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Citations sur Les Ferrailleurs, tome 1 : Le château (40)

Je t’ai donné une bonde, Clodius Ferrayor, ton objet de naissance, pour que, sang de mon sang, tu fasses un choix entre deux choses. Tu nous contiendras, telle une bonde, tu nous garderas en sécurité, tu seras une barrière entre nous et l’inquiétant trou d’évacuation. Ou bien, inversement, telle une bonde qu’on retire, tu nous laisseras tomber, nous écouler vers le rien, nous réduire à néant, nous noyer, nous épancher, dégoutter, ruisseler, tu nous détruiras tous !
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Comme la maison sanglotait, criait et hurlait en cette terrible nuit ! Comme elle tanguait et gémissait, comme elle maudissait, comme elle blâmait, comme elle punissait et se châtiait elle-même en cette terrible tempête, comme les décombres la frappaient à coups redoublés ! Il fallait nous échapper.
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Tout commença, toute cette terrible histoire qui s’ensuivit, le jour où la poignée de porte de Tante Rosamud disparut. C’était la poignée de porte de ma tante, une poignée en cuivre. Et cela n’arrangeait rien qu’elle ait déambulé la veille avec sa poignée dans tout le manoir, cherchant des raisons de se plaindre comme d’habitude : elle avait monté et descendu tous les escaliers, parcouru tous les étages, raide comme la justice, ouvert les portes sous n’importe quel prétexte, inspectant, trouvant à redire à tout.
Elle insistait sur le fait que, durant tout le temps de son inspection, elle avait bien sa poignée de porte sur elle, et que maintenant, elle ne l’avait plus. Quelqu’un, hurlait-elle, l’avait prise.
Il n’y avait jamais eu un tel remue-ménage depuis le jour où mon grand-oncle avait perdu son épingle à nourrice. Lors de cet événement, on avait fouillé tous les étages pour découvrir en fin de compte que le pauvre vieil oncle l’avait toujours sur lui ; elle avait glissé dans la doublure de la poche de son veston.
C’est moi qui l’avais trouvée.
Ils m’ont tous regardé ensuite d’une façon étrange, ma famille, je veux dire, je dirais même encore plus bizarrement que d’habitude, car on ne m’avait jamais fait confiance, et on me chassait souvent d’un endroit à un autre. Ma découverte de l’épingle à nourrice sembla confirmer, pour certains membres de ma famille, qu’il y avait chez moi quelque chose d’anormal, et certaines de mes tantes et certains de mes cousins me fuyaient, ils évitaient de me parler, tandis que d’autres, mon cousin Moorcus par exemple, me cherchaient.

(Incipit)
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Le mal emporta certaines personnes. D'autres non. J'étais l'une des rescapés. Peut-être ne l'étais-je pas. Cela dépend du point de vue.
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James Henry était une bonde, une bonde universelle qui pouvait s’adapter à n’importe quel trou de lavabo ou de baignoire. Je la gardais dans ma poche. James Henry était mon cadeau de naissance.
À chaque naissance d’un nouveau Ferrayor, la coutume familiale voulait qu’on lui offrît quelque chose, un objet spécial choisi par Grand-Mère. Les Ferrayor jugeaient toujours un Ferrayor à la façon dont il prenait soin de l’objet de ses jours, comme ils l’appelaient. Nous devions tout le temps le garder sur nous. Chaque objet était différent. Pour ma naissance, on me donna James Henry Hayward. Ce fut la première chose que je connus, mon premier jouet et mon premier compagnon. Il était accompagné d’une chaîne de deux pieds de long qui se terminait par un petit crochet. Quand je commençai à marcher et à m’habiller tout seul, je portais sur moi ma bonde universelle avec sa chaînette comme tant d’autres personnes auraient porté leur montre à gousset. Pour le protéger, je cachais James Henry Hayward dans la poche de mon gilet. Sa chaîne dessinait une boucle en forme de U sur ma poche, et son crochet était attaché au bouton central de mon gilet. Je me trouvais très heureux avec l’objet de mes jours, car, comparé à d’autres cadeaux de naissance, le mien, c’était du gâteau.
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As-tu jamais désiré jouer le rôle principal dans ta propre histoire?
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Il y avait un lieu pour les enfants comme moi, ceux que la maldaie avait rendus orphelins. Il était situé contre une partie du mur d'entassement qui aurait, selon la rumeur, été construit juste après l'époque d'Actoyviam. Parfois, si une grosse tempête soulevait cette mer d'épaves, il arrivait que quelques objets soient violemment projetés sur le toit. C'était un lieu saturé de pleurs, de cris et de jurons, c'étaient des pièces souillées, habitées de tremblements et de recroquevillements.
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-Et avant-hier soir, tu étais ailleurs?
-Il faut bien que je sois quelque part à un moment ou à un autre, non?
-Effectivement, oui forcément.
- Tout le monde doit être bien être quelque part en un moment précis, n'est-ce-pas?
-En effet.
- On n'est jamais nulle part, n'est-ce-pas?
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La tempête grossissait derrière lui, une grande vague s'élevait au loin, une grande vague noire gonflée par le vent, une déferlante de briques, de verres, d'ossements et de décombres arrivait vers lui.
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La demeure des Ferrayor, notre château, notre palais, était construit, je le voyais maintenant, non pas avec des briques et du mortier, mais avec du froid et de la douleur, ce palais était un édifice de méchanceté, de noires pensées, de souffrances, de cris, de sueur et de crachats. Ce qui collait le papier peint sur nos murs, c'étaient des larmes. Quand notre demeure pleurait, elle pleurait parce que quelqu'un d'autre dans le monde se souvenait de ce que nous lui avions fait.
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