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sur 91 notes
Dernier titre découvert lors de l'édition 2022 du challenge The Irish Readathon. La paternité irlandaise au coeur du récit, encore. Mais en Irlande du Nord cette fois ; alors qu'A l'irlandaise de Joseph O'Connor se situait à Dublin.

Pas un mais deux pères sous la plume de Jan Carson, dans le chaud été Belfastois de 2014.
Le feu couve et quelques étincelles jaillissent dès le mois de juin dans les quartiers Est de la capitale (alors que le traditionnel défilé orangiste n'aura lieu que le 12 juillet, comme chaque année). Une vidéo circule dans laquelle un homme masqué appelle la jeunesse aux incendies et aux émeutes. Sammy, un ancien paramilitaire loyaliste qui a commis quelques horreurs, reconnaît son fils Mark dans cette silhouette. Il l'a toujours su, il a toujours senti que son enfant avait hérité de sa cruauté mais là où lui l'évacuait par la « simple » violence, le jeune homme fait montre d'une froideur et d'un calcul encore plus inquiétants. Lui a-t-il transmis tout ça ? Est-il responsable de ses actions et des débordements de cet été 2014 ?
Quelques rues plus loin, Jonathan apprend la cohabitation avec un nouveau-né. le sien. C'est Sophie, une petite fille arrivée presque par magie. Une chimère en devenir, surtout si elle suit les traces de son étrange mère. Comment peut-il gérer ce petit être dont il est dorénavant responsable ? Comment offrir les meilleures chances à sa fille en la protégeant de l'extérieur et surtout, sans libérer la monstruosité qui sommeille en elle ?

Dans une ville folle où un conflit sans fin voit sans cesse se répéter les mêmes erreurs et s'affronter des milliers d'habitants, malgré des accords de paix entérinés, comment être père ?

La quatrième de couverture laissait présager une rencontre et une véritable entraide entre les deux hommes. Mais cet aspect n'entre en jeu que dans le dernier tiers du roman et n'est pas tellement développé (en tout cas beaucoup moins que je l'imaginais). Il y a en fait très peu de scènes partagées par les deux pères même si, effectivement, elles permettent des « déclics » pour chacun d'eux. Sammy et Jonathan se retrouvent finalement assez isolés dans leur paternité, les questionnements et l'angoisse qu'elle engendre.

Quel titre étrange que celui-ci. Quelle beauté dans la description si réaliste et poignante de la paternité coupable vécue par Sammy mais quel « what the fuck » que le réalisme magique de la rencontre de Jonathan avec une sirène… je sais bien que la métaphore est de mise mais j'ai parfois eu du mal à passer d'un chapitre à l'autre tant j'avais l'impression d'un décalage : happée par la paternité vécue par le premier mais plutôt très étrangère à la seconde.

Ce n'est pas une lecture facile que ce roman et je ne sais toujours pas si je l'ai aimée… mais elle m'a marquée, ça oui ! Et je suis assez curieuse de lire le prochain titre traduit en français de Jan Carson (début 2023 a priori).
Lien : https://bazardelalitterature..
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En Irlande du Nord en juillet, il est de coutume d'allumer des bûchers pour célébrer la victoire en 1690 du roi protestant Guillaume d'Orange sur son ennemi catholique Jacques II.
Malgré l'apaisement entre les deux communautés concrétisé en 1998 par l'accord du Vendredi Saint conclu après trente années de guerre civile pudiquement nommées « The Troubles », ce rite perdure.
En cet été 2014, Belfast est accablée par une chaleur inhabituelle. Mais il est vrai que rien n'est ordinaire dans cette ville du nord-est de l'Ulster. L'auteure la qualifie même de saugrenue.
Nous ne sommes qu'en juin et la capitale de l'Irlande du Nord s'embrase. Et ces « Grands Feux » qui la brûlent n'ont rien à voir avec ceux de la tradition ni avec les feux de joie que les habitants attisent ça et là en marge des cérémonies officielles.
Ces feux-là ont été allumés pour détruire. Sammy Agnew, la cinquantaine, sait qui les a déclenchés. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, il reconnaît, derrière un masque de Guy Fawkes, l'un des instigateurs de la Conspiration des Poudres, son fils Mark surnommé « le Lanceur de Feu » qui milite pour le respect des libertés civiques.
L'ancien paramilitaire loyaliste à la colère rentrée qu'il pense avoir inoculée à son fils se sent responsable de ce déferlement de violence.
Non loin de là, Jonathan Murray vit en autarcie avec sa fille, un bébé de quelques mois, un bébé qui ne doit pas parler et encore moins chanter, un bébé qu'il doit faire taire à tout prix car elle est le fruit d'une relation qu'il aurait eu avec une sirène aux pouvoirs d'ensorcellement...
Cela paraît farfelu mais on y croit parce que Belfast est tout sauf raisonnable.
En incarnant une époque et un lieu avec ces deux personnages d'hommes seuls, à la dérive et en quête de rédemption, Jan Carson, dont on s'étonne que « Les lanceurs de feu » ne soit que le premier roman traduit en français, nous offre une superbe parabole sur la paternité, la transmission, le déterminisme, le fatalisme, le sacrifice et sur le choix manichéen entre le Bien et le Mal.
Si son parti pris original fait la part belle au fantastique et à l'onirisme, son écriture, puissante, inventive et flamboyante, le magnifie.
L'une des plus belles et plus poignantes lectures de cette fin d'année.

