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sur 91 notes
L'atout de ce livre est le mélange de fantastique et de réalité sociale crue. Tout le long du texte, on est dérouté par ces 2 aspects; les 2 personnages principaux sont très différents : l'un empli de peur, replié sur lui-même, sans attache, pas d'estime de soi et l'autre empli de violence , de colère, de jalousie, de désespoir. Leur histoire se rejoint autour de la paternité qui va aviver leurs questionnements, ils vont être en observation permanente de leur enfant et vont élaborer une mise en scène. Parallèlement, Belfast, la ville où tout se joue, est décrite avec un réalisme pointilleux : les quartiers, les vies des habitants, les femmes, les enfants, les coutumes... la météo.On sent le chaos toujours proche, une misère sociale permanente, plane un quelque chose de d'inéluctable, un climat lourd. Tous ces éléments nous tiennent en haleine jusqu'à la fin du roman
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Ce livre entremêlent la trajectoire de deux hommes en proie à des sentiments terrifiants : angoisse, peur de l'avenir et du devenir de leurs enfants. Pour le premier, d'un fils adolescent qui l'inquiète par sa noirceur, le deuxième, de sa fille de quelques semaines -mois- à laquelle il lui prête des pouvoirs étranges.
d'abord hautement prometteur, le livre explore la révolte du peuple de Belfast des années 2014 ainsi que des inquiétudes viscérales qui la nourrisse, par deux niveaux d'intrigue, deux classes sociales en proie au même sentiments. Puis, de la douleur d'être père, de perdre le contrôle sur sa progéniture.
Le récit devient alors incohérent, sinueux, et peux perdre le lecteur qui attend le concret, la ressource brute que lui a promis les premières pages de ce roman... Il s'éloigne de plus en plus de Belfast et de cette révolte pour se nicher dans une subjectivité des personnages et de leurs contradictions que rien ne relie à l'embrasement de Belfast, qui disparait ainsi au profit d'une histoire dénuée de sens.
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Belfast, durant la saison des grands feux de l'été 2014, alors que la ville s'embrase par la rébellion de la jeunesse, on partage le destin de deux hommes confrontés à la paternité et qui se questionnent sur l'hérédité et la transmission de la violence.
Un livre brûlant qui mélange le contexte social, le surnaturel, la génétique ..etc
dont l'écriture libre est parfois complexe à suivre.
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Les lanceurs de feu est le premier roman de la nord-irlandaise Jan Carson. Je l'ai terminé il y a quelques semaines (merci à @tiphanieastre pour la lecture commune !), mais je ne sais absolument pas comment en parler. C'est fou comme cette lecture m'a, d'un bout à l'autre, remuée dans tous les sens.

Belfast, été 2014. Canicule. Des feux disséminés commencent à embraser la ville, quelques jours avant les traditionnelles marches orangistes du 12 juillet. Attisés par un personnage anonyme sur Youtube, ils deviennent de plus en plus hauts et violents, détruisant maisons individuelles, centres commerciaux et bâtiments publics. Ces Grands Feux, comme on se met à les nommer, avec la majuscule, font souffler un vent d'inquiétude, pas loin de se muer en panique : les braises des Troubles couvent encore dans bien des mémoires.

Sammy est un ancien paramilitaire au passé sombre. Il s'inquiète pour son fils, aurait-il hérité de son extrême violence ? Jonathan est médecin et élève seul Sophie, sa fille encore bébé, qu'il a eue dans de bien étranges circonstances (coucou, réalisme magique, ou conte réaliste – à l'irlandaise ?). Jonathan s'inquiète à l'idée que Sophie ressemble trop à sa mère… Des interludes récurrents nous racontent également d'autres enfants, étranges...

Autant de fils rouges, autant d'histoires que Jan Carson tricote avec une saisissante allégresse et un génie redoutable. Son écriture est en-voû-tante (j'ai mis des tirets pour vous faire saisir la mesure des nombreux superlatifs auxquels vous avez échappé). J'ai été conquise, mal à l'aise, inquiète, saisie d'effroi ou de jubilation, tour à tour, tout au long de cette lecture. Je n'ai jamais su où elle allait me mener et ce fut parfaitement déstabilisant – mais j'en ai redemandé, sans faiblir, jusqu'à la toute fin, jusqu'au dernier mot.

