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Suzanne V. Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782743618193
229 pages
Payot et Rivages (13/03/2008)
3.71/5   28 notes
Résumé :

James Sveck, un New-Yorkais de dix-huit ans, ne se sent en phase ni avec son époque ni avec son âge et refuse catégoriquement d'entrer à l'université. A l'en croire, seuls le chien et son exquise grand-mère le comprennent et l'idée d'acheter une maison au beau milieu de nulle part pour y vivre avec ses livres lui semble la meilleure qui soit. Sa mère, abonnée au divorce, son père, débordé d'impor... >Voir plus
Que lire après Un jour cette douleur te serviraVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je ne sais pas comment cela se passe pour vous, mais personnellement le choix d'un livre à lire est toujours un processus un peu magique. Oui bien sûr les listes, les excellents conseils, des ouvrages sur la littératures, les blogs etc.... Mais je ne vous cacherais pas qu'en ce qui me concerne il y a des impulsions irrépressibles, qui font que j'embarque un livre comme ça, juste parce qu'il est là. Et c'est ce qui m'est arrivé avec ce roman, vu sur un présentoir de bibliothèque, et dont le nom de l'auteur me disait vaguement quelque chose (bien incapable de dire quoi au juste). Je ne pourrais même pas dire que c'est la couverture, moche au possible, la quatrième de couverture (je ne l'ai pas lu). J'ai embarqué ce bouquin sans savoir pourquoi, je m'en suis même voulu, et j'étais presque prête à le rendre sans le lire et lorsque je l'ai quand même ouvert je n'en attendais pas grand chose.

Et j'ai d'autant plus apprécié ce que j'ai lu. Peter Cameron nous fait le récit à la première personne d'un moment essentiel dans la vie d'un adolescent de 18 ans, James Sveck. Il vient de finir le lycée, doit commencer dans peu de temps l'université, tout en travaillant dans la galerie d'art de sa mère. Mais il n'a aucune envie de partir faire ses études, passe son temps à imaginer qu'il va s'acheter une maison dans un coin paumé, et passer son temps à lire avec un petit boulot à côté. Sa famille ne comprend bien sûr pas, et essaie par tous les moyens de le faire changer d'avis. Cette trame principale est interrompue par les bribes de récit d'un voyage que James a fait au mois d'avril dans un groupe de lycéens brillants gagnant d'un concours civique à Washington et qui s'est très mal passé pour James.

Ce qui est pour moi le plus époustouflant dans ce livre, c'est la façon extraordinaire avec laquelle Peter Cameron utilise tous les registres. le livre est incroyablement drôle, le tout début, lorsque la mère de James rentre de son voyage de noce plus tôt que prévu à la grande désolation de ses enfants, est littéralement désopilant

Citation :
"Gillian et moi prenions le déjeuner, ou un casse-croûte qui tenait lieu du déjeuner, au moment inopiné de notre mère. Il était environ deux heures de l'après-midi. Assise à la table de la cuisine, Gillian faisait les mots croisés du New York Times, auxquels il ne fallait pas toucher quand maman était là parce que, nous répétait-elle, ils lui offrait le seul plaisir sur lequel elle pouvait compter dans sa vie. Je mangeais des oeufs au plat en tartine. J'aurais dû être à mon poste dans la galerie d'art appartenant à maman et dirigée en réalité par un jeune homme nommé John Webster, mais celui-ci avait estimé raisonnablement que, comme ma mère se trouvait au loin, absorbée par Dieu seul sait quelles occuptions inconcevables absorbant une femme de cinquante-trois ans en lune de miel à Las Vegas, que l'on était au mois de juillet et qu'on avait pas vu un chat à la galerie depuis plusieurs jours, rien ne s'opposait à ce qu'il ferme boutique et aille se détendre à Amagansett, me donnant champs libre jusqu'à la fin de la semaine. Bien entendu, je ne devais pas révéler cette suspension d'activité à maman, qui se figurait que d'un instant à l'autre un passant pouvait entrer et acquérir (pour seize mille dollars) une poubelle ornée d'un collage de pages arrachées à diverses éditions de la Bible, de la Torah ou du Coran."

