant Isadora Duncan).
Ensuite le lieu, là encore peu d'indice sur cette contrée glacée. le nom de l'hôtel est Borgarfjaroasýsla ce qui ressemble à quelques lettres près à un nom de ville en Islande. Ce qui est impossible car il n'existe pas de transport ferroviaire en Islande. Peut-être dans le Danemark inuit, comme pourrait le laisser supposer le terme angakok utilisé pour Frère Emmanuel ou encore en Finlande d'après le terme haamutie utilisé pour route fantôme.
Peter Cameron s'amuse donc à brouiller les pistes, laissant son lecteur dans une brume permanente, de jour comme de nuit avec ses personnages étranges aux comportements irrationnels, toujours nommés « l'homme », « la femme » et « l'enfant ».
L'homme et la femme vont tous les deux suivre des trajectoires différentes, se déchirer. Quelle est la part de rêve et de réalité ? Sur cette terre de contrastes, où est la frontière entre le jour et la nuit, l'espoir et la détresse, le chaud et le froid ? le lecteur ne sait plus, est perdu, cela a-t-il une importance ? cela non plus le lecteur ne le sait plus …
Une impression étrange en refermant ce livre, de léger malaise, il faudrait tout relire pour mieux cerner les chausse-trappes, capter les indices. Aux amateurs d'Inception et Twin Peaks, je dirais que ce livre est pour vous. Venez faire un commentaire sur cette chronique quand vous aurez trouvé la clé !
NB : voilà plus d'un an que j'ai lu ce livre. Je complète mon billet en disant qu'il me reste en tête de façon très marquante l'atmosphère de ce livre enneigée, oppressante et onirique, comme un songe entre rêve et cauchemar…
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Muni d'un style d'écriture très élégant, l'auteur, Peter Cameron emmène ses lecteurs pour un voyage troublant à la fois dans le temps et dans l'espace. D'abord, à travers l'espace, car l'intrigue se déroule dans une petite ville perdue, enneigée, loin de tout, sans qu'elle ne soit clairement identifiée ou localisable. Ensuite, le temps. Même si elle se passe sur une petite semaine, les jours se confondent avec les nuits. L'espace de temporalité est aussi flou. Cela se passe-t-il de nos jours ? Ou bien dans le passé? Si oui, quand? Difficile d'être sûr.

« Ce qui arrive la nuit » est donc un roman très perturbant, à bien des égards. Les deux personnages principaux ne sont identifiés que par les mots « homme » et « femme ». Ce couple d'Américains, venant de New York se retrouve bien loin de chez eux pour adapter un bébé. Les éléments de contexte ou leurs historiques ne sont que très brièvement abordés, laissant le lecteur les construire comme il les imaginerait lui-même.

Ensuite, l'essentiel de l'histoire se déroule dans un hôtel au nom imprononçable : le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel. Ce lieu énigmatique avec son bar ouvert 24h/24 regorge de protagonistes, tout autant déroutants et mystérieux. L'auteur a mis l'accent sur cet endroit où y règne une ambiance singulière et oppressante. Selon moi, cet aspect revêt une place considérable dans le roman et en fait un personnage à lui seul.

Cette ambiance feutrée risque de vous envoûter, tout comme je l'ai été. Hypnotique à bien des égards, j'ai plus eu l'impression de « vivre » ce livre que de le lire. La toute fin m'a quelque peu décontenancée et je pense qu'elle me hantera encore un petit temps…
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Après un long voyage, un couple venant de New York, parvient à atteindre leur destination, un hôtel dans un pays froid d'Europe. La neige recouvre tout, c'est l'hiver et les jours sont très courts. Venus chercher un petit garçon qu'ils ont adopté, nous découvrons pas à pas, sans qu'ils ne soient jamais nommés autre que l'homme et la femme, leur cheminement et la raison de ce désir d'adoption, alors qu'ils ne sont plus de première jeunesse.
La longue nuit de l'hiver accentue la perte de notion de temps dans cet immense hôtel glacial et les quelques rencontres qu'ils y feront scelleront leur destin.

Une histoire qui se veut belle, mais que l'auteur a le don de faire apparaître sous un autre jour. Pour moi, elle a été fort étrange et angoissante. Non pas une peur de voir apparaître des fantômes ou autres énergumènes, mais une crainte constante de ce qui pouvait arriver à ce couple. Les personnages secondaires sont aussi énigmatiques que l'atmosphère des lieux est oppressante.