Je ne vais pas m'attarder ici sur ce que j'ai trouvé bancal dans la construction de ce (premier) roman, les fils rouges qui finalement ne s'entrecroisent qu'à peine, certaines pistes prometteuses qui retombent comme des soufflés... Non, car quelques semaines après avoir terminé ce roman, sa flamboyance est toujours là, intacte, qui irradie mes souvenirs.

Pour moi, l'histoire de Jonathan et de Sophie aurait suffi. D'ailleurs elle m'a suffi. Je l'ai sentie grandir en moi comme un soleil, entre ravissement et appréhension, ne sachant jamais si le truc allait m'exploser au nez ou m'inonder de lumière.

Au final, je ne peux pas dire si Les lanceurs de feu a été ou non un coup de coeur – il est à ce niveau-là également, inclassable. Mais cela faisait longtemps qu'un roman ne m'avait pas autant remuée, enthousiasmée et son contraire. Il y a une folie dans ces pages, un souffle qui emporte. Je n'ai sans doute pas tout saisi d'ailleurs, je soupçonne certaines allégories d'y être nichées, concernant les enfants et la responsabilité des pères, les guerres et les poids dont les enfants héritent sans avoir rien demandé et dont on les accuse d'exister.

Bref. En un mot comme en mille deux cent : Jan Carson est une autrice à découvrir, absolument.
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Jonathan Murray est un médecin généraliste « abandonné » par ses parents et qui rencontre une sirène avec qui il a une fille, Sophie.
Sammy Agnew est le père de Mark, le lanceur d'alerte, celui qui demande aux autres de se rebeller et d'allumer des feux.
J'ai trouvé la lecture très lente, avec beaucoup de longueurs, surtout à cause des passages descriptifs d'ordre plutôt sociologique (lesquels je n'ai pas trouvé intéressants pour l'histoire). le style ne m'a pas accroché non plus parce que je n'ai pas trouvé le récit assez explicit et c'était compliqué pour suivre l'histoire.
Je dois cependant avouer qu'à partir de la moitié l'intrigue s'accélérait et que je ne pouvais pas m'arrêter de lire pour savoir jusqu'où allait arriver chaque personnage. Je considère intéressant le traitement de la parentalité fait par l'autrice, qui nous pose la question de jusqu'où pourront aller les deux pères face à la dangerosité de leurs enfants, mais c'est dommage que tout cela soit dilué dans le contexte des Grands Feux et caché par le titre.
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Belfast, en plein mois de juillet 2014. Les Troubles nord-irlandais appartiennent au passé, mais l'inquiétude va renaître lorsqu'une mystérieuse vidéo virale enjoint les jeunes à allumer des incendies. Tout le monde s'interroge sur les motivations du Lanceur de feu, de plus en plus suivi, et qui va bien plus loin que les traditionnels brasiers du 12 juillet, tels que la ville en connaît toujours, et qui eux sont plutôt festifs.
Parmi les plus inquiets, deux pères de famille qui ne se connaissent pas. L'un, Jonathan, est un médecin qui élève seul une toute petite fille, un bébé abandonné par une mère fantasque. Jonathan craint par-dessus tout que la petite Sophie ait hérité des dons très particuliers de sa mère.
Quant à Sammy, d'un milieu plus populaire, père de trois grands enfants, il se fait du souci pour l'aîné, Mark, en qui il a toujours senti une violence, peut-être héréditaire. Mark serait-il le Lanceur de feu ?