EXTRAIT
Les gens du coin (…) supposent que n'importe quel individu plus sombre qu'un fromage de chèvre est plus que probablement africain. Ils ne sont pas racistes. Ils ont simplement très peu voyagé.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Jan Carson vous emmène passer l'été à Belfast, 3 mois, de juin à août 2014, sous une chaleur torride. Dès juin, la préparation des parades orangistes met tout le monde sur des charbons ardents. Cette année, c'est encore plus particulier que d'habitude avec des brasiers qui vont encore chauffer l'ambiance. Qui allumera le plus haut brasier ? Une vidéo sur Internet posté anonymement par un mystérieux Lanceur de feu et appelant à la Rébellion, met rapidement la police et les medias sur les dents. La peur se propage à travers la ville où les feux naissent comme par magie, à une allure folle. Au milieu de tout ce bordel surréaliste, le lecteur va découvrir quelque chose d'encore plus bizarre. On rencontre 2 hommes. Sammy pense savoir qui est l'auteur de l'appel à la haine lancé sur internet. Jonathan, médecin aux urgences, reçoit un appel au secours d'une femme qui va bouleverser sa vie. Un jeune plein de rage et une petite Sophie à la peau diaphane, aux cheveux sombres et luisants comme s'ils étaient toujours mouillés. Deux papas qui se ronge les sangs, dépassés par leur progéniture dans un Belfast qui peine à panser ses plaies après 3o ans de guerre civile. Des Enfants Infortunés cachés à Belfast-Est.
Jan Carson utilise ce qu'elle appelle le réalisme magique pour évoquer cette folle ville de Belfast, où tout le monde a peur de tout le monde, où le feu peut rapidement renaître de ses cendres à la moindre étincelle Où le peur guide les gestes et fait finalement toujours présager le pire.
C'est un roman hypnotique. Jan Carson vous attrape et ne vous lâche pas, redoutable jusqu'à la dernière ligne, jusqu'au dernier mot.
Un gros coup de coeur pour ce roman qu'on ne peut pas oublier ! A lire !
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Ce livre entremêlent la trajectoire de deux hommes en proie à des sentiments terrifiants : angoisse, peur de l'avenir et du devenir de leurs enfants. Pour le premier, d'un fils adolescent qui l'inquiète par sa noirceur, le deuxième, de sa fille de quelques semaines -mois- à laquelle il lui prête des pouvoirs étranges.
d'abord hautement prometteur, le livre explore la révolte du peuple de Belfast des années 2014 ainsi que des inquiétudes viscérales qui la nourrisse, par deux niveaux d'intrigue, deux classes sociales en proie au même sentiments. Puis, de la douleur d'être père, de perdre le contrôle sur sa progéniture.
Le récit devient alors incohérent, sinueux, et peux perdre le lecteur qui attend le concret, la ressource brute que lui a promis les premières pages de ce roman... Il s'éloigne de plus en plus de Belfast et de cette révolte pour se nicher dans une subjectivité des personnages et de leurs contradictions que rien ne relie à l'embrasement de Belfast, qui disparait ainsi au profit d'une histoire dénuée de sens.
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De ce roman singulier, je n'en attendais rien de particulier et ne nourrissais donc pas de « grandes attentes » à son égard.
Dès les premières pages lues, j'ai su que ce livre n'était pas fait pour moi : je suis restée hermétique au récit - en partie fantastique - qui m'a sortie de ma zone de confort sans pour autant me séduire et n'ai pas réussi à entrer dans l'univers proposé par Jan Carson ; je n'ai pas accroché à sa plume (et cela n'enlève rien à son talent !) ; j'ai trouvé le récit trop long, « bizarre », parfois sans queue ni tête …
Bref, je n'ai pas adhéré à la proposition qui m'a été faite et je vous avoue ne pas vouloir retenter cette expérience un peu plus tard afin de déterminer s'il s'agissait d'un problème de timing … ou de goût !
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En 2014 à Belfast, seize ans après l'accord de paix de 1998 en Irlande du Nord, l'été connaît de fortes tensions. Tandis que les commémorations orangistes et leurs feux traditionnels se préparent, de grands incendies s'allument à l'appel d'un mystérieux lanceur de feu, plongeant la ville dans le chaos. le roman raconte en parallèle le quotidien de deux pères de famille, tous deux persuadés que le mal se transmet de génération en génération. Jonathan, médecin, est le père d'une petite fille dont la mère est partie après l'avoir attiré telle une sirène. Certain que sa fille va représenter un danger, il s'apprête à commettre un acte terrible. Sammy, ancien paramilitaire loyaliste, s'effraie du sadisme de son fils et reconnaît en lui l'homme cruel qu'il a été, replongeant dans la sombre période des Troubles.
Jan Carson excelle à décrire une ville divisée, en proie au désordre. Ses personnages sont inadaptés ou dépassés, obsédés par leur passé et leur culpabilité. le portrait d'un adolescent fasciné par la violence est particulièrement terrifiant. Les feux destructeurs, les pluies diluviennes et les inondations qui s'abattent sur la ville donnent une dimension biblique au roman et les chapitres sur les “enfants infortunés” y ajoutent une portée féérique et symbolique.
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Surprenant récit, inscrit dans une réalité parfaitement identifiable - un été marqué par les tensions à Belfast - mais au cours duquel apparaissent quelques éléments fantastiques. Au-delà du contexte nord-irlandais, au-delà de cette touche de fantastique, c'est le parcours de deux hommes que l'on suit, certes très différents, mais pourtant confrontés à une même difficulté, celle d'être père. Accablés par la culpabilité, tous deux présentent que leurs enfants sont la source potentielle de grands dangers, et chacun tente à sa manière d'éviter qu'advienne le pire. Comment les empêcher de parler et d'agir ? Un roman très puissant à la forte charge symbolique. Une auteure à découvrir.
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J'ai aucune putain de volonté. Je comptais balancer salement la couverture du livre, un smiley qui signifie "olalala j'ai trop kiffé" (hésitant donc entre le coeur rouge et celui a la bouche en forme de O qui joue le petit surpris), et en rester là.

