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EAN : 9782848054155
380 pages
Sabine Wespieser (09/09/2021)
3.51/5   90 notes
Résumé :
À Belfast, l’été 2014 restera dans les mémoires comme celui des Grands Feux. Bien avant les feux de joie traditionnellement élevés à l’occasion de la grande parade orangiste du 12 juillet, de gigantesques foyers illuminent la ville cette année-là, malgré l’interdiction formelle des autorités. Jusqu’à la fin des Troubles, en 1998, le Douze donnait régulièrement lieu à des affrontements entre nationalistes catholiques et loyalistes protestants. Aujourd’hui encore, la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 90 notes
Dès les premières pages, ce roman irlandais est étrange : en exergue, un extrait de dictionnaire, l'entrée « sirène », puis une citation d'un auteur anglais du XIXème ( George Eliot pour Silas Marner ) évoquant la perte d'anges, remplacés par de petits enfants pour guider les hommes loin de la destruction d'une cité, et enfin la voix d'un père inquiet qui scrute son bébé fille à la recherche de caractéristiques physiques qu'elle aurait héritées de lui ou de sa mère, s'attardant sur sa bouche en disant que « c'est là que le monde commencera ou finira. » le texte conservera son étrangeté jusqu'à la dernière ligne.

La construction en trois arcs narratifs est extrêmement lisible : la voix du père, le docteur Jonathan Murray à la première personne ; la voix d'un autre père, Sammy Agnew, un ancien paramilitaire loyaliste ; des intermèdes présentant de courtes histoires d'enfants aux pouvoirs très spéciaux. le décor est lui aussi très lisible : 2014, seize ans après la guerre civile surnommée les Troubles, Belfast en flamme est en proie au chaos depuis qu'un Lanceur de feu exhorte la population à allumer de gigantesques brasiers urbains.

Cette lisibilité est cependant brouillée par le manque de connexion immédiatement évident entre tous ses éléments disparates. Brouillé aussi par le recours à un réalisme magique qui pourrait provenir d'un autre livre avec ces enfants particuliers qu'on verrait bien accompagner Miss Peregrine. Jan Carson peine à trouver un équilibre intellectuellement satisfaisant, et pourtant ça marche ! J'ai été totalement captivée par la puissance du récit.

Sammy et Jonathan, bien que très dissemblables du point de vue de la personnalité et de l'origine sociale, sont remarquablement caractérisés. Deux êtres profondément seuls, tourmentés, terrifiés par leur progéniture, chacun persuadé que leur enfant est porteur de malheur : Sammy voit en son fils Mark le Lanceur de feu à l'origine du tumulte pyromane qui s'abat sur Belfast ; Jonathan pense que son bébé Sophie est une sirène - comme sa mère qui s'est envolée à sa naissance – et sa voix une redoutable menace pour l'humanité, au point de songer à lui couper la langue.

Les thèmes de la paternité rejoint celui de la culpabilité et de la transmission de la violence avec une profondeur très impressionnante qui raconte l'Irlande du Nord d'aujourd'hui et Belfast, ville dans laquelle « la vérité est un cercle vu d'un côté et un carré vu de l'autre. On risque la cécité à force d'en regarder fixement la forme. » Ayant opposé républicains nationalistes catholiques et loyalistes unionistes protestants, la guerre civile a beau être terminé depuis les accords du Vendredi saint de 1998, elle est toujours présente dans les os, dans la chair, dans les esprits au point que la violence semble inextirpable, «  une chose qui se transmet, comme les maladies cardiaques ou le cancer » , une maladie que les parents ont transmis à la génération suivante. Sammy pense l'avoir transmise à son fils, lui qui durant les Troubles a commis des atrocités contre des catholiques sans prétexte idéologique, juste mu par la satisfaction d'une pulsion criminelle.

On est en pleine tragédie antique ou shakespearienne avec des pères en proie à des dilemmes existentiels. Dans cette quête des origines du Mal, comment stopper l'engrenage de la violence ? Faut-il protéger l'enfant ou la société ? le lecteur est perturbé par l'exposition des instincts des personnages prêts à commettre des actes d'autant plus terrifiants qu'on doute de leur santé mentale et de leur capacité à bien juger la menace que constituerait leur enfant. Mark, le fils de Sammy, n'est peut-être pas le Lanceur de feu ; Sophie, la fille de Jonathan, n'est peut-être pas une sirène ; les pères juste paranoïaques, rendus fous par la résurgence possible de la violence.