Les deux pères ont en commun de penser que leurs enfants sont des dangers pour la société, et de ne pas vouloir baisser les bras face à ce pressentiment. Leurs deux récits se succèdent, avec des intermèdes en forme de fables sur le thème de la parentalité et des enfants à dons particuliers.
L'ensemble forme un puzzle insolite, parfait si vous cherchez un roman qui ne vous donne pas une impression de « déjà lu ». Ce roman nécessite de se laisser faire et d'accepter que le réalisme le plus strict se mêle à des considérations qui peuvent sembler folles.
Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de roman irlandais, et celui-ci m'a tenté par son sujet très original et le cadre inhabituel de la ville de Belfast. Malgré les thèmes qui trouvent bien évidemment des résonances actuelles, été brûlant et violences urbaines, et bien qu'un peu déroutée par le côté presque fantastique, je n'ai pas été déçue. Je ne connais pas d'autre exemple de réalisme magique à l'irlandaise, il est peut-être le fait de cette seule autrice, mais ce n'est pas une raison pour le rater !
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Dès les premières pages, ce roman irlandais est étrange : en exergue, un extrait de dictionnaire, l'entrée « sirène », puis une citation d'un auteur anglais du XIXème ( George Eliot pour Silas Marner ) évoquant la perte d'anges, remplacés par de petits enfants pour guider les hommes loin de la destruction d'une cité, et enfin la voix d'un père inquiet qui scrute son bébé fille à la recherche de caractéristiques physiques qu'elle aurait héritées de lui ou de sa mère, s'attardant sur sa bouche en disant que « c'est là que le monde commencera ou finira. » le texte conservera son étrangeté jusqu'à la dernière ligne.

La construction en trois arcs narratifs est extrêmement lisible : la voix du père, le docteur Jonathan Murray à la première personne ; la voix d'un autre père, Sammy Agnew, un ancien paramilitaire loyaliste ; des intermèdes présentant de courtes histoires d'enfants aux pouvoirs très spéciaux. le décor est lui aussi très lisible : 2014, seize ans après la guerre civile surnommée les Troubles, Belfast en flamme est en proie au chaos depuis qu'un Lanceur de feu exhorte la population à allumer de gigantesques brasiers urbains.

Cette lisibilité est cependant brouillée par le manque de connexion immédiatement évident entre tous ses éléments disparates. Brouillé aussi par le recours à un réalisme magique qui pourrait provenir d'un autre livre avec ces enfants particuliers qu'on verrait bien accompagner Miss Peregrine. Jan Carson peine à trouver un équilibre intellectuellement satisfaisant, et pourtant ça marche ! J'ai été totalement captivée par la puissance du récit.

Sammy et Jonathan, bien que très dissemblables du point de vue de la personnalité et de l'origine sociale, sont remarquablement caractérisés. Deux êtres profondément seuls, tourmentés, terrifiés par leur progéniture, chacun persuadé que leur enfant est porteur de malheur : Sammy voit en son fils Mark le Lanceur de feu à l'origine du tumulte pyromane qui s'abat sur Belfast ; Jonathan pense que son bébé Sophie est une sirène - comme sa mère qui s'est envolée à sa naissance – et sa voix une redoutable menace pour l'humanité, au point de songer à lui couper la langue.

Les thèmes de la paternité rejoint celui de la culpabilité et de la transmission de la violence avec une profondeur très impressionnante qui raconte l'Irlande du Nord d'aujourd'hui et Belfast, ville dans laquelle « la vérité est un cercle vu d'un côté et un carré vu de l'autre. On risque la cécité à force d'en regarder fixement la forme. » Ayant opposé républicains nationalistes catholiques et loyalistes unionistes protestants, la guerre civile a beau être terminé depuis les accords du Vendredi saint de 1998, elle est toujours présente dans les os, dans la chair, dans les esprits au point que la violence semble inextirpable, «  une chose qui se transmet, comme les maladies cardiaques ou le cancer » , une maladie que les parents ont transmis à la génération suivante. Sammy pense l'avoir transmise à son fils, lui qui durant les Troubles a commis des atrocités contre des catholiques sans prétexte idéologique, juste mu par la satisfaction d'une pulsion criminelle.

On est en pleine tragédie antique ou shakespearienne avec des pères en proie à des dilemmes existentiels. Dans cette quête des origines du Mal, comment stopper l'engrenage de la violence ? Faut-il protéger l'enfant ou la société ? le lecteur est perturbé par l'exposition des instincts des personnages prêts à commettre des actes d'autant plus terrifiants qu'on doute de leur santé mentale et de leur capacité à bien juger la menace que constituerait leur enfant. Mark, le fils de Sammy, n'est peut-être pas le Lanceur de feu ; Sophie, la fille de Jonathan, n'est peut-être pas une sirène ; les pères juste paranoïaques, rendus fous par la résurgence possible de la violence.

