Au centre névralgique de la Recherche du temps perdu de
Proust : Albertine. À découvrir sous les angles les plus inattendus, en moins de 50 pages de critique littéraire poétique et joueuse, grâce à Anne Carson.
Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/05/09/note-de-lecture-atelier-albertine-anne-carson/
En 59 fragments numé
rotés et 16 appendices qui le sont également, la poétesse canadienne Anne Carson explore, en multipliant les approches et les angles de vue, des plus logiques aux plus joliment apparemment incongrus, la présence du personnage d'Albertine dans les trois mille pages du « À la recherche du temps perdu » de
Marcel Proust. Conçu lui-même comme un exercice de conjuration au coeur du « désert de l'Après-
Proust », après avoir achevé la lecture du monument, par bribes quotidiennes pendant sept ans (ainsi que l'autrice
le confessait au cours d'une lecture rapportée par
Claude Grimal – voir ci-dessous), ce poème de critique littéraire (Anne Carson aime à produire des textes résolument inclassables selon les habituelles catégories figées) prend un malin plaisir à surgir là où on ne l'attend guère, opérant ses choix judicieux et surprenants parmi les innombrables buissons de l'aventure en forme de paradoxe temporel du petit (et moins petit) Marcel – comme l'avait signalé dans sa célèbre boutade sérieuse le grand
Gérard Genette.
Monolithe apparent à toute première lecture, aux abords pouvant même toucher au rocailleux, le personnage d'Albertine révèle ses formes multiples sous le feu joueur de cette exégèse qui se défend brillamment d'en être une. Avec le truchement occasionnel mais toujours redoutable de passeurs de (bonne) fortune tels que
Samuel Beckett,
Roland Barthes ou
Chris Marker, l'épaisseur de ce personnage central, troublant, agaçant et (paradoxalement) vital se révèle sous un jour matériellement différent – en moins de cinquante pages, des dizaines de perspectives s'ouvrent. C'est à
Claro que l'on doit non seulement la traduction mais le relais en France de ce texte de 2014, publié en 2017 dans la collection Fiction & Cie du Seuil. Grâces proustiennes et littérairement curieuses lui soient donc sincèrement rendues pour cette belle découverte !
Si vous voulez en savoir (beaucoup) plus, il faut lire bien sûr le texte de
Claro dans L'Autre Quotidien, ici, et / ou le texte de
Claude Grimal (dont je ne partage toutefois pas l'avis mesuré sur la traduction) dans l'indispensable revue en ligne En attendant Nadeau, ici.
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