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sur 1082 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« On devrait trouver des moyens pour empêcher qu'un parfum s'épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi qu'il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans un grand magasin, retrouvent l'odeur de leur mère, d'une maison, d'une époque bénie de leur vie, d'un premier amour ou, plus précieuse encore, quasi inaccessible, l'odeur de leur enfance…" Ce sont ces mots qui m'ont "accrochés" ! Je ne pouvais qu'ouvrir ce livre , c'était inimaginable de ne pas le faire. Comme j'ai bien fait !
Pantin 1969 une toute jeune femme confinée dans un minuscule studio au confort minimaliste attend la fin du terme. Isolée du monde par une famille « bien » elle est harcelée par ses proches ils veulent qu'elle signe …. Signera ou ne signera t'elle pas ? Elle n'aurait pas signé ,cette histoire n'aurait pas pu s'écrire…
Isabelle Carré se raconte , nous raconte elle , son père , sa mère , ses frères, sa maison, les années 70 , celles de son enfance . Une enfance pleine de rêves mais était-ce une enfance rêvée se demande t'elle. Nous la suivons discrète, toujours le sourire aux lèvres mais inconnue et incomprise de tous . C'est la rencontre avec le théâtre qui sera le déclic vital et lui permettra de VIVRE ... Une plume magnifique,un récit nourri du passé mais tourné irrémédiablement vers l'avenir . Alors lorsque j'ai découvert au fil des pages qui était l'auteure je me suis sentie mal à l'aise devant mon inculture cinématographique . Mais au fond n'était-ce pas là un cadeau ? j'ai ainsi pu profiter de ces pages sans arrière pensées ni influences diverses et variées. Je me dois de remercier les Editions Grasset via NetGalley pour cette lecture et surtout Isabelle. Carré pour ces pages lumineuses
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*****

Isabelle est une jeune fille qui qualifie elle-même sa famille de peu banale : elle vit avec ses deux frères et ses parents dans un immense appartement parisien aux murs rouges, aux tableaux peints par son père artiste, aux sons de la musique du moment et des frappes sur les touches de piano par son frère. Mais tout n'est pas simple, ni rose, ni fluide : sa mère semble parfois leur parler comme à des fantômes, les yeux vides, et son père s'enferme dans la salle de bain, à la recherche d'un corps de magasine. Isabelle se sent seule, abandonnée, et a du mal à trouver sa place. Ou sont les bras dont elle a besoin pour être réchauffée ? Ou sont les baisers qui lui assureraient qu'elle est une enfant aimée ?

Il est difficile de parler de ce premier roman, tant on le sent autobiographique. Et pourtant !!! Il est sublime !!!
L'écriture est maîtrisée, la narration navigue entre les époques, les personnages, les points de vue, sans que jamais le lecteur ne soit perdu. Isabelle Carré est une auteur pudique et douce, dont on imagine sans mal le sourire sur les lèvres quand elle écrit. Elle nous livre son enfance, son adolescence, sans jamais un mot déplacé, sans jugement de valeur ou accusions non fondées. Elle nous fait cadeau de ses blessures, de ses cicatrices et de ses failles. On ne l'apprécie que d'avantage.

Et si Isabelle Carré, de son écriture poétique, nous fait une place à ses côtés, c'est peut être qu'elle a tant cherché la sienne, qu'elle connaît le prix et la force qu'elle peut nous apporter...
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Les Rêveurs, un récit où les mots sont portés jusqu'à leur incandescence par Isabelle Carré, jusqu'à la rupture, quand la voix se brise, quand les yeux se ferment, où quand l'émotion retient ses larmes. Il faut alors apaiser les battements du coeur et reprendre son souffle. Abasourdi par cette acuité à faire revivre, les hésitations de la mère, la tendresse qui ne sait plus par où passer, "une famille où les femmes n'ont pas de bras". le Grand-Père est le seul être, qui fut capable de rattacher la mère d'Isabelle à la vie.


