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3,92

sur 1047 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un certain temps que je n'avais pas lu Donato Carrisi, que j'ai découvert grâce à son célèbre Chuchoteur (que je projette d'ailleurs de relire puisque je n'ai jamais lu les deux derniers tomes). "La fille dans le brouillard", thriller psychologique également, est pourtant bien différent : il est effectivement bien plus soft, moins violent. Mais j'ai tout de même adoré.

La fille dans le brouillard, c'est Anna Lou, jeune adolescente de seize ans qui a disparu deux jours avant Noël, alors qu'elle se rendait à l'église donner un cours de catéchisme à de jeunes enfants. Qu'est-il arrivé à cette jeune fille, bien sous tout rapport, bien élevée, un peu timide et souvent trop discrète, qui aime les gens et les chats ?

L'enquête est confiée au commandant Vogel. Ce dernier, doué dans ce qu'il fait, quelque peu maniaque et excentrique, minutueux et stratégique, ne peut fonctionner s'il n'est pas sous les feux des projecteurs. Obnubilé par son image médiatique, il lui faut absolument résoudre cette affaire, d'autant que la dernière en date a quelque peu terni sa réputation. Mais comment nourrir les médias et leurs publics sans le moindre indice à offrir ?

Autant le dire maintenant, je n'ai pas apprécié les personnages principaux : Vogel est bien trop égocentrique et manque cruellement d'empathie, alors que Martini, qui sera rapidement admis comme le suspect n°1, est tout le contraire, mais un quelque chose m'a gênée chez lui dès le départ. On s'imagine bien qu'il ne faut pas se fier aux apparences, malgré les doutes et les interrogations qui planent au-dessus de sa tête, mais j'ai tout de même senti qu'il n'était pas tout à fait net. le déroulement des événements prouvera que je n'avais pas tout à fait tort, bien que d'une manière tout à fait inattendue. Bref, je n'ai pas aimé ces deux personnages que l'on suit tour à tour d'un chapitre à un autre, d'un paragraphe à un autre. Mais c'est certainement voulu par l'auteur, car leur psychologie est tout de même habilement travaillée, leur personnalité bien campée dans l'intrigue.

L'enquête, quant à elle, est menée d'une manière plutôt inhabituelle. Vogel, se focalisant davantage sur son image et sur sa réputation plutôt que sur le sort de la victime, aura tôt fait de diriger les caméras vers "le monstre". Il manipulera ingénieusement les médias afin que le présumé coupable soit jugé avant même de passer au tribunal. Sans preuve et sans cadavre, grâce aux médias, l'enquête peut continuer et la justice suivre son cours... Ainsi, on oublie vite Anna Lou. Retrouver son corps et savoir ce qui lui est arrivé deviennent des éléments de l'enquête complètement obsolètes. le public a besoin d'un méchant, d'un coupable, d'un monstre pour rester dans l'histoire, pour ne pas décrocher...

Il n'y a finalement que le lecteur qui pense à elle, qui veut connaître la vérité vraie, celle à laquelle les médias n'y trouvent pas leur compte dans les audimats. Mais nous, lecteurs, on s'accroche à ça et l'on devra prendre notre mal en patience pour que les révélations se fassent enfin... Et c'est subtilement bien joué de la part de l'auteur qui réussit à nous garder, à nous tenir en haleine, malgré des personnages détestables et un contexte médiatique malaisant.

Les ingrédients pour faire un bon thriller sont justement dosés : Pas de preuve, pas de cadavre, mais des indices qui n'ont aucun sens (tant qu'ils ne sont pas recoupés tout du moins). du suspense tout du long. Des médias (et leur public) mine de rien tournés en ridicule. Des personnages bien campés. Une ambiance "médiatisée" et alpine bien ancrée. Une intrigue captivante. Un dénouement quelque peu excessif, mais inattendu et épatant.