James est incontestablement un adolescent très brillant et cultivé, avec un grand esprit critique et un esprit très caustique, qu'il exerce en observant son entourage. Mais petit à petit nous découvrons les fêlures, le mal être, et surtout l'immense solitude de ce garçon qui n'arrive pas à communiquer avec les autres. Les seuls personnes qu'il aime sont sa grand-mère et John, qui dirige la galerie de sa mère. Il y a une grande subtilité dans ce livre, James est un garçon très intelligent et sa façon de décrire son entourage est drôle et aussi terriblement juste. Mais en même temps Peter Cameron suggère le côté pathologique du repli sur soi de James. En fait il est très difficile de faire la part des choses, entre la lucidité d'un garçon qui voit tout le ridicule et l'absurde des relations sociales, et des gens qu'il croise, et la dépression voire une personnalité psychotique. La frontière est finalement mince, et l'auteur rend très bien la souffrance réelle de James qui sourd malgré son humour et sa façon brillante de s'exprimer. Mais l'humour ne disparaît jamais.

Un livre extrêmement subtil, touchant et drôle, fort et riche.
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J'avais découvert l'auteur américain Peter Cameron avec Année bissextile, un roman sympathique sur des relations amoureuses à la fin des années 80. de cet auteur, il me semble également avoir lu The Weekend, qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, et Au beau milieu des choses, un recueil de nouvelles. de ces trois livres, j'avais gardé un souvenir agréable mais insuffisant pour placer Peter Cameron parmi mes auteurs préférés. Je le considérais jusque là comme un bon écrivain, capable de proposer des romans de qualité honnête mais qui n'avaient rien d'exceptionnel.

L'exceptionnel est finalement arrivé avec ce roman dont le titre, déjà, m'a tout de suite plu : Un jour cette douleur te servira. le résumé, lui aussi, m'a fait espérer le meilleur de ce livre :

James Sveck, un New-Yorkais de dix-huit ans, ne se sent en phase ni avec son époque, ni avec son âge et refuse catégoriquement d'entrer à l'université. A l'en croire, seuls le chien et son exquise grande mère le comprennent et l'idée d'acheter une maison au beau milieu de nulle part pour y vivre avec ses livres lui semble la meilleure qui soit.

Sa mère, abonnée au divorce, son père, débordé d'importance et sa soeur, préoccupée par son amant, tentent de le raisonner. En vain. James est donc sommé de se rendre chez un psychiatre ; mais c'est dans la galerie d'art extrêmement contemporain tenue par sa mère que les tourments du jeune homme trouveront nom et résolution.


La double promesse, du titre et du résumé, est largement tenue. J'ai été pris aux tripes par ce roman, où il ne se passe finalement pas grand chose d'exceptionnel mais qui m'a profondément interpellé.

James, le narrateur, est un personnage unique et très touchant. Je m'y suis reconnu en partie, et j'y ai reconnu des proches, passés ou présents ; ceci explique sans doute en grande partie que ce roman m'ait touché à ce point. Tout au long du récit, du haut de ses dix-huit ans et avec un mélange de sagesse, de naïveté, de cynisme, et de désespoir, il nous entraîne dans ses pensées et nous livre ses réflexions sur le monde, sur la société, et sur ses difficultés à y trouver sa place.

Ce roman nous présente ainsi un personnage perdu et malheureux sans en comprendre la raison. C'est un adolescent qui ne sait pas ce qu'il veut faire de sa vie, et qui ne sait même plus s'il veut continuer à vivre. Ses rencontres avec le psychiatre, qui donnent lieu à de terribles duels verbaux, sont passionnantes mais ne livrent pas de secret phénoménal qui expliquerait le comportement de James.

