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Critique de LeCombatOculaire


Angela Carter fait appel à la mythologie, évoquant autant Prométhée que les centaures, et y mélange en plus les tribus "exotiques" telles que les indiens descendants des oiseaux ou les cannibales africains, les "bêtes de foires", les pirates, tout autant d'exemples d'humains et non-humains, marquant les frontières distinctes qui séparent chacun, formant une fresque variée, presque inconcevable, repoussant les limites de l'acquis, des préjugés et des cultures.

Le langage est donc un des piliers principaux du roman, rendant la compréhension des personnages encore plus complexe, densifiant les frontières, et pourtant chaque langage apprivoisé est beau comme le chant d'un oiseau, majestueux comme les saintes écritures, tragique et sommaire. le langage, les signes, les symboles sont triturés, mais l'écriture de l'auteure est simplement impeccable. Elle est riche, visuelle, intense, chaque mot semblant être choisi avec soin pour rendre ce spectacle presque palpable, pour mieux inviter à s'y plonger corps et âme, esprit et chair. En trois centaine de pages, c'est l'impression d'avoir vécu plein de vies, lu plusieurs livres différents, exploré les différentes facettes de la réalité, des peurs et des désirs. Un cirque à l'esthétique intrigante, dévergondée, déjantée et hallucinée dans lequel on ressent vertige, curiosité, fascination, dégoût et petite mort.

Ce qui rend le tout plus supportable qu'il ne devrait l'être - car c'est bien une véritable image de l'enfer, des tréfonds de l'inconscient et des vices, des fantasmes sensés restés inassouvis, des plaies purulentes de l'esprit -, c'est ce sentiment d'étrangeté, d'impossible, d'irréel, de surnaturel, comme les hallucinations induites au début du livre, et l'attitude de résilience et la capacité d'adaptation à toute circonstance des personnages, du personnage qui s'enfonce de plus en plus dans un marais pestilentiel d'analogies, de métaphores, d'aphorismes et de possibilités, à la fois merveilleuses et monstrueuses, autant exotiques qu'ignobles. Comme dans un trip d'acide, on passe de la joie extatique à la peur terrible, débordant à la fois d'un sentiment de vie pleinement effleuré, exploré, à la sentence de mort, aux ombres et au chaos, tout en dansant en ronde avec le réel et l'irréel, qui fusionnent pour offrir une meilleure vision des possibles.

Pour donner un point de comparaison, d'accroche, à ce roman à la fois burlesque, traumatisant, épique et métaphysique, l'éditeur cite Aleister Crowley et Lewis Caroll ; je rajouterai personnellement que ce livre m'a évoqué également Tom Robbins avec Une bien étrange attraction ou encore Féroces infirmes retour des pays chauds, Will Self avec No Smoking, John Herdman avec La Confession, mais aussi l'Imaginarium du docteur Parnassus, puis David Cronenberg pour le côté dingue, absolument improbable et anxiogène, sans oublier un petit air de William Burroughs par moment, sale et dérangé, voire même un peu de Chuck Palahniuk, et bien sûr pas mal de Sade ici et là. Et bien sûr, un clin d'oeil appuyé à ce cher Albert Hofmann, chimiste de renom et saint patron des états modifiés de conscience.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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