– L’appel que je viens de recevoir m’oblige à partir quelques jours au Koweït, m’explique-t-il calmement. Un collectionneur un peu fantasque organise une vente aux enchères impromptue et il possède deux œuvres qui m’intéressent.
– Lesquelles ? demandé-je, curieuse.
– Une enluminure d’Omar Racim et une toile de Baalbaki.
– Il a des goûts éclectiques, mais sûrs. Comme toi.
– Nous avons peut-être ça en commun, oui, plaisante-t-il avant de me saisir le menton.
Ses lèvres se posent de nouveau sur les miennes, que j’entrouvre, impatiente de sentir la douceur de sa langue contre la mienne. Nos bouches se font avides, notre baiser plus profond. J’entends la vitre qui sépare l’arrière et l’avant de la berline se relever. Théo protège notre intimité.
L'idée que le baiser volé d'Abraham me fasse perdre Théo me donne envie de hurler. L'injustice de ma situation me révolte. Je n'ai rien fait de mal et c'est moi qui me retrouve à me défendre.