- Tu sais, le plus drôle, c'est que je croyais que je te plaisais.
- Voie sans issue, a-t-elle répliqué.
- Quoi ?
- Quel aurait été l'intérêt ? a-t-elle ajouté. Moi, je ne te plais pas.
- Je n'ai jamais dit ça, ai-je protesté.
- Non. Tu ne me l'as pas dit. Tu l'as dit à Owen. Encore plus net.
- C'était avant, me suis-je entendu lui déclarer malgré moi en rougissant.
- Avant quoi ?
- Avant de recevoir une gifle et de me fracasser la tête sur l'asphalte, ai-je plaisanté pour retrouver une contenance.
- Tu veux monter sur mon dos ?
- Nan.
J'ai fini par craquer.
- Comme tu veux. J'en ai ras-le-bol de tes jérémiades. T'es jamais contente. Si tu veux bouder parce que j'ai oublié ton spectacle eh bien boude. Moi aussi j'ai des problèmes, figure-toi, et sacrément plus importants que les tiens.
- C'est normal, t'es méchant, a répété ma sœur d'un air buté.
Il n'y avait rien à ajouter. Elle avait raison.
Ça ne me branchait pas trop de mentir à mon meilleure pote. J'aurais trouvé plus simple de vous présenter. J'ai toujours pensé que tu lui plairais s'il te connaissait. Et vice versa. Mais il fallait attendre que vous vous apprivoisiez comme dans ce passage du "Petit Prince" avec le renard que tu adorais quand tu étais petite.
Là, j'ai décidé de laisser tomber. Elle m'avait peut-être sauvé la vie, c'était très sympa de sa part vu ce qui c'était passé entre nous, mais je ne savais pas comment amorcer une conversation avec une fille qui visiblement me détestait et avaut autant envie de discuter avec moi qu'un bluesman avec Lady Gaga.
- Plus de ton niveau, mec. Là, tu l'as largement dépassé, m'a contredit Ben.
- Et puis, il parle à peine français, ce gus. c'est clair que plus débile tu meurs, a sorti Thomas en ricanant stupidement. Il est même pas capable d'être pris dans un lycée normal.
De la part de quelqu'un qui avait tellement redoublé qu'à dix-huit ans il était encore en seconde, je trouvais que c'était carrément risqué d'utiliser les résultats scolaires pour mesurer l'intelligence. Carrément risqué voire complètement débile.
- Faut qu'on parle ! m'a-t-il lancé alors que j'ouvrais la porte de ma chambre.
Quatre mots qui sentent les ennuis à plein nez. Six voyelles et sept consonnes qui signifient :
1° Il faut que JE te parle.
2° Je ne pense pas que ce que j'ai à t'annoncer va te plaire.
3° Il faut que les choses changent, que tu changes, car j'en ai marre.
4° Sinon ?
La signification du ? est ambiguë.