AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'eau du lac n'est jamais douce (79)

Elle ne pense pas qu'ils sachent ce que signifie ne plus en pouvoir, après un deux trois quatre cinq dix assistants sociaux, après un deux trois quatre cinq dix bureaux de poste, après un deux trois quatre cinq dix avocats commis d'office, après un deux trois quatre cinq dix employés du service logement;, après un deux trois quatre cinq dix formulaires à remplir, après un deux trois quatre cinq dix amendes, factures, rappels, menaces.
Commenter  J’apprécie          00
Elle me fourre le dictionnaire dans les bras et continue de sourire, un rêve fait briller ses yeux, alors je regarde l'endroit où elle pointe son index et répète: mélologue, je lis toute la définition à voix haute.
Je me retrouve engluée dans la joie de ma mère, après des mois de visage rembruni et de bribes de mots, je ne peux pas être responsable de sa tristesse, alors je feuillette et choisis un autre mot et, ainsi, nous restons en suspens dans ce temps qui est celui de ce que nous apprenons pour la première fois. A chaque mot que je prononce à haute voix, elle s'anime et le répète, avec son inflexion dialectale dont elle n'arrive pas à se défaire. Une force dynamique me pousse à rechercher sa satisfaction, m'éloignant d'autant de la mienne.
A compter du moment où elle m'offre ce présent, mon temps se densifie, mes révisions deviennent compulsives, destructrices, je n'arrête jamais, je ne crois pas être plus intelligente que les autres, au contraire, je mise tout sur l'application, je pars avec fougue à la conquête des notes, de six à six et demi, de six et demi à sept, de sept et demi à huit, quand la prof de grec me rend une copie où il y a écrit neuf, je bondis sur mes pieds.
Commenter  J’apprécie          00
Mon nouvel établissement me rejette immédiatement, comme une sauce qui a tourné, un surgelé qui a fondu, et c'est précisément pourquoi je reste et m'accroche, avec mon sac à dos informe et mon cahier à la place d'un agenda, j'érige une barricade et je combats, quand je vois des champs de bataille je pars à l'assaut.
Commenter  J’apprécie          00
POUR GRANDIR, il faut travailler dur, l’enfance est de courte durée, on ne sera pas défendu, soigné, abreuvé, lavé, sauvé pour l’éternité, pour chacun vient le moment de prendre son existence en main, et le mien est arrivé.
Commenter  J’apprécie          00
Je pense que nous sommes du matériel de rebut, des cartes inutiles dans un jeu compliqué, des billes ébréchées qui ne roulent plus : nous sommes restés inertes par terre, comme mon père tombé d’un échafaudage inadapté sur un chantier illégal, sans contrat et sans mutuelle, et de là, de l’endroit où nous avons atterri, nous voyons les autres mettre des colliers de pierres précieuses à leur cou.
Commenter  J’apprécie          00
Si tu comprends pas, on lira ensemble, je t'aiderai pour les devoirs, il faut qu'on y arrive, il faut absolument qu'on y arrive (...). Ce "on" me cerne comme une prison, personne ne m'a demandé si je voulais habiter dans ce "on".
J'ai choisi un lycée pour riches, c'est un acte punitif, une incision profonde, une strangulation. J'ai choisi un établissement d'excellence, où l'on enseigne les langues mortes que personne n'utilise et je me dis que je l'ai fait pour mes copines, elles vont aller là-bas et moi aussi, mais la vérité c'est que j'abrite quelque chose de minuscule, un gland, un insecte, et cette chose c'est la voix de ma mère, à qui je dois démontrer que je suis quelqu'un.
Je suis régentée par ce "on", qui rôde, invisible, et construit pour moi des plans sur la comète et des marécages.
Commenter  J’apprécie          00
Notre trio d'amies est une structure bancale qui me rend soupçonneuse.
En outre, je ne suis pas faite pour les amitiés, je ne comprends pas leurs dynamiques, leurs malentendus, je ne sais pas quand il faut répondre, quand rester à l'écart, je ne peux pas les inviter chez moi, personne ne peut me déposer chez elles, ma mère dit qu'elle ne m'autorisera pas à sortir l'après-midi avant l'année prochaine, je ne suis pas séduisante, je n'ai rien de nouveau à apporter, je n'ai pas de jeux, pas de maquillage, pas de robes à prêter, je ne peux partager que les sweats de mon frère, les couches des jumeaux, le fauteuil roulant de mon père.
Commenter  J’apprécie          00
Et comme cela m'est déjà arrivé par le passé, les images des efforts et des disputes défilent dans ma tête, celles de mes désespoirs et de mes ambitions, ce qu'on ne respecte ni ne comprend jamais chez moi, la bibliothèque et les menaces (...), la liste des livres sans lesquels tu n'es rien, tout ce que j'ai dû lire en laissant à d'autres les lectures pour se balader, se distraire, rigoler, les heures de révisions et les cris de mon père et de ma mère qui se bagarrent, les livres sur mes genoux dans le train et aux toilettes, le soleil qui se couche sans que je sois sortie et mes notent qui montent, descendent, me jugent. Mes pensées font enfler une soif de guerre et de vengeance, le temps où j'étais sans défense est révolu, depuis j'ai compris beaucoup de choses : je sais tirer, je sais frapper, je sais maltraiter, je sais embrasser. (p. 113)
Commenter  J’apprécie          00
Rapidement, des rumeurs commencent à circuler sur le compte de Carlotta, des accusations, des mensonges, des murmures. Les prénoms de ceux avec qui elle a partagé son corps, ceux des attouchements, des mains entre les cuisses, des braguettes ouvertes, des mets-toi à genoux se sont multipliés, de deux ils ont dû passer à vingt, trente, on dirait que tous les garçons d'ici l'ont vue nue, à chacun elle a donné du plaisir, pour chacun elle a été une satisfaction.

Page 99
Commenter  J’apprécie          00
C’est l’été 2001, j’ai fini le collège, j’ai laissé derrière moi la prof de maths qui aime nous affubler de noms de sorcières,… Je n’ai pas conscience de ce qui se passe dans le monde, je vis dans les limbes entre mes échecs et mes revanches imprévisibles .(Page 90)
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (462) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Grandes oeuvres littéraires italiennes

    Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

    Si c'est un homme
    Le mépris
    Le désert des Tartares
    Six personnages en quête d'auteur
    La peau
    Le prince
    Gomorra
    La divine comédie
    Décaméron
    Le Nom de la rose

    10 questions
    845 lecteurs ont répondu
    Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}