Le halo virginal de la lune étend sa cape argentée à travers l'unique fenêtre, repoussant les ténèbres pour révéler une pièce qui renferme plusieurs écrans de surveillance.
On ne passe à l'écran que le message qu'on veut bien transmettre, même si la réalité, est toute autre. Les médias ont le monopole du pouvoir. Ils gouvernent le monde.
Même les victimes ont leur mode opératoire.
Celle-ci reproduit fidèlement le schéma habituel. Après une tentative avortée de conciliation viennent la colère, puis les menaces. Elles réagissent toutes de la même façon. C'en est presque lassant de constater à quel point elles manquent d'originalité.
La suite n'est qu'une succession d'images retraçant nos faits et gestes les plus marquants depuis notre entrée au loft. Des confessions tronquées pour isoler des bribes de phrases qui, sorties de leur contexte, présentent un impact plus percutant ; l'évacuation de Lynda survenue lorsque le système a complètement disjoncté ; le zoom sur son visage déformé par les spasmes, zoom qui vise à ajouter un effet télévisuel obscène. Un procédé efficace destiné à procurer des sensations fortes au public, avide de sensationnel.
Une mere devrait toujours protéger son enfant
Nous ne sommes que des pions sur l’échiquier du Mal, engagés dans une partie dont l'issue est jouée d'avance.
Nul ne peut prétendre à la liberté s'il n'a pas connu la morsure des chaines.
J'ai pulvérisé les miennes à l'âge de six ans.
Je suis née le jour de Thanksgiving. Ce fut le jour le plus heureux dans l'existence de mes parents, mais également le plus tragique. Je poussai mon premier cri tandis que ma sœur jumelle mourait dans le plus grand silence. J'ai porté ce fardeau durant toutes les années qui ont suivi. Il ne s'est pas passé un seul jour sans que ma mère prononce le prénom de cette enfant mort-née. Je crois qu'elle voulait me faire payer le prix de sa souffrance. La culpabilité me torture encore à chaque instant. Pourquoi m'a-t-on laissée vivre, moi ? Je suis toujours restée dans l'ombre de ma sœur.
Nous avons toujours le choix. Certains basculent vers le côté obscur, parce qu'ils naissent sociopathes, pour une raison que même la science ne saurait expliquer. Existe-t-il un gène de la violence ? Un mauvais karma ? Qu'importe le nom qu'on donne à notre pathologie criminelle, il suffit d'un déclencheur - dans le cas d'Aileen, le viol - pour révéler notre nature profonde.
Je ne t’en veux pas, John. On connaît les règles. Pour gagner, il ne faut pas être meilleur. Il faut être pire.