Citations sur Correspondance (1944-1959) : Albert Camus / Maria Cas.. (162)
C'est comme si j'avais oublié mon énergie et ce que j'ai à faire. Il y a comme ça des heures, des journées, des semaines où l'on dirait que tout vous meurt entre les mains.
Un déjeuner de femmes seules est déjà une chose bien inutile, triste, plate, ennuyeuse ; mais quand trois femmes sur quatre sont devenues des broute-minous, c'est une épreuve.
MVC à AC 16 février 1951
Et je sais que si court soit-il, si menacé ou si fragile, il y a un bonheur prêt pour nous deux si nous étendons la main. Mais il faut étendre la main.
La seule justice possible, (c'est) une nouvelle répartition de l'injustice. On fait des révolutions pour que ce soit d'autres qui prennent les wagons-lits. (Lettre de AC du 3 janvier 1950)
Je rêve, souvent. Je rêve surtout de toi près de moi, et d'un temps où nous n'aurons plus à parler de cet amour. Oui, je voudrais n'en plus parler et u'il devienne si intérieur à notre vie, si mêlé à nos respirations...aimer comme on respire, c'est cela. Et vivre et lutter ensemble, avec la certitude.
Le besoin que j’ai de toi n’est rien d’autre que le besoin que j’ai de moi. C’est le besoin d’être et de ne pas mourir sans avoir été.
ALBERT CAMUS À MARIA CASARÈS
30 mai 1950
Je suis sûr maintenant de dominer complètement mon travail et ma vie.
Le temps passé loin de toi ne sera plus perdu absolument . J'avancerai ce que j'ai à faire. J'ai une lumière en moi qui éclairera tout. Tu vois, plus jamais tu ne pourras m'enlever cette certitude, ce serait le crime dernier.
AVANT-PROPOS
Comment ces deux êtres ont-il pu traverser tant d'années, dans la tension exténuante qu'exige une vie tempérée par le respect des autres , dans la quelle
il avait "fallu apprendre à avancer sur le fil tendu d'un amour dénudé de tout orgueil ", sans se quitter, sans jamais douter l'un de l'autre , avec la même exigence de clarté ? La réponse est dans cette correspondance .
Par quel miracle dois-je t'aimer davantage à mesure que ton image s'éloigne de mon souvenir ? Je ne sais pas mais c'est ainsi, et je ne connais pas de pire souffrance que celle qui s'efforce en vain de recréer des chers disparus.
Je voudrais surtout pouvoir mettre toute mon âme dans mes yeux et te regarder indéfiniment, jusqu’à ma mort. Maria Casarès 13 août 1948