Un chouette moment de lecture !
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C'est le premier roman de Donato Carrisi que je lis. Jusqu'ici, j'avais toujours repoussé car je redoutais la violence…

Une jeune fille sans histoires, transparente même, a disparu, dans un village un peu paumé, dans une famille étrange, pieuse, pratiquante, mais façon secte : elle a beaucoup d'interdits de la part de sa mère, adepte de lois drastiques qu'elle instaure elle-même, au nom de Dieu, et qui n'ont rien de spirituel, avec des jeûnes un peu fantaisistes entre autres. En fait, cette gamine n'a droit à aucun plaisir ; elle est obligée de tenir un deuxième journal intime car sa mère lit le premier, dans son dos !

Plus que l'intrigue elle-même, c'est la manière dont l'auteur aborde le rôle des médias, qui veulent vendre de l'image choc à tout prix, faire le buzz comme on dit de nos jours, le tout orchestré par Vogel, un flic tordu, manipulateur qui n'hésite pas à fabriquer des preuves pour imposer sa théorie et mettre en scène les évènements:

« A ce moment-là, Vogel mit son plan à exécution. D'abord, il missionna deux de ses hommes pour acheter des bougies et des lampions, ainsi qu'une douzaine de chats en peluche. Puis, il envoya quelques agents en civil poser ces objets sur un muret devant chez les Kastner. Maintenant, il fallait attendre. » P 73

Lors de cette enquête, il ne s'agit plus de répertorier les faits, rechercher les preuves. Non, pas du tout, on désigne le coupable et on monte la population contre lui, on fait ingurgiter des tonnes d'informations (ou plutôt de désinformations !) aux gens qui ne sont plus capables en penser par eux-mêmes et se laissent imbiber par tous ces matraquages.

Donato Carrisi décrit bien la société actuelle, branchée en permanence, où l'on veut être vu, à la télé ou autre : être célèbre à tout prix pour être sûr qu'on existe, à l'heure où la téléréalité est omniprésente !

Il pose aussi une question : y a-t-il un manipulateur en chacun de nous, car personne n'est blanc, en fait dans cette histoire.

Au cours de cette lecture, on pense forcément à l'affaire du petit Gregory, aux rancoeurs qui peuvent s'accumuler dans les petits villages, où tout le monde surveille tout le monde, aux fuites d'informations…

Bonne pioche donc, car une fois commencé ce roman se lit de façon addictive et le suspense est présent jusqu'à la dernière ligne et un grand merci à Babelio et aux éditions « le livre de poche », en particulier à Ninon qui se reconnaîtra…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Je suis terriblement fâché.
Ce livre est trop court. J'en demandais encore.
Par contre, il est très efficace.

On est loin des livres précédents de Carrisi.
L'histoire est plus classique, moins sanglante, mais fait plus peur.
On est très près du "probable", et c'est ce qui fait peur.

Comme dit le personnage: "Ce n'est pas la justice, ni les victimes qui intéressent le public, ... se sont les monstres".

Effectivement, se sont les méchants qui font l'histoire.
On est très bien servi ici.
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Avec les ingrédients habituels d'un certain genre policier, Donato Carrisi nous offre une belle envolée dans la dimension médiatique des affaires criminelles.

Tout le monde en prend pour son grade, la police, la justice et les médias.
Dans une société actuelle où il n'y a plus de morale et un épais vernis de méchanceté et de cynisme manipulent l'opinion publique, le romancier met en lumière les mécanismes qui régissent la marchandisation des informations et autres procédés peu scrupuleux inévitables, utilisés dès lors qu'une affaire dévient médiatisée.

Le regard qui porte l'auteur italien est acéré, désabusé, puisqu'il sait que les mots qui informent peuvent être soit des mots qui séparent soit des mots qui réparent.

La curiosité morbide du public est ainsi alimentée et manoeuvrée par des gens qui cherchent à en tirer un profit personnel.

A quels différents enjeux sont soumis les médias qui nous livrent quotidiennement les informations ?

Le tomber de rideau est très bien amené, car à un moment précis le lecteur patauge littéralement dans une mare de contradictions et voit sa foi en l'humanité réduite en miettes.

