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Critique de cedratier


« Les vulnérables » Belinda Cannone (180p)
Dix nouvelles, certaines terriblement déchirées, d'autres moins douloureuses, parfois avec une touche de fantastique. Les "héros" sont des vulnérables, enfants très démunis en mode survie, hommes avec leur conscience comme seule arme face aux fusils ou femmes proies trop faciles pour des prédateurs en tous genres, tous toujours en posture dangereuse.
Beaucoup d'histoires sont vraies ou inspirées de faits réels, d'hier (l'occupation durant la seconde guerre mondiale) ou d'aujourd'hui, d'ici (la goutte d'or à Paris) ou de là (la frontière entre l'Espagne et le Maroc).
Belinda Cannone parfois triture l'appréhension du lecteur, s'adressant à lui comme pour le provoquer. Mais quand le faible ne perd pas, ça peut prendre la forme d'un conte, avec sa dimension onirique.
Concernant la nouvelle « les relations toxiques » qui met face à face une prof de fac de lettres et des étudiantes ultra-agressives qui lui reprochent son «manque» de féminisme radical, on espère que c'est encore une dystopie, mais comme c'est déjà le cas dans certaines universités américaines… A moins que BC (une de mes références essentielles en féminisme sans concession mais pas exclusif), elle-même prof de littérature en fac n'ait connu ce genre de situation, (les étudiantes au coeur de cette nouvelle m‘ont d'ailleurs fait penser à un personnage de « le voyant d'Etampes », d'Abel Quentin ; et j'ai goûté à cette réplique de la prof (BC elle-même ?) à propos de l'écriture inclusive «Elle est plutôt exclusive, cette façon d'écrire. Personne ne l'utilise de la même manière, ce qui rend encore plus difficile la maîtrise de la langue»)
L'écriture de Belinda Cannone, très accessible, souvent orale, est vive, directe, avec parfois de belles tournures (même si le fait d'intégrer les échanges verbaux dans le fil du texte sans ‘«' ni ‘–‘ n'est pas toujours évident)
«Son silence est si dense qu'il ne trouve pas la place d'y glisser un mot.»
«Le type a les yeux grands ouvert et le fixe sans accorder un regard au printemps.»
Un recueil de nouvelles denses, poignantes, où Belinda Cannone expose ses sensibilités d'une autre manière que dans ses essais. A lire, vraiment.

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