En bref, une lecture envoûtante que je n'ai pas lâchée une seconde.
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Dans un pays froid, un couple, qu'on désignera comme l'homme et la femme, viennent adopter un enfant....L'endroit est totalement perdu, la gare à peine indiquée....mais cette étrangeté ne fait que commencer...
A l'hôtel, la femme épuisée et affaiblie va s'allonger. L'homme descend prendre un verre au bar de l'hôtel et c'est alors que commence les rencontres presque oniriques...D'abord avec Livia, une femme de 70 ans, qui semble percer à jour les détails les plus intimes du couple, un étrange businessman européen, un guérisseur...
A chaque rencontre, le couple est ébranlé, chacun se dévoilant petit à petit..Leur projet initial, l'adoption de l'enfant, semble vaciller...
J'ai bien aimé l'ambiance un peu étrange de ce livre...on oscille entre réel et rêve...C'est très visuel, très cinématographique...
Merci à Christian Bourgois Editeur et Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d'une masse critique.
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Quelle classe Monsieur Cameron ! Je ne vous connaissais pas mais quelle élégance dans votre écriture qui parvient à être aussi littéraire que cinématographique. Bon je ne vous cacherai pas que je ne suis pas sûre d'avoir totalement compris le sens de votre roman mais on mettra ça sur le fait que j'ai été littéralement hypnotisée par l'atmosphère. Car si il y a bien un adjectif qui colle à ce livre, c'est bien « atmosphérique ».

Un couple d'américain, dont nous ne connaitrons jamais les noms, se rend dans une ville étrange et enneigée du nord de l'Europe dont nous ne connaitrons pas plus le nom. On imagine la Lettonie, l'Estonie, la Lituanie, peut-être la Finlande. Leur mariage est en difficulté, en grande partie parce que la femme est en phase terminale d'un cancer mais d'autres problèmes semblent affliger le couple. Ils viennent ici pour adopter un enfant. Elle espère qu'en adoptant cet enfant son mari ne sera pas seul après sa mort. Lui nie cette mort imminente et compte sur l'enfant pour recoller leur union devenue froide.
Tout ne va pas se passer comme prévu…
Le couple séjourne au Grand Imperial Hotel, un hôtel d'une autre époque, un peu comme le Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, désuet, majestueux mais étrangement désert. le bar est toujours ouvert, le restaurant sert des dîners à treize plats, les portes des chambres ont été récupérées dans un opéra démoli. Leur tentative d'adoption va être à la fois aidée et entravée par les personnes qu'ils vont rencontrer. Il y a une ancienne actrice, ancienne artiste de cirque, aujourd'hui chanteuse de l'hôtel. On croise aussi un homme d'affaires débauché qui prétend avoir déjà rencontré le mari, un barman stoïque qui distribue du schnaps au goût de lichen, et un mystérieux religieux-guérisseur.
Tout est étrange dans cet hôtel, dans cette ville. Tout ici ressemble à un songe.
Et plus le temps passe, moins le couple semble en savoir sur leur mariage, sur eux-mêmes et sur la vie.

Un roman envoûtant avec la sensation d'une livre écrit par un vieux maitre européen, un peu Stefan Zweig, un peu Italo Calvino pour donner à l'ensemble un ton plus léger et magique. L'attention méticuleuse portée aux mots et au rythme donne une lecture trompeusement facile ; trompeuse parce que vous n'êtes jamais tout à fait sûr de ce que vous lisez. Il semble presque toujours y avoir un sous-texte caché, une signification alternative aux mots auxquels vous êtes confrontés sur la page.
Magnétique et fascinante, cette lecture me laisse un merveilleux goût.

Traduit par par Catherine Richard
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Un couple de new-yorkais dont les noms sont inconnus et appelés «l'homme» et «la femme» se rend en train dans une ville enneigée perdue au fin fond de l'Europe, dont le nom n'est pas spécifié lui non plus, en vue d'y adopter un bébé.
L'homme et la femme logent au Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel, une endroit hors du temps peuplé de personnages excentriques.
Il règne une atmosphère étrange dans cet endroit sombre et d'apparence inhospitalière mais cosy et réconfortant à la fois.

C'est le premier roman que je lis de Peter Cameron et j'ai beaucoup aimé le style cinématographique qui rend parfaitement les décors et m'a immédiatement fait entrer dans cette atmosphère obscure et mystérieuse.

J'ai été immédiatement emballée par ce style et le début de l'histoire me demandant où un tel univers allait m'emmener mais j'avoue avoir éprouvé un certain ennui à la moitié du roman.

J'ai ressenti de l'agacement envers les deux protagonistes. Un agacement dû aux comportements antagonistes de l'homme et de la femme, chacun centré sur sa préoccupation (légitime), à savoir la maladie pour la femme et l'adoption pour l'homme. Mais en définitive l'auteur réussit à nous transmettre l'agacement que les deux personnages ressentent l'un pour l'autre, ce qui est extrêmement intelligent et réussi.