Cela ne risque pas d'arranger les choses :)


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Donato Carrisi nous emmène dans une vallée des Alpes pour mener une enquête sur la disparition d'une adolescente. Un auteur que je découvre.

On n'est pas dans une série , l'histoire est bouclée . C'est un point positif pour les lecteurs infidèles qui passent allègrement d'un auteur à un autre, d’un genre à un autre . Bonne nouvelle, ce n'est pas sanguinolent, on va se concentrer sur l'énigme et la psychologie plutôt que de frémir d'horreur en pataugeant dans l'hémoglobine.

Tout est inquiétant dans ce milieu fermé et isolé, perclus d'une religiosité sectaire, qui vient de vivre un séisme économique. Une mine enrichit une partie de la population jalousée par l'autre. Les touristes ne viennent plus , la rivière est polluée et la montagne saccagée .

La névrose obsessionnelle du commandant Vogel sur ses costumes et cravates plonge d'emblée le lecteur dans un abime de perplexité . L'enquêteur lui-même est un personnage bizarre, limite inquiétant , ça promet. Son souci du paraître va de pair avec son goût du spectacle et de l'utilisation des médias. Bon vous l'avez compris, si la police a des choses à se reprocher, et on le sait très vite, on ne peut pas deviner qui a tué et pourquoi.

On est carrément dans le brouillard jusqu'à la fin. La structure temporelle du roman qui nous balade, ouvre plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Est-ce tiré par les cheveux ? Inutilement complexe ? un moment j'y ai pensé .

La plume est belle, on le suit volontiers, même si le manque de simplicité, le côté baroque agace ...en tout cas, il ne laisse pas indifférent .

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Encore une histoire de jeune fille disparue… Tout n'a t-il pas déjà été dit et développé dans ce genre d'intrigue ? La question est légitime. Sauf que c'est Donato Carrisi qui s'y colle et ça change complètement la donne.

La fille dans le brouillard, ou comment sortir avec brio de la nasse des romans du genre. Carrisi a trouvé un angle d'attaque différent, orientant l'enquête de manière originale. Pour ça, il s'est appuyé sur son passé de criminologue, ce qui crédibilise l'ensemble.

Il n'est pas ici question de décrire dans le détail ce que subit cette jeune fille, sa présence (ou son absence) reste nébuleuse. L'auteur a pris le parti de nous raconter cette histoire à travers les réactions d'une communauté (le village) et des manipulations (leurs secrets, l'influence de l'enquêteur principal et celle des médias).

C'est un vrai thriller, à l'image de son final surprenant, mais un thriller différent, sans la recherche de rebondissements incessants. L'auteur nous plonge au plus profond de l'enquête, selon plusieurs points de vue.

Entre un commissaire « star » aux méthodes originales (pour ne pas dire douteuses) et des médias omniprésents, c'est une vraie photographie de ce que peut devenir une investigation de nos jours, entre manipulations et réactions à chaud.

L'heure n'est plus à la recherche de la vérité mais à celle d'un coupable idéal, les minutes comptent au détriment de l'analyse, les secondes s'égrainent avant chaque intervention médiatique. Il faut de la chair fraîche pour que « l'information » reste toujours au devant de la scène.

Oui la scène, tant tout ceci tourne parfois au théâtre. Les gens attendent d'être bouleversés, qu'importe la raison.

Comme le fait dire l'écrivain à l'un de ses personnages : « Je t'ai emmené du coté obscur de la lumière. Parce que la lumière aussi en a un, même si tout le monde n'arrive pas à le voir ».

La fille dans le brouillard est un roman prenant, intelligent, où Donato Carrisi se fond dans l'histoire pour qu'on s'en imprègne. Style volontairement dépouillé, assez éloigné de son précédent roman Malefico, et démonstration que la vérité est bien ailleurs.

Le roman a rencontré un immense succès en Italie, sera adapté au cinéma, et ce n'est que justice tant il arrive à concilier bon divertissement et passionnante analyse sociétale.

