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Peu de personnages historiques peuvent se vanter d'avoir laissé leur nom dans le langage usuel. Casanova est devenu le symbole du grand séducteur, délaissant ses conquêtes une fois dans la place. Légende ou réalité. Lire le premier volume de ses substantielles mémoires (huit volumes de 500 pages chacun) est l'occasion de trancher la question.

Casanova a en effet une morale peu encombrante, dans tous les domaines de la vie. Il n'a pas son pareil pour extorquer de l'argent à ses connaissances, avec beaucoup de finesse puisque ces derniers finissent par se sentir offensés s'il n'en prend pas assez. Être entré un moment dans les ordres ne l'empêche certainement pas de séduire les femmes qu'il rencontre. Et quand l'une d'elle montre un peu trop de résistance, il se rabat aussitôt sur ses soeurs qui semblent plus réceptives à ses discours enflammés. Cependant, Casanova n'est pas un séducteur froid et cynique. Quand on le repousse, ce ne sont pas les larmes de la fierté blessée qui coulent, mais celles de l'amoureux éconduit.

Le personnage est finalement difficile à cerner. Aucun code moral ne semble le retenir : il prend de l'argent à ses amis, escroque des commerçants de passage, couche avec une soeur différente chaque soir le temps d'un séjour à l'auberge, … Pourtant, tout est raconté avec tellement de légèreté, de franchise et de bonne humeur qu'on ne peut décidément pas lui en vouloir.

Mon seul regret est de ne pas avoir de notes explicatives sur les us et coutumes du 18ème siècle. Il est parfois difficile de savoir si Casanova les enfreint, ou s'il se comporte comme tout le monde.
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Mon cher Giacomo,
vous ne me connaissez pas et pourtant je vous fréquente assidûment depuis plusieurs mois. Soyez sûr d'être immortel car si vous n'êtes plus un être matériel vous ne continuez pas moins de faire tomber les femmes sous votre charme.
Comment, en effet, ne pas succomber à la verve avec laquelle vous contez l'histoire de votre vie en même temps que vous peignez votre portrait ? D'autant que l'homme qui se dévoile est terriblement séduisant ! Vous apparaissez comme le plus insouciant des philosophes, le plus inconstant des amants, le plus roué des joueurs, le plus irrésistible des séducteurs, le plus français des écrivains italiens, le plus cosmopolite des aventuriers, le plus passionné des libertins, le plus éblouissant des hommes de votre siècle ...
Sachez que si la mort vous a fait renoncer à la galanterie, ce qui est un châtiment amer pour qui a fait le métier d'aimer, le nombre de vos lectrices vous dédommage de votre abstinence.
le récit de vos mémoires est fascinant, on est pris de vertige par votre style rapide, diffus, par votre langue ornée d'italianismes et de citations latines. La littérature française vous ignore honteusement, alors que vous êtes à la hauteur d'un Saint-Simon, d'un Laclos, et tellement au-dessus de Sade !
Enfin arrivée au terme de la lecture de votre autobiographie - j'aurais voulu qu'elle ne se termine jamais ! je formulerai un seul regret: être née trop tard pour vous rencontrer et n'avoir pu vous accorder... mes dernières faveurs .

Votre plus dévouée et fidèle lectrice,
Manon Balletti.
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« [J]'ai continuellement vécu dans l'erreur, n'ayant d'autre consolation que celle de savoir que j'y étais. »
Voilà une excellente introduction pour découvrir l'autobiographie du célèbre aventurier vénitien du XVIIIe siècle, Giacomo Casanova, ses aventures, ses escapades à travers toute l'Europe, ses rencontres avec des personnalités célèbres, son emprisonnement également.

Rédigé en langue française directement, dans sa version originale mais qui a été reprise, ce récit surprend par la franchise des propos, la précision de certaines descriptions, par l'autocritique qui jaillit au fil de celui-ci, par l'analyse que l'auteur fait à l'issue de ses expériences : « Mes infortunes également que mes bonheurs m'ont démontré que dans ce monde tant physique que moral le bien sort du mal, comme du bien le mal. »