Porté par une plume brillante, la fois énergique et poétique, ce roman incarne avec beaucoup de force et d'originalité le bouillonnement souterrain d'une Irlande du Nord qui pourrait exploser à nouveau avec le Brexit et la question de ses frontières.
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Surprenant récit, inscrit dans une réalité parfaitement identifiable - un été marqué par les tensions à Belfast - mais au cours duquel apparaissent quelques éléments fantastiques. Au-delà du contexte nord-irlandais, au-delà de cette touche de fantastique, c'est le parcours de deux hommes que l'on suit, certes très différents, mais pourtant confrontés à une même difficulté, celle d'être père. Accablés par la culpabilité, tous deux présentent que leurs enfants sont la source potentielle de grands dangers, et chacun tente à sa manière d'éviter qu'advienne le pire. Comment les empêcher de parler et d'agir ? Un roman très puissant à la forte charge symbolique. Une auteure à découvrir.
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Dernier titre découvert lors de l'édition 2022 du challenge The Irish Readathon. La paternité irlandaise au coeur du récit, encore. Mais en Irlande du Nord cette fois ; alors qu'A l'irlandaise de Joseph O'Connor se situait à Dublin.

Pas un mais deux pères sous la plume de Jan Carson, dans le chaud été Belfastois de 2014.
Le feu couve et quelques étincelles jaillissent dès le mois de juin dans les quartiers Est de la capitale (alors que le traditionnel défilé orangiste n'aura lieu que le 12 juillet, comme chaque année). Une vidéo circule dans laquelle un homme masqué appelle la jeunesse aux incendies et aux émeutes. Sammy, un ancien paramilitaire loyaliste qui a commis quelques horreurs, reconnaît son fils Mark dans cette silhouette. Il l'a toujours su, il a toujours senti que son enfant avait hérité de sa cruauté mais là où lui l'évacuait par la « simple » violence, le jeune homme fait montre d'une froideur et d'un calcul encore plus inquiétants. Lui a-t-il transmis tout ça ? Est-il responsable de ses actions et des débordements de cet été 2014 ?
Quelques rues plus loin, Jonathan apprend la cohabitation avec un nouveau-né. le sien. C'est Sophie, une petite fille arrivée presque par magie. Une chimère en devenir, surtout si elle suit les traces de son étrange mère. Comment peut-il gérer ce petit être dont il est dorénavant responsable ? Comment offrir les meilleures chances à sa fille en la protégeant de l'extérieur et surtout, sans libérer la monstruosité qui sommeille en elle ?

Dans une ville folle où un conflit sans fin voit sans cesse se répéter les mêmes erreurs et s'affronter des milliers d'habitants, malgré des accords de paix entérinés, comment être père ?

La quatrième de couverture laissait présager une rencontre et une véritable entraide entre les deux hommes. Mais cet aspect n'entre en jeu que dans le dernier tiers du roman et n'est pas tellement développé (en tout cas beaucoup moins que je l'imaginais). Il y a en fait très peu de scènes partagées par les deux pères même si, effectivement, elles permettent des « déclics » pour chacun d'eux. Sammy et Jonathan se retrouvent finalement assez isolés dans leur paternité, les questionnements et l'angoisse qu'elle engendre.

Quel titre étrange que celui-ci. Quelle beauté dans la description si réaliste et poignante de la paternité coupable vécue par Sammy mais quel « what the fuck » que le réalisme magique de la rencontre de Jonathan avec une sirène… je sais bien que la métaphore est de mise mais j'ai parfois eu du mal à passer d'un chapitre à l'autre tant j'avais l'impression d'un décalage : happée par la paternité vécue par le premier mais plutôt très étrangère à la seconde.