Ce roman est la révélation d'un réel talent. Isabelle Carré n'a pas seulement raconté son enfance, elle a imaginé les blancs, créé des passerelles entre des événements disjoints, éparpillés, dans une géographie familiale de plus en plus complexe. Quel magie pour repeindre des épisodes douloureux, en vaudevilles bouleversants.
Elle rejoint dans ma bibliothèque Lionel Duroy, un autre écrivain cabossé par une enfance tourmentée où plane comme par hasard une vieille famille bordelaise.


Isabelle Carré, a fait de la rêverie, un sas, une parenthèse, pour ne pas étouffer, pour ne pas chercher à tout deviner et à tout comprendre de ses parents, de la fragilité de sa mère, aux humeurs changeantes de son père. Elle ressent une bizarrerie, qui fait d'elle un vilain petit canard, qui n'est pas tout à fait comme les autres enfants.
Ses parents, poursuivent parfois semble-t-il des chimères, comme des châteaux en Espagne, des rêves un peu fous.

Alors oui, ce sont des rêveurs, vus de loin, une périphrase pour ne pas dire, des parents un peu déglingués, riches un jour ruinés le lendemain.

Il est difficile d'imaginer le parcours chaotique d'Isabelle Carré, où la peur envahit chaque enfant, au point de les pousser à des postures violentes, "le voisin craque, exige que mon frère arrête avec ce piano, qu'on n'a même pas pris la peine d'accorder il ne cesse de jouer pendant des heures improvisant Keith Jarrett." p 108.
Ce sont aussi des actes insensés, comme cet envol d'Isabelle à l'âge de trois ans, depuis le 2ème étage, pour rejoindre sa mère, dans la crainte possible, d'être oubliée.

Puisque l'homosexualité du père est au coeur du livre, sa révélation, devient un épiphénomène, tant les indices, les attitudes ambivalents du père, ne pouvaient que révéler une personnalité singulière. Comment ne pas remarquer cette peinture faite par un ami du père, sur la porte de leur appartement, côté public, vu sur le palier, ou deux hommes nus courent sur une plage !

l'adresse d'Isabelle Carré, est d'avoir su se moquer de la fragilité ou de la singularité de ses parents sans jamais les juger, en ayant pour eux de la tendresse, celle qui a manqué à sa mère, une tendresse où les bras brusquement vous enveloppent, telles de grandes ailes pour vous protéger de la tempête.



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Isabelle raconte son enfance et la vie de ses parents, les rêveurs. Leur rencontre était improbable : la mère d'Isabelle enceinte et reniée par sa famille d'aristocrates qui attendait qu'elle accouche pour faire adopter l'enfant, et son père artiste refoulant son identité amoureuse. Pourtant le couple s'installe dans un appartement dans le 7ème arrondissement de Paris. du rouge, de la couleur, des tableaux, un piano, Isabelle et ses deux frères grandissent dans un habitat peu adapté pour des enfants. Leur mère, secrétaire de direction, combat sans cesse ses démons, ses angoisses, sa fragilité. Les enfants grandissent livrés à eux-mêmes, sans réelle tendresse. Isabelle ressent de l'insécurité, sa mère n'est pas vraiment là, ne la sauvera d'aucun danger. Leur père peint, travaille et mène une vie parallèle et un peu secrète.

Les enfants ont du mal à trouver leur place à l'école. La normalité est, pour eux, à la maison et celle des autres terrorise cette petite fille.

Une tentative de suicide à l'âge de quatorze ans fait comprendre à Isabelle qu'elle doit quitter ses parents qui se séparent, vivre seule malgré sa terreur, se construire. Son père ne combat plus son homosexualité, sa mère ses talents d'artiste. Ils trouvent l'un et l'autre une sorte de stabilité.