Mais non en fait.

Je peux pas me résigner à cette flemme là tellement Les Lanceurs de feu a nourri une soif de choses complètement enfouies, ou qui se sont révélées j'en sais rien j'ai pas vraiment déterminé encore.

Ça retourne pas mal, dans le genre remue méninges. Pas forcément parce que ça se passe à Belfast, mais attention quand Jan Carson développe l'atmosphère de la ville, on est pas loin du Jérusalem d'Alan Moore quand il décrit Northampton. On vit dedans, on se prend cette crasse dont on s'accommode en se disant que c'est pas pire qu'ailleurs.

Ça retourne pas mal, aussi parce qu'il y est question de sirènes, et je parle de la sirène d'alarme autant que la créature fantastique parce que l'auteur s'est fait des noeuds au cerveau (en nous contaminant par extension) afin de lier ces deux mots et d'en faire une sacrée histoire.

C'est l'histoire de deux pères qui sont témoins du mal transmis à leur enfant, hésitant entre baisser les bras, fuir ou tuer le fruit de leurs entrailles.

C'est l'histoire d'une chanson de Prodigy qui vient alimenter les vidéos d'un type qui porte un masque de Guy Fawkes et qui veut provoquer le soulèvement dont tous les irlandais assoiffés de révoltes cherchent depuis qu'ils entendent l'Histoire de leurs prédécesseurs.

C'est un livre insupportable, cruel, qui puise dans le fantastique et le surnaturel afin de broyer les perceptions de la réalité.

C'est un roman indéfendable dont on saisit toute la grandeur parce qu'il ne propose aucune solution au chaos du quotidien et de celui qui est à venir.

Voilà, j'ai aucune putain de volonté mais j'ai vraiment pris mon pied, t'en fais ce que vous voulez. Je sais déjà que certaines personnes vont détester ce roman de par son côté ovni cruel. Je m'en balek et c'était une super expérience de mon côté.
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Finir ce livre a été anormalement long. En dire quelque chose est difficile. Je pense que je ne suis pas très friande du réalisme magique en général. Cela ne me touche pas ni de près ni de loin. Ici, il s'agit de l'Irlande autour de l'été 2014, de la révolte des habitants de Belfast et de la paternité. de la paternité surtout : ce qui en nos enfants est de nous, ce que nous transmettons, ce qui est incommensurablement différent. Comment les pères peuvent protéger leurs enfants de ce qui leur ont transmis, leur peur de voir en eux ce qu'ils n'auraient pas voulu transmettre.
Un beau thème en fait qu'il ne me semble pas avoir si souvent vu traiter ! Mais j'ai eu beaucoup de mal avec le chapitre consacré à la rencontre d'un des pères avec la génitrice de sa petite Sophie, rencontre "magique" d'un être qui n'est pas réellement humain ou au moins d'une étrangeté substantielle. Et aussi avec les chapitres qui évoquent l'existence d'enfants dotés de pouvoirs spéciaux, enfants qui échappent totalement à leurs parents.
Je vois bien l'idée mais cette narration n'est pas ma tasse de thé.

Ceci étant l'écriture est somptueuse et l'auteur mérite le détour.
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Quel beau titre, et quelle lecture singulière...Dans un Belfast infernal et suffocant embrasé par les grands feux protestataires de l'été 2014, la tension monte et les esprits s'échauffent. Jonathan, médecin introverti et solitaire et Sammy, ancienne forte tête option délinquant, s'interrogent sur l'évolution de leurs enfants très spéciaux à haut potentiel criminel. L'écriture est originale et virtuose, l'inspiration mêle contexte quasi documentaire et évoquations fantastiques saugrenues, un peu à la manière des romans japonais. Mais à la différence de ces derniers, le roman manque de poésie: malgré toutes ses qualités ou peut-être à cause d'elles, j'ai survolé l'histoire.
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