Rencontre avec Eléonore Cannone
1- Tu n'utiliseras jamais d'armes.
2- Tu ne travailleras jamais en solo.
3- Tu prépareras ton plan dans les moindres détails.
4- Tu ne voleras point de modestes gens.
5- Tu ne solliciteras l'aide d'aucune tierce personne sans l'accord unanime des membres de la famille.
6- Tu partageras toujours la recette en parts égales.
7- Tu ne révèleras jamais à quiconque les noms de tes complices.
8- Tu ne vandaliseras jamais les logements que tu visites.
9- Tu écouleras les objets que tu as dérobés sans jamais rien conserver.
10- Tu reverseras 50% de tes gains à des oeuvres de charité (notre impôt sur le revenu à nous).
Mes parents ne se sont pas foulés. Eux aussi m'ont offert de l'argent plutôt qu'un vrai cadeau.
Conclusion, je suis riche.
Conclusion bis, personne ne s'intéresse à moi. Personne ne connaît mes goûts. Tout le monde s'en fout!
Surprise! Samuel m'a offert les premiers tomes de Paradise Kises. Dès qu'il est parti, j'ai consulté le résumé de ce shôjo sur le Net. "La très sérieuse lycéenne Yukari n'a qu'une obsession : réussir son entrée à l'université. Son assiduité aux études n'a d'égale que sa phobie excessive des gens. Aussi, quand un garçon tente de l'aborder, puis qu'un travesti lui barre la route, elle s'effraie au point qu'elle s'évanouit." Du vrai, du pur, du lourd!
Voilà, tu sais tout maintenant. Je me suis lancée dans l'écriture de ce carnet sur les conseils d'un vieux Japonais amateur de mangas.
Mouais.
Quoi mouais?
Non, non, rien. Ce n'est pas une mauvaise idée. La seule difficulté est de s'y tenir.
Je vais le faire. T'as vu tout ce que j'ai déjà écrit!
Tu étais sur ta lancée et tu avais envie de raconter ta rencontre avec ce vieux japonais. J'espère juste que tu vas continuer, c'est tout.
On dirait que t'as des doutes.
Non, non... Mais je te connais. Je sais que la routine c'est pas vraiment ton truc.
Peut-être. Sauf que là je suis grave motivée.
Mmm... Pour l'instant...
Docteur Haertus
Le seul médecin qui, quand une mère (la mienne) s’inquiète parce que son enfant (moi) refuse d’avaler son verre de lait au petit-déjeuner et tente chaque matin de l’y forcer, se tourne vers l’enfant en question (toujours moi) et lui suggère :
– Tu n’as qu’à vomir ton lait sur ta maman une bonne fois pour toutes et je te promets qu’après elle ne t’ennuieras plus avec ça !
Et vous voudriez que je renonce à un médecin de cette qualité ? Plutôt crever !
Comme vous me l’avez conseillé, je me suis lancée dans un vrai projet. Je n’ai pas encore d’histoire, ni rien… mais bon… euh… voilà… j’ai commencé par dessiner mon personnage principal. Cette semaine, je compte m’attaquer aux personnages secondaires.
- Déjà ?
- Ben ouais… ai-je hésité.
- Mais votre personnage principal… que fait-il ? Comment- s’appelle-il ? Quel est son but ?
-Euh… Pour l’instant, je n’en ai aucune idée, ai-je reconnu.
Mes mères pensent qu'elles sont des personnes particulièrement ouvertes et tolérantes. Il faut reconnaître qu'elles ne jugent jamais les autres en fonction de leur race, de leur couleur, de leur religion, de la taille de leur portefeuille, de leur origine, de leur statut social ou de leur sexualité comme la plupart des parents de mes amis. Mais de là à dire qu'elles sont d'une tolérance à toute épreuve, c'est encore autre chose. En plus, il s'agite de leur fils chéri, moi en l'occurence. Or depuis l'enfance, j'ai remarqué que sur tous sujets me concernant, leur seuil de tolérance a une fâcheuse tendance à ressembler à la tour de pise. Il penche dangereusement. Il semble toujours être sur el point de s'écrouler.
Mon carnet n'a rien à voir avec un journal intime version kawaï. J'ai une aversion sans nom pour les trucs de nanas en général et pour l'étalage des sentiments en particulier. C'est un carnet d'impressions, un carnet de réflexions. En plus, je compte scanner mes meilleurs dessins et les y insérer. Un genre de tableau de bord, quoi !
Trompe l'oeil et illusions
Francis Parmentier, alias le Crotale, raccrocha et observa son réveil. Il affichait 2 heures du matin. Une fois n'était pas coutume, il sourit.
L'opération s'était déroulée à la perfection. Reggie avait appréhendé l'adolescent sans difficulté. Il avait même trouvé une bague, deux carnets noirs à la tranche dorée, une arme et de l'argent liquide dans le sac à dos du gamin.
Le Crotale lui avait donné rendez-vous dans trois heures dans un de ses chantiers à la sortie de la ville. Le coin était désert et, le soleil ne se levant pas avant 6 heures à cette période de l'année, il aurait le temps d'interroger son prisonnier. En toute tranquillité.
Il ne pensait pas qu'il avait monté ce coup sans aide. Quelqu'un quelque part les attendait. Lui et les carnets.
Mais pour l'instant, le promoteur désirait s'assurer que les carnets récupérés par Reggie étaient les siens et que l'adolescent n'avait pas eu la mauvaise idée de les photocopier.
Ce dernier parlerait. Ils n'avaient jamais eu la moindre difficulté à extorquer et disséquer des aveux. Lui et son cutter.
Pour le reste, il aviserait. Après.
Quant au gamin, il n'avait pas le choix. Dès qu'il en aurait extrait la substantifique moelle, il le confierait à Reggie pour qu'il l'en débarrasse.
C'était l'avantage des chantiers de construction.
Ils regorgeaient de trous et de béton armé.
Un endroit idéal pour enterrer les pièces détachées.
La littérature jeunesse est sous-estimée, m'a-t-elle expliqué. Il n'y a pas de grands auteurs de littérature générale et de petits auteurs jeunesse. Il y a des grands et des petits dans les deux. On croit toujours que les auteurs font leurs premières armes en littérature jeunesse et, qu'une fois qu'ils sont grands et qu'ils ont bien fait leurs gammes de mots, ils peuvent enfin se lancer dans la "vraie "littérature. Rien n'est plus faux.
Et la-dessus, elle a sorti des "petites merveilles" de son rayon jeunesse. mon univers venait encore de s'agrandir. Depuis, je lis de tout. Tant pis pour mon SMIC. Tant mieux pour moi. Il m'arrive aussi, de temps en temps, de laisser un livre que j'aime particulièrement sur un banc.
Nous avons parlés. Un peu. De tout et de rien. Surtout de rien. Et ça m'a fait du bien.