La suite n'est qu'une succession d'images retraçant nos faits et gestes les plus marquants depuis notre entrée au loft. Des confessions tronquées pour isoler des bribes de phrases qui, sorties de leur contexte, présentent un impact plus percutant ; l'évacuation de Lynda survenue lorsque le système a complètement disjoncté ; le zoom sur son visage déformé par les spasmes, zoom qui vise à ajouter un effet télévisuel obscène. Un procédé efficace destiné à procurer des sensations fortes au public, avide de sensationnel.
Les téléspectateurs en ont pour leur argent. Et je ne doute pas un instant des sommes considérables que récoltera la chaîne la plus populaire des États-Unis.
Ils vont assister à la mise à mort d'un de leurs semblables - qu'ils traitent de monstres pour les dépersonnaliser - dans le décor maléfique d'un vieux sanatorium hanté par des démons plus puissants que les souvenirs : nous.
J'ai toujours joué au cavalier solitaire, jouissant égoïstement des sévices infligés à mes victimes. Les partager aurait engendré une rupture à ma psyché. Même la plus pure des folies ne saurait m'unir à quiconque.
Waverly Hill me met à l'épreuve. Quels que soient les secrets emprisonnés entre ces murs, aucun adversaire n'est à la hauteur de mes ambitions.
Rien ni personne ne peut plus m'arrêter dans l'escalade meurtrière que représente ma vie.
Nous avons toujours le choix. Certains basculent vers le côté obscur, parce qu'ils naissent sociopathes, pour une raison que même la science ne saurait expliquer. Existe-t-il un gène de la violence ? Un mauvais karma ? Qu'importe le nom qu'on donne à notre pathologie criminelle, il suffit d'un déclencheur - dans le cas d'Aileen, le viol - pour révéler notre nature profonde.
Je suis un prédateur. Et si je suis désormais incapable de repartir en chasse, alors je m’immiscerai dans vos têtes et ravagerai toutes vos certitudes.
Même mort, je viendrai vous hanter jusque dans vos rêves.
Je resterai à jamais votre pire cauchemar.
Souviens-toi de la haine que tu éprouves, décuple-la par dix, ajoute un zeste de cruauté et tu sentiras naître en toi l’embryon d’un tueur… Le perçois-tu ?
Je fais partie de ces êtres qui ont l'intime conviction que les murs absorbent la souffrance des mourants et la rejettent sous forme de désespoir perceptible par les vivants. Et par les morts en sursis...
Le jingle résonne soudain depuis les haut-parleurs fixés à divers endroits de la pièce. La voix du présentateur prend le relais. Sa gueule de premier de la classe tressaute à l'écran comme s'il était atteint de tics nerveux. Moi, ce qui me mets les nerfs à vif, c'est de le voir afficher ce sourire factice pendant que son acolyte prépubère se dandine comme une putain. Le genre "provinciale mijaurée" rescapée d'une famille de consanguins. Dieu que j'aimerais leur arracher les lèvres pour les déguster en papillotes...
L'ère des machines envahit le monde des hommes au point de les rendre inutiles. Dangereux constat.
La chasse est mon terrain de jeu.
Et il ne peut y avoir qu’un seul prédateur.