...A propos, je me suis déjà fait une idée précise, vous savez ?
Le commissaire en fut abasourdi.
Tu parles d'un Sherlock Holmes. Tommaseo était le résultat de Poirot, Maigret, Marlowe, Caravalho, Derrick et Perry Mason passée ensemble au mixer.
- Pauvre Barrafato !
Fazio lui lança un regard perplexe.
- Pourquoi vous dites ça ?
- Passqu'un jour ou l'autre, à force de faire chier la Mafia, Barrofato s'atrouvera déféré au Conseil Supérieur de la Magistrature pour 'ne écoute que, selon certains députés, il n'aurait pas dû faire, son nom sera balancé dans tous les journaux et toutes les tilivisions et à la fin il sera déplacé pour incompatibilité locale. Qu'est-ce que tu paries ?
- Rin. J'aime pas perdre les paris.
Le commissaire avait remarqué que les amies intimes des belles petites étaient en général plutôt moches.
Dans une revue, il avait lu qu'on rêve toujours et que si on a l'impression de ne pas l'avoir fait, c'est parce qu'en s'aréveillant, ce qu'on a rêvé, on l'oublie.
Et peut-être cette perte du souvenir des songes était-elle due aussi à l'âge : de fait, jusqu'à un certain moment de sa vie, dès qu'il ouvrait les yeux, les rêves qu'il avait faits lui revenaient aussitôt en tête et, lui, il se les voyait défiler l'un derrière l'autre comme au cinéma.
Il retourna se coucher, il n'y avait pas de besogne au bureau et donc il pouvait y aller doucement.
Est-ce qu'il avait rêvé ?
Passqu'il y a des journées qui vous imposent dès les premières lueurs de l'aube leur forte pirsonnalité, et vous ne pouvez rien faire d'autre que courber l'échiné, vous soumettre et supporter.
Mer calme, d'huile, et ciel serein, bleu pâle avec quelques petits nuages blancs juste posés là pour faire beau. 'Ne journée au fond anonyme qui lui plut justement pour ce manque de caractère.
Il s'aréveilla qu'il était à peine six heures et demie du matin, areposé, frais, et la tête parfaitement claire.
Il se leva, alla ouvrir les volets, mata dehors.
Au lieu de quoi, les journalistes comme Ragonese n'écoutaient qu'un seul son de cloche, celui de leurs maîtres.Et souvent, on ne pouvait pas dire qu'ils le faisaient pour l'argent.
Et alors pourquoi? Il n'y avait qu'une réponse :parce qu'ils avaient une âme de serf. C'étaient des adeptes enthousiastes de ma servilité , ils tombaient à genoux devant le Pouvoir, quel qu'il soit.
Ce qu'il avait en tête de faire n'était certes pas digne d'un homme honnête. Mais comment ôter la merde au milieu de la rue quand on n'a ni pelle ni sac ? On est bien obligé de se servir des mains et de se salir.