Ce n'est pas une lecture facile que ce roman et je ne sais toujours pas si je l'ai aimée… mais elle m'a marquée, ça oui ! Et je suis assez curieuse de lire le prochain titre traduit en français de Jan Carson (début 2023 a priori).
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Les lanceurs de feu de l'auteure nord-irlandaise, la précision est essentielle, Jan Carson, publié aux Editions Sabine Wespieser, est un des titres les plus étonnants, les plus déstabilisants que j'ai pu lire ces derniers temps. Et jusqu'à la rédaction de ces lignes, je n'ai su qu'en penser. C'est le premier roman que je lis qui prend Belfast pour décor, cette capitale à mi-chemin entre son voisin anglais et son alter-ego du sud et de l'ouest. Dès le début, le dépaysement m'a frappée de plein fouet, avec la sensation de pénétrer des terres qui recèlent des secrets dont la plupart me resteront inconnus tout comme celui de certains épisodes de la diégèse. le roman a reçu en 2019 le Prix de littérature de l'Union européenne. J'ai effectivement été déstabilisée par l'inclusion du réalisme magique, qui floute les frontières de la réalité, j'ai été plus sensible au thème de la coexistence épineuse de ces deux communautés, catholique et protestante, au sein d'une capitale qui a été un temps à feu et à sang.

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié les traits généraux de cette double narration, l'une vue sous le regard un peu absent et déconnecté d'un père célibataire et médecin généraliste de son quartier, l'autre sous le regard d'un père de famille, ancien paramilitaire, qui avait la fâcheuse habitude de molester les corps de pauvres malheureux qui eurent le malheur de croiser son chemin. Sammy Agnew, qui prend peu à peu, la mesure de la personnalité que couve son asocial de fils. En fond de toile, Belfast la nord-irlandaise, comme coupée en deux par deux religions qui cohabitent tant bien que mal depuis quelques siècles maintenant, mais aussi par une différence flagrante de niveau de vie. Les lanceurs de feu, c'est d'abord la découverte de cette capitale, un peu sauvage et mystérieuse, dont on ne saurait vraiment saisir l'identité malgré les lignes magnifiques écrites à son sujet. Belfast est, ici, une ville à part, pas aussi citadine que ses consoeurs européennes, mais un microcosme ensorcelant, une atmosphère unique, magnétique, parfois bouillonnante, embrasée par ces Grands Feux.

D'autant que l'écriture de l'auteure est parfois très allusive, elle décrit, à force de mots et d'expression, tout et son contraire, mais jamais elle ne nomme vraiment. Les troubles, puisqu'ils sont nommés ainsi, et l'on s'en doute puisque le cadre est lui-même de parti-pris, renvoient aux anciens conflits, officiellement terminés aujourd'hui, de l'Irlande du Nord. Jamais un mot clair et précis pour nommer les organisations paramilitaires en oeuvre dans le pays pendant des dizaines d'années. Et pourtant. Même chose pour ces deux expériences totalement différentes de paternité, toutes aussi inquiétantes, l'une et l'autre, face à l'expérience d'un enfant qui se pose comme un danger pour la communauté, l'un tout à fait tangible, l'autre plus confus, fondé sur la fantasmagorie d'un homme un peu perdu et livré à lui-même. A l'évidence, l'allégorie de ces enfants abîmés, dont Sophie la fille de Jonathan, pourrait être considérée comme l'illustration des violences et ses conséquences dont héritent les enfants de leurs parents, et qu'ils sont incapables de contrôler, ces « enfants infortunés de Belfast-est » !

Je gardais de côté l'idée que les deux fils narratifs finiraient bien se rejoindre à un moment donné, ce qui est effectivement le cas, et ce dialogue entre ces deux pères confrontés finalement au même dilemme vis-à-vis de leur enfant est le point d'orgue de ce roman et amorcent une réelle réflexion sur la nature de celle-ci et sur la capacité réelle – et sur sa responsabilité – du parent à éteindre celle-ci chez son enfant.

Les lanceurs de feu est un roman qui m'a laissé un avis très contrasté. J'ai à la fois été conquise par le charme brute et un peu aride et la puissance de ces lignes sur la capitale, sur ses habitants du quartier est, sur ces personnages – Sammy Agnew, Mark Agnew et Jonathan Murray – aussi rocailleux, revêche et insondable que Belfast. J'ai été un peu déconfite face aux morceaux de vie de Jonathan, qui prennent par moments une dimension fantastique et un peu inattendue, dont je doute encore de la véritable portée.


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