Porté par une plume brillante, la fois énergique et poétique, ce roman incarne avec beaucoup de force et d'originalité le bouillonnement souterrain d'une Irlande du Nord qui pourrait exploser à nouveau avec le Brexit et la question de ses frontières.
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"Nous sommes à Belfast", au mois de juin 2014. L'été se met doucement en place, les habitants du quartier Est de la ville, encerclés par le bitume, espèrent bien pouvoir sortir leur barbecue, siroter quelques bières biens fraiches et bronzer sous le soleil, alors que la Coupe de Monde de football bat son plein.
Tout semble idyllique sauf que cette année, il semblerait que le spectre de la Guerre Civile (1968-1998) ait décidé de se mêler à la fête.
Sur Internet, une vidéo inquiétante tourne en boucle : on y voit une silhouette masquée, inquiétante, portant le masque de Guy Fawkes, exhortant la population à mettre la ville à feu et à sang. Cette mystérieuse personne se fait d'ailleurs appeler... le lanceur de feu.
Sauf qu'il ne s'agit pas des traditionnels feux allumés la nuit du 11 juillet pour accueillir la parade des Orangistes du 12. Non. Il est beaucoup trop tôt dans la saison, nous ne sommes qu'en juin. Et même si leur beauté est surprenante, ces feux dangereux qui sont déclenchés sans être annoncés ne présagent rien de bon. Ils témoignent d'un malaise profond de la population, qui trouve dans la pyromanie un acte fort de désobéissance civile. La machine se met en place : sirènes des pompiers, médias couvrant les évènements, politiques s'en mêlant et ajoutant leur petit commentaire bien senti, jusqu'à l'intervention de la police, qui il faut bien l'admettre, est dépassée par l'agilité des pyromanes.
Semaine après semaine, alors que la ville étouffe sous la fumée, la tension monte en flèche. Orchestré par le Lanceur de feu, le chaos enfle et menace de faire sombrer Belfast...

Au milieu de ce brasier à ciel ouvert, dans cette ville instable où tout semble être un paradoxe, évoluent Jonathan et Sammy. le premier est un médecin qui vit à Belfast mais ne l'habite pas : il ne sait rien de cet endroit - il a déjà tant à faire avec ses milliers d'angoisses et de peurs, de sa solitude et surtout, de sa fille Sophie, qu'il a découverte un matin abandonnée dans le lavabo de son appartement, après la fuite nocturne de sa mère, désormais introuvable... le second, Sammy, est un ancien paramilitaire loyaliste, marié et père de trois enfants dont l'aîné, Mark - il en est maintenant persuadé - est le Lanceur de feu de la vidéo.
Bon courage les gars!

L'ouverture de ce roman est grandiose. Elle se fait en trois étapes, fondamentale pour la suite du livre, mêlant l'étrange à la puissance narrative de l'auteure.
Pour commencer, un mot. Un mot qui est un univers : "sirène". Et deux entrées : la sirène, c'est à la fois ce long signal sonore utilisé comme moyen d'alerte et ces femmes mythologiques qui séduisent les marins de leur voix jusqu'à causer leur perte. Curieuse cette entrée en matière. Rapidement, on comprend que chacune de ces sirènes est une épée de Damoclès au dessus de la tête de nos personnages : Jonathan, en pleine nuit de service, est appelée par une mystérieuse inconnue "en train de mourir". Il a l'intuition que c'est un piège, mais ne peut refréner sa pulsion d'y aller. C'est trop tard, dès le premier regard il est ensorcelé, séduit par la voix de cette Sirène, qui lui donnera une fille avant de disparaître - une fille, ou une Sirène? Sammy, quant à lui, sait que les sirènes d'alerte qu'il entend nuit et jour, qui le harcèlent, sont la conséquence des actes de son fils. Ces sirènes le ramènent à la guerre civile, lorsqu'il se battait dans les rues de la ville. Elles le ramènent à son propre passé, sa propre violence, qui sommeille en lui et tente de refaire surface.
Ces deux pères, terriblement seuls, savent que leur progéniture va un jour ou l'autre causer d'infinies souffrances. Ils sont soumis à ce combat interne, cet aller-retour entre la protection égoïste de leur descendance - après tout, ils sont le père d'un.e enfant, leur moi biologique les poussent envers et contre tous à les protéger - et la défense du bien commun (thème d'une incroyable actualité!). Mais sont-ils les seuls responsables? Doit-on seulement aller chercher du côté de l'héritage génétique? Une piste forte, certainement, qui revient souvent : "elles sont leur mère et leur grand-mère avant elles" ou "une sorte de violence héritée de la génération précédente". Mais ne faut-il pas aussi aller voir les conséquences et la responsabilité de Belfast - qui est le véritable protagoniste de l'histoire. Belfast, par toute sa complexité et son histoire, sa paix fragile et son destin brumeux, n'est-elle pas directement responsable du comportement de ses habitants? Un enfant de Belfast peut-il se sortir de ses tentacules? "C'est la ville qui ne les laissera partir ni l'un ni l'autre". Ainsi ce roman est un gigantesque et superbe questionnement sur l'héritage familial et socio-culturel, dans cette ville à la fois étrangement attrayante et effrayante. Ses habitants aiment la fuir, mais invariablement, ils y reviendront, car ils ne peuvent vivre autre part. Il ne peut en être autrement.

