No steak est destiné à un large public : le public végétarien, le public végétalien, le public végan... mais aussi, et surtout, celui qui mange de la viande.
S'adresser aux adeptes du régime carné est sans aucun le but premier et délicat de cet ouvrage mais il ne leur dira pas pour autant : "C'est pas bien, ce que vous faites, c'est pas bien de manger de la viande".
Aymeric Caron, lui-même végétarien depuis plusieurs années, après avoir visionné un reportage tourné dans un abattoir, énumérera dans un long argumentaire intelligent (mais parfois quelque peu confus) toutes les raisons possibles et imaginables qui peut pousser tout le monde à ne plus manger de steak. Cochons, vaches et poules... Ceux qui ne sont pas encore convaincus par le régime végétarien finiront bien par les regarder d'une nouvelle façon à la lecture de ce livre. Les poissons, quant à eux, sont quelque peu mis sur le banc de touche car beaucoup de "végétariens" n'ont fait que supprimer la viande de leur alimentation.
A travers
No steak, le devenir de la viande est inévitablement sur la sellette. Economie, politique, géographie, science, anthropologie, philosophie... Tous les thèmes sont abordés, certains légers d'autres plus profonds, comme pour nous montrer qu'il est inévitable que l'être humain puisse se passer de viande. Parfois logiques, parfois confus, parfois anecdotiques, les arguments ne manquent pas pour faire les éloges du régime végétarien (voire végétalien) sans pour autant punir les carnivores ; tous les arguments sont intelligents et justifiés malgré tout, tombent sous le sens, et l'auteur met alors toutes les chances de son côté pour accueillir de nouveaux adeptes sensibles dans son cercle de végétariens. Ceux-ci sont pour beaucoup montrés du doigt et moqués par les mangeurs de viande pour qui il est tout à fait naturel de se nourrir d'animaux ; voici alors une raison de plus pour les adeptes du régime carné de s'intéresser à
No steak : les végétariens ne sont pas ceux que vous croyez...
No steak est un condensé de savoir, d'anecdotes et de volonté pour convaincre de manière douce mais pas moins efficace le lecteur de ne plus manger de viande sans pour autant faire de la propagande. Douce, car contrairement aux fondations qui défendent les animaux aux quatre coins du monde et qui montrent des images sanglantes,
Aymeric Caron utilise les mots, son expérience et son coeur pour raisonner le lecteur. Les passages plus durs voire choquants se comptent par ailleurs sur quelques doigts d'une main. Bien que pour réveiller les consciences il faille choquer les gens, le journaliste sait démontrer de façon sensée, calme et habile les avantages d'un régime sans viande.
Il est relativement dur pour moi de ne pas tomber dans la "propagande" végétarienne en rédigeant cette critique ; ayant été sensibilisée à la condition des animaux en abattoir avant la lecture de cet ouvrage, je ne peux plus voir de steak en peinture. J'ai pris énormément de plaisir à lire
No steak car l'auteur m'a alors apporté de nouvelles précisions rassurantes, enthousiastes et convaincantes et il a été, au fil des pages, comme un complice ou une épaule.
No steak est une nouvelle étape dans mon nouveau régime alimentaire et mon nouveau mode de pensée. Chacun peut sans aucun doute se reconnaître en l'auteur, végétarien ou non.