C'est au fur et à mesure de l'histoire et en lisant entre les lignes que nous comprenons qu'ils éprouvent une réelle affection l'un pour l'autre mais qu'ils expriment leurs sentiments avec maladresse.

Ces personnages sans nom sont en quelque sorte la représentation de chaque couple qui traverse l'existence aussi imprévisible que l'est le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel, en passant par l'amour, l'insatisfaction, la lassitude, la maladie, le détachement, le deuil, les rencontres et tout ce qui peut changer nos certitudes et nos perceptions.

Même si j'en ressors avec une impression un peu mitigée pour la seconde partie, je dois reconnaître que le sujet de ce roman est traité avec beaucoup de perspicacité d'une façon déconcertante et surprenante qui m'a donné envie de découvrir d'autres titres de Peter Cameron.
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L'homme et la femme ont quitté New York pour un contrée de l'extrême Nord. Ils viennent y chercher le petit orphelin qu'ils ont tant espéré. La femme est atteinte d'un cancer avancé et douloureux qui la rend parfois irritable. Si elle désire tant ce bébé c'est par crainte qu'une fois morte, l'homme ne s'effondre s'il n'a pas la responsabilité d'un petit être.
L'homme tente bien de s'occuper de sa femme mais il le fait à contretemps et de manière insistante, ce qui la fatigue.
Le couple loge dans un hôtel majestueux et quasi vide dont le bar est toujours ouvert. C'est là que l'homme passe ses soirées. Il y rencontre la très excentrique Livia Pinheiro-Rima, ex-chanteuse, danseuse et autres talents, une femme pleine de coeur et de drôlerie qui met une touche de vie dans cet hôtel silencieux, ainsi qu'un businessman qui le drague.
Livia entraîne la femme à rencontrer un guérisseur car son coeur est ainsi fait qu'elle veut le bien de tous.

Dans un paysage onirique, un monde isolé où le sentiment de solitude se réverbère dans chaque glacier, quelques silhouettes se détachent d'un fond en noir et blanc, l'homme et la femme que la mort déjà sépare, Livia la femme qui incarne l'amour, le businessman qui incarne la faiblesse de l'homme et l'enfançon en qui repose la promesse.
C'est avant tout un roman dont l'atmosphère de vide permet d'interroger l'essentiel.
Chacun des personnages est ainsi mis face à sa solitude profonde et à sa douleur existentielle, cette double condition humaine que l'on peut fuir, transcender, accepter ou ne pas vouloir voir.
Chacun se voit également dans l'obligation de choisir le sens qu'il donne à sa vie et à sa mort.
Transcender la condition humaine comme les femmes en donnent ici l'exemple, c'est tendre la main, aimer, s'entraider et aussi par delà sa propre mort, donner un futur à l'autre
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« le soir tomba avec une déroutante soudaineté, comme un rideau baissé en hâte sur la débâcle effarante d'une pièce de théâtre amateur. »
La première phrase de ce formidable roman résume à elle seule l'ambiance nocturne, feutrée et mystérieuse dans laquelle évoluent les personnages de cette histoire d'un voyage tellement singulier.
Un homme et une femme, qui ne seront jamais nommés autrement, débarquent par le train, dans une gare du bout du monde, au milieu de la nuit, dans une ville désertique, dans le froid, la neige, le silence. Sans repères, exténués par leur long voyage, ils descendent dans un hôtel luxueux et déroutant, et nous découvrons peu à peu les raisons de leur présence dans cette contrée étrangère et isolée. Ce que nous savons rapidement, c'est que les motifs de l'homme et de la femme diffèrent profondément. A travers leurs rencontres, les paroles échangées avec les résidents de l'hôtel, excentriques et troublants, les habitants de la ville, toujours surprenants, nous pénétrons peu à peu dans leur intimité. Dans leurs doutes.
Ce roman de Peter Cameron m'a complètement envoûtée, et les tableaux qui s'enchaînent comme dans un décor de théâtre contribuent les uns après les autres à former l'image d'un couple à la dérive. « Ce qui arrive la nuit » c'est le rêve qui se mêle à la réalité, les corps qui se révèlent, la vérité des mots qu'on ne s'est jamais dits. Et au matin, une fois la dernière page tournée, on sait qu'on a parcouru un chemin inattendu, qui nous a transformés. Rien ne se passe vraiment dans ces pages et pourtant tout arrive, grâce à l'extrême justesse de l'écriture de Peter Cameron qui analyse avec une finesse rare les émois,les amours, l'étrangeté de nos vies.
Un roman d'atmosphère élégant et puissant, inoubliable.
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