Jonathan parviendra-t-il a "[s]'enseigner en [sa fille]" afin qu'elle ne devienne pas, comme sa mère, une Sirène? Il en a conscience, et le formule dans cette magnifique phrase : "Ta bouche, c'est là que le monde commencera ou finira." Saura-t-il trouver une alternative à cet horrible plan qui s'impose à lui dès les premiers mois de vie de la petite Sophie : inciser et couper cette langue au scalpel afin de la priver de la parole et sauver le monde ? Quant à Sammy, et sa femme : est-il encore possible de sauver leur fils Mark, qui paraît déjà bien loin idéologiquement. Ce gosse semble inatteignable, hors de portée, alors qu'il vit encore sous leur toît... Face à ces enjeux colossaux, ces deux personnages mémorables vont devoir lutter pour la préservation de leur descendance, dans une ville éblouissante où tout peut arriver, même le plus inimaginable, le plus inavouable...

Tout en nuances et avec un panache remarquable, ce grand roman marque, en cette 20ème année d'existence de la maison Sabine Wespieser, l'entrée d'une nouvelle auteure irlandaise dans ce catalogue qui en compte désormais de très grandes : Edna O'Brien, Claire KEegan, Nuala O'Faolain. Une entrée fracassante, singulière, énergique. Bienvenue à vous Jan Carson.
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Il arrive parfois, et c'est sans doute la marque des meilleurs livres, que la lecture, loin d'être simple exercice et plaisir spirituel, s'empare de votre corps au fil des pages, l'engage pleinement dans son travail, devienne aussi, et tyranniquement, l'affaire des tripes. le roman de Jan Carson, premier texte d'elle traduit en français, accomplit cet exploit, n'offrant à qui le découvre que peu d'échappatoires à l'identification, l'invitant à partager le faisceau d'émotions, d'anxiété et de terreur, des deux protagonistes, jusqu'à, quelquefois, l'insoutenable… A Belfast, au cours de l'été 2014, la ville brûle. de Grands Feux sont allumés par des mains inconnues, bien avant les bûchers traditionnels du mois d'août, détruisant des lieux symboliques, faisant resurgir les pires souvenirs de la période des Troubles, la terrible guerre civile confessionnelle achevée, par un accord politique bien fragile, une vingtaine d'années auparavant. Tandis que la panique gagne la cité, que pompiers et policiers sont mobilisés pour calmer les flammes et trouver les coupables, deux hommes découvrent, dans leur condition de père de famille, le pire des cauchemars. Jonathan Murray, médecin dans un centre de santé et jeune père, depuis quelques semaines, d'une adorable petite Sophie, ne peut s'empêcher d'être hanté par le souvenir de la mère du bébé et de ses pouvoirs de manipulation, craignant que l'enfant n'hérite de ces facultés magiques, qui la transformeraient en véritable danger pour l'humanité. de son côté, Sammy Agnew, un ancien paramilitaire protestant, est convaincu d'avoir reconnu dans le « Lanceur de feu » s'exhibant sur une vidéo de propagande son propre fils, Mark, effrayé par l'idée d'avoir légué à celui-ci la part la plus sombre de sa personnalité. Bouleversés par le poids de leurs responsabilités parentales, rongés par la culpabilité, leurs coeurs déchirés entre leur amour paternel et leur souci d'autrui, ils s'emploient l'un et l'autre à tenter l'impossible, empêcher l'extension de la violence tout en protégeant leur enfant, une quête douloureuse qui les amènera finalement à se rencontrer… Au-delà de ce double drame, mêlant le fantastique à la réalité la plus crue, dans une tonalité qui évoque les meilleures tragédies shakespeariennes, au-delà de la puissance poignante d'un texte qui vous secoue, comme nous l'avons déjà dit au début de cette chronique, de la première à la dernière page, le roman, utilisant avec habileté l'alternance des points de vue et l'insertion fréquente de petites anecdotes mettant en scène d'autres enfants étranges, offre aussi le flamboyant portrait d'une ville, Belfast, minée par les haines anciennes et la lourdeur des silences… Et si, parfois, comme nous le montre Jan Carson avec un tel brio, l'écriture était le meilleur moyen de nous rappeler que parole et dialogue sont les plus efficaces des vecteurs de paix ?
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Jan Carson recrée le Belfast des années 2014, dévoré par les flammes des Grands Feux, hanté par des silhouettes rendues fantasmagoriques par la lumière rougeoyante. Elle mêle des éléments du conte au réalisme, écrit la ville méconnaissable, s'attarde alternativement sur les inquiétudes et les pensées de deux pères craignant pour le devenir de leurs enfants, dangereux croient-ils – chacun à leur façon. Malgré tout, ces trois récits se disputent la scène sans qu'un lien vraiment tangible ne se matérialise ni qu'un véritable équilibre parvienne à se définir... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/10/05/les-lanceurs-de-feu-jan-carson/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Jan CARSON. Les lanceurs de feu.

