Quel personnage flamboyant, digne des plus grandes épopées ! Né en pleine seconde guerre mondiale, Edouard Savenko dit
Limonov, fils d'un obscur fonctionnaire du régime stalinien, enchaîne milles vies : tailleur, truand puis poète dans son URSS natale, successivement sans-abri et domestique à New-York avant d'être reconnu comme écrivain et journaliste à Paris. Après la chute de l'empire soviétique,
Limonov devient soldat en Serbie où il ne s'affiche pas forcément du côté des plus vertueux. Mais comment être un juste dans la poudrière des Balkans à la fin du XXème siècle ? Par la suite, il fonde le parti national-bolchevique et choisit délibérément la voie de la dissidence et de l'emprisonnement dans une Russie en pleine déliquescence.
Marcher dans les pas de
Limonov, c'est vivre toutes les convulsions de l'URSS, de son zénith aux conséquences de son effondrement, en compagnie d'un homme baroque, pas forcément sympathique, qui aime par-dessous tout nager en eaux troubles.
Lire
Limonov, c'est aborder une nouvelle fois l'écriture singulière d'
Emmanuel Carrère qui n'hésite pas à se mettre en scène, à entrer dans son livre de plein pied, non pas de façon narcissique (bien au contraire), mais plutôt pour s'obliger à poser un autre regard sur des faits communément admis par tous. Ce n'est pas forcément confortable mais indéniablement percutant.
Se plonger dans ce récit, c'est se saouler avec la plus fortes des vodkas, les Clash à plein volume en bande son.