Vous l'aurez compris, ce roman m'a beaucoup plu et risque de me marquer pendant un moment. Je crois que j'aurai plaisir à le relire dans quelques mois, pour voir si une deuxième lecture me fera le même effet.
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Il est marrant de recevoir un livre en cadeau de la part d'une personne qu'on apprécie particulièrement et d'adorer ce livre. Il se produit alors une reconnaissance quasiment idolatrice envers la personne qui nous l'a offert.
Ce livre fut dés le début particulier pour moi et il le fut du début à la fin. Particulier car c'est la première fois que l'on m'offrait et conseillait un livre (eh oui la plupart de mes livres offerts n'ont pas été lus par les généreux donateurs.) Particulier finalement car je ne me suis jamais autant senti compris par un auteur et pourtant il ne parlait pas de moi.
Hormis la différence amoureuse du héros j'ai eu l'impression de me retrouver moi à 18 ans en révolte contre un monde qui me refusait sans même faire l'effort de me comprendre et moi en réaction je ne comprenais pas le monde qui au fond ne semblait pas fait pour moi.
Ce livre est si bien écrit car sans exagération avec une pudeur intimiste qui donne l'impression que l'on a l'offrande d'une confidence primordiale et d'un message extraordinaire. Si le message nous plait l'on se sent surtout honoré de pouvoir lire son contenu il semble que l'on soit quelqu'un de confiance pour que tant de fragilité (autobiographique) nous soit dévoilé. Les personnages sont riches aucun n'est un héros à proprement parler ils subissent tous un monde dans lequel ils doivent s'adapter. Qu'est ce que cela fait du bien, on n'est plus seuls un livre nous comprend un auteur nous réconforte.
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Comme lorsqu'il y a plus de choses dites dans ce qui n'est pas dit, tous les livres de Peter Cameron sont des petites incursions indiscrètes dans la vie des gens ordinaires. Non parce qu'elles touchent à leur intimité mais à la vérité des coeurs, l'authenticité des sentiments, le difficile devoir (vis a vis de soi ou des autres) qu'on a d'essayer d'être heureux…malgré tout. Peter Cameron maîtrise l'art d'inviter le lecteur à partager ces moments avec ses personnages, sans jamais nous sentir intrusifs, juste des amis, des soutiens. Ses romans sont des trésors de simplicité qui vont droit au coeur et toujours sans pathos, sans “violonades” dégoulinantes de bons sentiments. Ça fait du bien, ça repose, ça apaise.
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J'avais lu les premiers romans de Peter Cameron à leur sortie. J'avais adoré "Week-end" puis beaucoup moins les livres suivants.
En lisant un essai sur la littérature gay aux USA "Les Anges batailleurs", je découvre ce titre dans le dernier chapitre de l'essai. Je l'achète. UNE MERVEILLE ! C'est toujours un moment d'émerveillement lorsqu'un roman vous séduit, vous ensorcèle, que vous ne pouvez plus le quitter.
"Un jour cette douleur te servira" nous projette dans la peau d'un jeune homme de 18 ans, à la frontière entre la vie d'adolescent et d'adulte. Il est visiblement gay, cela ne pose de problème à personne ou presque, mais il doit encore se l'avouer, définir un élément de sa personnalité qui le freine tant qu'il n'est pas assumé. Très subtilement, P. Cameron nous conduit aux côtés de son jeune héros vers une forme de maturité. BEaucoup d'humour, de la tendresse, une intrigue mince mais bien nourrie, une fin qui ne nous laisse pas sur notre faim tout en étant très ouverte. J'aimerais lire la suite si elle existait un jour !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je l'ai suivi dans le long couloir que bordent d'un côté de grands bureaux avec fenêtres, et de l'autre de petits bureaux sans fenêtres. Je ne pourrais à aucun prix, je crois, travailler dans un cadre si outrageusement hiérarchisé. Je sais que nous ne sommes pas tous égaux en ce monde, mais j'ai du mal à supporter un environnement où cette vérité est à ce point flagrante. Situé à l'angle de la tour, le bureau de mon père a une vue fabuleuse, un Diebenkorn (grâce à John Webster), une table Knoll vintage, un canapé en cuir (signé Le Corbusier, bien entendu) et un aquarium d'eau salée, tandis que Myron Axel occupe un placard éclairé au néon de l'autre côté du couloir.
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Maman avait poursuivi une psychothérapie classique pendant de nombreuses années (elle a même passé les deux dernières en analyse), mais peu avant de rencontrer Mr. Rogers elle a décidé que la thérapie classique « ne marchait pas pour elle » et s'est adressée à une life coach. Vous exposez à votre life coach les objectifs que vous avez dans l'existence et il ou elle vous encourage ou vous harcèle jusqu'à ce que vous atteigniez ces objectifs ou (plus probable) vous convertissiez à un autre mode de thérapie.
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– Gillian ! Je t'en prie...
– Guillian, a rectifié Gillian.
– Pardon? a dit maman.
– Mon prénom se prononce Guillian. Il faut cesser de I'écorcher. J'ai décidé que dorénavant je ne répondrais que si l'on m'appelle Guillian. Rainer Maria dit que donner un prénom à un enfant puis mal le prononcer constitue une forme subtile et insidieuse de mauvais traitement.
– Eh bien, ça ne me ressemble guère. Si je voulais te maltraiter, ce ne serait ni subtil ni insidieux.
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"J'aimerais que la journée entière ressemble au petit déjeuner, ce moment où les gens se trouvent encore sous l'emprise de leurs rêves, concentrés sur leur vie intérieure, et ne sont pas prêts à intégrer la société. Je me suis aperçu que c'était ce que j'éprouvais, moi, du matin au soir ; à la différence des autres, après une tasse de café, une douche et autres préparatifs, je ne me sens pas tout à coup vivant, éveillé, connecté au monde. Si le petit déjeuner durait éternellement, tout irait bien pour moi."
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