Isabelle trouve sa voie, sa passion : le théâtre. Quoi de plus réconfortant que de se mettre dans la peau de personnages différents ?

C'est un très beau récit de souvenirs, pudique et sobre. La plume de l'auteure, ferme et posée, fait remonter ses souvenirs, ses ressentis de petite fille, son enfance chaotique dans un désordre total et vécu.

Il est très difficile de donner son avis sur un roman lié à l'enfance, celui-ci est délicat.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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L'autrice, qui est aussi actrice, nous livre ses confidences sur son enfance solitaire et la vie tourmentée de ses parents qui se sont unis et sont restés ensemble plusieurs années sur une sorte de malentendu.
Seule fille au milieu de deux frères, ayant un père artiste cherchant sa voie (sexuellement) et une mère évanescente, Isabelle Carré ne cache rien de ses névroses, sa ou ses tentatives de suicide (à l'image de celles de sa mère), son séjour en hôpital psychiatrique a une époque où il restait encore beaucoup à améliorer à ce sujet . Ce livre représente pour elle une thérapie nécessaire et une preuve de l'amour et de la tendresse qu'elle porte à ceux qui sont des parents aimants, en dépit de leurs problèmes.
La playlist (que j'ai trouvée brève et pas toujours exacte) à la fin du roman est finalement superflue, l'évocation de diverses chansons de la fin du XXème siècle au fil du récit me parait suffisante.
Elle nous raconte "une enfance rêvée plutôt qu'une enfance de rêve", j'ajoute une enfance non pas mal aimée mais maladroitement aimée.
Et comme de juste, le théâtre l'a aidée à s'en sortir de façon majeure.
Je ne pensais pas, en commençant cette autobiographie, l'apprécier à ce point.

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Isabelle Carré brosse avec tact le portrait de ses parents : couple atypique ( classe sociale opposée),une mère rejetée par sa famille, un père artiste au goût japonisant.

Puis, elle fait défiler ses souvenirs d'enfance, revisite leurs sorties dominicales.
C'est en fouillant le passé de ses géniteurs qu'elle exhume bien des fêlures.

Des mots : «  abandon, tristes, mélancoliques », reflètent l'état d'âme des adultes d'où le besoin pour la narratrice d'échapper à cet enfer borderline. Lors de son séjour à l'hôpital, suite à une TS, qu 'elle relate avec autodérision, elle noue des amitiés, et se découvre une vocation pour le théâtre, ce «  lot de consolation merveilleux ».
le jour où le père fait son coming out, le couple explose et il s'ensuit un véritable séisme.Tout s'éclaire pour la narratrice (le changement de look, les lectures de Lui, de Gai Pied ). La musique , la danse, l'écriture, ont oeuvré à sa résilience. Rebondissement : le fils aîné retrouve son père, la mère son premier amour.