Ce roman se déroule à Belfast, ville martyre, profondément marquée par de violents conflits entre les deux communautés, les catholiques et les protestants. Au cours de l'été 2014, la canicule pèse sur le pays. Il existe une tradition, lors de la parade orangiste du 12 juillet, les émeutiers élèvent de gigantesques brasiers qui illuminent la ville et détruisent des quartiers, en toute illégalité. Ils ne respectent pas les consignes de sécurité, limitant la hauteur de ces feux et occasionnent des incendies criminels.

le docteur Jonathan Murray, la trentaine, élève seule sa petite fille, Sophie qu'il a eu avec une femme-sirène. Je demeure sceptique face à cette naissance et au devenir de cette enfant… Pour lui, tout passe par la parole et il envisage même d'opérer sa petite fille afin de ne pas divulguer la vérité. Mystère, ésotérisme, rêve, réalité, tout se mêle, s'emmêle, s'entremêle et les fils sont si ténus que je ne parviens à saisir le moindre brin pour démêler la trame.

Quel sera l'avenir de ces êtres plus ou moins abandonnées, oubliés sur le chemin. Afin de cerner un peu plus sa fille, des dons de guérison, Jonathan va jusqu'à consulter le Dr Kinari, qui soigne « les enfants infortunés », des enfants présentant des particularités physiques exceptionnelles, ayant également des pouvoirs surnaturels rares. Nous trouvons l'enfant volant, celui qui nage dans l'air…Je suis hébétée face à tous ces aveux.

Sammy Agnew, la quarantaine a vu son fils aîné sombrer dans la délinquance. Il l'a reconnu sur des vidéos circulant sur la toile et montrant le lanceur de feu. Il ne sait à qui confier ce mystère et cette reconnaissance : il va en consultation chez le Docteur Murray. Ces deux hommes ont chacun un énorme secret.

Je n'ai pas réussi à intégrer ce récit, basé cependant sur des faits historiques mêlant de la science-fiction. Peut-être suis-je passée à côté d'un roman important. J'ai mis plus de quinze jours pour le lire. C'est étrange comme atmosphère. Les personnages se croisent. le réel flirte avec l'invraisemblable, l'indicible. Ce genre littéraire n'est pas ma tasse de thé. Les qualités littéraires, écriture, description des lieux et des personnages sont bonnes mais la trame est complexe, entre ces faits historiques avérés et ces êtres fantastiques, magiques, légendaires ayant des pouvoirs surnaturels me désarçonnent. Mystère, ésotérisme, rêve, réalité, tout se mêle, s'emmêle, s'entremêle et les fils sont si ténus que je ne parviens à saisir le moindre brin pour démêler le canevas. Je ne peux me permettre, ni de conseiller cette lecture, ni de la déconseiller. Je suis neutre, et demeure mesurée dans ma notation. J'attribue la moyenne. ( 12/12/2021)