Donato Carrisi a réussi à transcender un sujet qu'on aurait pu croire rabâché, preuve une fois de plus qu'il est un auteur incontournable. Une très belle réussite.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Un polar qui détonne avec les autres titres de l'auteur. Ici il est question de la manipulation des médias sur l'opinion public et ce qu'ils peuvent apporter (positivement et négativement) sur une enquête. Ici, l'enquêteur est très connu, et le coupable est vite désigné. Mais est-ce vraiment celui-ci, veux t'on juste rassurer l'opinion public, et si le vrai coupable était ailleurs ?
Un bon livre, pas son meilleur mais la thématique est intéressante.
Il est en cours d'adaptation cinématographique.
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Je suis devenu un fan de Donato Carrisi depuis qu'il m'a embarqué avec son diptyque « le Chuchoteur » et « L'écorchée ». Mais je n'ai jamais eu l'occasion de sortir de cette série et de lire un roman avec d'autres personnages. Alors est-il aussi efficace dans un contexte différent?

Je ne vais pas tourner autour du pot et répondre tout de suite par l'affirmative. Comme à son habitude, il a su aborder son histoire sous un angle singulier. En effet, si je vous résumais l'affaire (ne vous inquiétez pas, je ne vais pas réellement le faire !), vous me diriez que c'est typiquement le genre de scénario que suit tout thriller qui se respecte. En ce cas, pourquoi ça fonctionne quand même ? Parce que l'auteur va faire intervenir une variable : la puissance des médias, et ainsi tout bouleverser. Dans cette enquête, il met le doigt sur l'omniprésence de l'information. Chaque décision, chaque témoignage, chaque rebondissement est dépendant de ce que vont en faire les journalistes. On constate alors que tout élément prend une autre valeur lorsqu'il passe dans la moulinette de la presse. Les gens sont influencés et les rapports sont pipés et on en perd tous nos repères. Tous les protagonistes me sont apparus comme guidés par leur image et aucun ne m'inspirait confiance. Grâce à cette approche, je ne savais plus à qui me fier.

Dans un texte peut-être un peu trop court, avec une écriture facile d'accès, Donato Carrisi a une nouvelle fois réussi à me charmer. Il m'a fait naviguer dans le temps avant et après le drame, afin de mieux me perdre. Au final, j'ai été bluffé par le dénouement du livre même si quelques engrenages de l'intrigue m'ont paru un peu douteux. L'essentiel est que j'ai pris un grand plaisir à me laisser trimballer par la malice de cet écrivain, qui continue à contribuer au remodelage du thriller policier contemporain, en apportant sa touche si remarquable.
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Un bon roman policier, lu d'une traite.
Vous savez que Anna Lou, seize ans, "une jeune fille tranquille qui menait une vie simple",n'est pas revenue chez elle, le 23 décembre.
Le commandant Vogel qui vient enquêter est un personnage très médiatique, à l'ego démesuré. Il n'hésite pas à "aider un peu le destin".
Il ne cherche pas forcément un coupable, mais un monstre. Un monstre et une affaire qui mobilise les esprits et le mette en valeur.
Pour cela il faut employer les grands moyens, quitte à tricher, et déplacer une équipe de télévision et de nombreux journalistes.
Le roman met particulièrement en évidence l'influence des médias, leur pouvoir de manipulation. Bien orchestré par le très élégant, le très voyant Vogel. Et tant pis si "l'enquête avait coûté des millions aux contribuables".
Le roman est bien construit, les motifs du kidnappeur bien analysés. Et bien sûr, comme tout policier, le coup de théâtre final. Sans effusion de sang.
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Dans un petit village de montagne où tout le monde se connait, une jeune fille, Anna Lou, disparait la veille de Noël, s'agit-il d'une fugue ou autre chose ? Un mystère qui, tout au long du livre, nous fera vivre des émotions dramatiques. Un thriller bien mené où de rebondissements à l'intrigue, il nous donne la chair de poule. Un roman qui se lit d'une traite. On ne s'ennuie pas, et………attendez-vous à une fin assez surprenante.
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