La comédienne démontre que « l'hérédité, même douloureuse, peut être une force ».
Elle signe un récit à la veine autobiographique, empreint de nostalgie,traversé de peurs, d'interrogations, de rêves comme chez Sempé. Un premier roman prometteur !
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Nous avons presque tous rêvé d'avoir des meilleurs parents, et nous grandissons dans la vie avec nos souffrances, nos peurs, nos espérances et celles de nos parents en cadeau! Isabelle Carré, sortie de l'enfance, s'y replonge avec finesse, sincérité, et un brin de critique quand même. Avec de nombreuses références musicales surtout, elle a su me toucher au plus profond de mon passé, quand j'étais cette mère trop jeune, pétrie de bons sentiments soixante-huitards, et partagée entre l'envie de tout bien faire et celle de vivre autre chose, plus loin, plus haut! Ce roman sera probablement lu par deux générations la nôtre, et celle de nos enfants, ceux qui ont connu l'incertitude, et qui sont entrés dans la vie avec nos désillusions. Que d'émotions en lecture!
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La narratrice/autrice raconte sa mère et son indignité de fille-mère dans les années 60 et dans une famille aristocrate très à cheval sur les apparences. Elle raconte son père, issu d'un milieu modeste et étudiant aux Beaux-Arts qui est tombé sous le charme de cette femme fragile et perdue. « Il l'a prise en main, les a portés, elle et son enfant. Je sais combien cet homme a changé le cours des choses, a transformé sa vie, ses connaissances, puis modifié ses désirs et ses habitudes, de quelle façon il a bouleversé son regard sur le monde, sa façon d'être au monde. » (p. 22) Elle raconte son enfance dans la maison rouge, les ambiances différentes entre les maisons des grands-parents maternels et paternels, les jeux et les gamineries si délicieuses. « Notre univers avait la texture d'un rêve, oui, une enfance rêvée, plutôt qu'une enfance de rêve. » (p. 47) Car derrière la portrait idéal d'une tribu joyeuse et un peu bohème, il y a des fêlures, des secrets, des mensonges, comme dans toutes les familles en définitive. Dans la famille Carré, il y a du refoulement, des appétences pour le suicide et de l'autodestruction. « Je me suis demandé si ça valait la peine. C'est long, interminable. Est-ce qu'on va continuer comme ça longtemps ? C'est si vide. Tellement vide que j'ai eu envie de sortir de là. » (p. 91) La suite ? Elle reste à vivre.

C'est tout le talent d'Isabelle Carré, actrice lumineuse dans chacune de ses incarnations, de me faire apprécier sa douce autofiction, moi qui abomine ce genre. On ressent toute la bienveillance tendre et l'indulgence un peu agacée qu'elle a envers les errances de ses parents, mais aussi envers ses propres démons. « Pourquoi désire-t-on par-dessus tout l'inaccessible ? » (p. 162) Elle parle de sa famille pour parler d'elle, en une façon pudique de se présenter sans prendre toute la lumière. Au terme de son récit familial, elle interroge le besoin d'écrire et la pulsion de se raconter dans la fiction. Les rêveurs est un texte délicat sans être niais, brutal sans être agressif, lucide sans être accusateur. C'est la mise en mots d'une prise de conscience lente, sans doute douloureuse, mais salvatrice puisque créatrice de beauté.
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Les rêveurs d'Isabelle Carré est un très joli roman autobiographique qui m'a charmé de la première à la dernière page.
Tout m'a plu dans ce livre. Nous découvrons Isabelle, son enfance, ses parents, ses frères...
Des souvenirs, des impressions...
Une très jolie écriture, très touchante, qui donne un joli premier roman.
Je viens de le terminer avec plaisir pendant ma pause déjeuner, et j'en garderais un souvenir ému.
Je n'ai pas envie de trop en dévoiler, il y a déjà eu plusieurs critiques dessus alors je dirais juste : A lire :) Pour découvrir une comédienne qui écrit bien et dont l'écriture est vraiment prometteuse.
Merci beaucoup aux éditions Grasset et net galley pour la découverte.
Je mets quatre étoiles et demie pour Les rêveurs :)
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J'adore les autobiographies, et j'aime beaucoup Isabelle Carré : je ne pouvais donc pas passer à côté de la lecture des "Rêveurs", paru l'année dernière.
La comédienne y raconte dans un ordre qui est le sien son enfance heureuse mais si particulière, entre une mère peu sûre d'elle issue de la haute aristocratie vendéenne, et un père designer et homosexuel refoulé. Pas facile pour la petite fille sensible qu'elle était d'évoluer entre les deux et leurs problèmes, et de trouver sa place : tentative de suicide, émancipation précoce en témoignent. Mais ce qu'elle en retient et nous présente dans son livre, ce sont surtout les douces folie et anormalité qui entourent cette bande de rêveurs, et qui lui ont permis d'avancer et de trouver sa voie.
Bref, un beau livre sensible et un peu brouillon que j'ai beaucoup aimé.
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