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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critiques presse (1)
LeMonde
11 octobre 2021
Jan Carson creuse jusqu’aux racines profondes du conflit, dans le Belfast de l’été 2014.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je me sens capable de bâtir des choses brutes: navires et maisons, voies de chemin de fer. Je pourrais probablement tuer un homme à mains nues.
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Je n'ai pas de second prénom. C'est à cause de mes parents. Ils n'avaient pas prévu d'avoir des enfants. Sous la pression, ils auraient peut-être exprimé une préférence pour les chiens ou les ornements de jardin plutôt que des versions miniatures d'eux-mêmes.
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J'aime bien regarder tes yeux et voir mon propre reflet, comme un miroir dans le noir. Te voilà, ma Toute Petite. Autant à moi qu'à elle.
Ta mère a les yeux bleus océan. Toute autre couleur aurait été une insulte. Mais les tiens sont bruns, comme la terre ferme, comme la glaise, comme les troncs d'arbre et les feuilles d'automne qui font les paillis d'hiver.
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"Mais nous voilà avec ces Grands Feux et tous tes dégâts. La ville entière brûle et tu es au centre, à parler les mots de sang de ma jeunesse. Les drapeaux et les feux de joie. Les droits civiques et la liberté de parole. Inutile de nier que tu y es mêlé. Tu crois qu'un père sait pas reconnaître la main de son fils brandie en colère ? Tu crois que ta main est plus rouge que la mienne ? J'en doute, fiston. Tu sais donc pas d'où vient ta noirceur ?"
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Les Troubles viennent tout juste de commencer. Çà aussi, c’est à peine vrai. Çà dépend des gens à qui on parle, comment ils se tiennent, et quel jour en particulier vous avez choisi pour cette conversation. Ceux qui ignorent tout de notre situation peuvent la vérifier sur Wikipédia, ils y trouveront une vue d’ensemble de trois mille mots. On peut lire des articles plus approfondis en ligne ou dans des revues savantes.Ou récolter une histoire alternative en bavardant avec les habitants du coin. Rassembler les pièces sera un processus laborieux, comme de reconstituer un seul puzzle avec les morceaux de deux, voire d’une vingtaine.

Les Troubles, c’est trop peu un mot pour tout cela. C’est un mot pour des inconvénients mineurs, comme un découvert à la banque, des crevaisons lentes, la période mensuelle d’une femme. Ce n’est pas un mot violent. Sûrement nous avons bien gagné un mot violent, quelque chose d’aussi cru et brutal qu' »Apartheid ». Au lieu de quoi nous avons un mot comme « ciseaux », qui s’emploie seulement au pluriel. Les Troubles est/était un seul truc monstrueux. Les Troubles est/était une quantité de maux individuels saisis ensemble. (Parmi d’autres mots similaires il y a « braies » et « cisailles ».) Les Troubles s’écrit toujours avec un T majuscule, comme si c’était un événement, comme la bataille de Hastings est un événement avec un début et une fin fixes, un point sur l’année calendaire. L’histoire ne manquera pas de prouver que c’est en réalité un verbe ; une action qui peut être infligée aux gens à maintes reprises, comme le vol.
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Vidéo de Jan Carson
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00:10 Claudia Durastanti 01:15 Jan Carson 03:23 Maria Sonia Cristoff 03:47 Jonathan Coe 05:20 Mariana Enriquez 06:20 Maria Sonia Cristoff 06:43 Jakub Szamalek
Avec leurs expériences variées et leurs perspectives uniques, ces écrivains vous guideront vers une pratique de la lecture qui vous permettra d'améliorer considérablement votre écriture. Regardez dès maintenant et prenez votre plume pour devenir un écrivain accompli !
Interview : Amoreena Winkle, Julie Fuster, Lionel Tran. Caméra : Lionel Tran - Montage : Ryu Randoin.
QUI SOMMES-NOUS ? Les Artisans de la Fiction sont des ateliers d'écriture situés à Lyon. Nous prônons un apprentissage artisanal des techniques d'écriture et avons pour objectif de rendre nos élèves autonomes dans l'aboutissement de leurs histoires. Pour cela nous nous concentrons sur l'apprentissage et la transmission des techniques de base de la narration en nous inspirant du creative writing anglophone. Nos élèves apprennent en priorité à maîtriser : la structure de l'intrigue, les principes de la fiction, la construction de ses personnages… Nous proposons également des journées d'initiation pour vous essayer au creative writing et découvrir si cet apprentissage de l'écriture de fiction est fait pour vous. Retrouvez tous nos stages d'écriture sur notre site : http://www.artisansdelafiction.com/
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