Un personnage, au charme réputé ravageur, bourreau des coeurs… qui en deviendrait presque sympathique ! Prudence car toute autobiographie est partisane par essence…
Un récit dense, et riche de par les éléments de son décor, à savoir la société de l'époque, la politique et la culture, vraiment instructifs pour qui s'intéresse aux dites Lumières.
Je vais m'intéresser au « Casanova » d'un écrivain d'une grande sensibilité, et réputé pour la qualité de ses sources, Stephan Sweig pour en savoir plus et améliorer ma focale.
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Audacieux, érudit, amoureux, susceptible, généreux, fantasque, amoral, fanfaron, frivole... Eh bien ça donne une vie pas banal. Les mémoires de Casanova, c'est une magnifique plongée dans l'Europe du 18e siècle, des bas-fonds aux salons de la noblesse, à travers la vie d'un homme au culot monstre guidé uniquement par son humeur, sa fantaisie, sa passion, bref tout sauf sa raison. A lire absolument.
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Évoquant Saint Simon, Sollers reconnait dans les mémoires de cette trempe un genre qu'il n'est pas loin de placer au sommet de la création littéraire, bien devant le roman.

« L'histoire de ma vie » de Casanova, bien que très différente par son style, est d'un niveau comparable. Je viens d'en terminer le premier volume paru dans la collection « La Pleiade » le livre est écrit en français, Casanova en souhaitant une diffusion la plus large possible : or, en ce XVIIIème siècle, le français est encore la langue diplomatique de toute l'Europe; il est parlé partout. Cela nous vaut un texte savoureux, émaillé d'italianismes et parfois maladroit. Cette dernière réserve pèse cependant très peu face au génie propre de Casanova qui maîtrise à son plus haut degré, l'art de saisir son lecteur, d'en faire son confident intime et de ne plus le lâcher. A ce titre, Histoire de ma vie est d'une modernité assez époustouflante.

Lorsqu'il écrit ce chef d'oeuvre, Casanova a près de 70 ans. Il vit retiré dans le château de Dux, en Bohème. Il tient là un petit emploi de bibliothécaire. L'âge le privant des bonnes fortunes de naguère, il revit les joies d'antan en se les remémorant : « Me rappelant les plaisirs que j'eus, je me les renouvelle et je ris des peines que j'ai endurées, et que je ne sens plus ». le ton est donné et il habite toutes les pages : il n'est pas question ici de confessions à la manière de JJ Rousseau et moins encore de contrition ; jusqu'au bout l'homme est un libertin assumé, même si, parfois, l'ombre d'un regret passe comme celle d'un nuage sur un vallon ensoleillé…

La vie de Casanova est un véritable roman : il a tout fait et roulé sa bosse dans presque toutes les grandes capitales. Jeune abbé, militaire, agent diplomatique, musicien, auteur dramatique, financier, astrologue, cabaliste, guérisseur, joueur professionnel et aussi un rien escroc… Sur ce dernier chapitre, il se dédouane à bon compte confessant face à des victimes aussi crédules que cupides, un sens de la retenue dont d'autres, moins magnanimes, n'auraient pas témoigné. Bref, le profil type de l'aventurier dont plusieurs sillonnent alors l'Europe et qu'à l'occasion, notre homme croisera sur sa route, tels Da Ponte, le célèbre librettiste de Mozart ou le sulfureux comte de Saint-Germain qui se dit immortel et dont l'invraisemblable culot charme Casanova autant qu'il l'agace.

Bien sûr, il y a les femmes et le sexe dont Casanova est friand jusqu'à la démesure. Passant avec beaucoup d'insouciance d'une à l'autre, il échappe à une pure logique de consommation par le souci, peu répandu à l'époque, qu'il a du plaisir de ses partenaires : « le plaisir visible que je donnais composa toujours les quatre cinquièmes du mien ». Au surplus, il ne goûte jamais tant le plaisir érotique que lorsqu'il est aiguillonné par le sentiment amoureux. Cela ne l'empêche pas de fréquenter les prostituées mais souvent avec un sentiment mêlé et une forme d'écoeurement. Moins cynique que Don Juan – il se montre soucieux d'assurer un avenir à ses jeunes conquêtes une fois délaissées – Casanova est mû par une vision puissamment sensualiste de l'existence. Dans un texte étonnamment actuel, le philosophe Charles Georges Leroy, ami de Diderot a sans doute le mieux, cerné cette logique : « le besoin d'exister vivement, joint à l'affaiblissement continuel de nos sensations, nous cause une inquiétude machinale, des désirs vagues, excités par le souvenir importun d'un état précédent. Nous sommes donc forcés pour être heureux, ou de changer continuellement d'objets ou d'outrer les sensations du même genre. de là vient une inconstance qui ne permet pas à nos voeux de s'arrêter, et une progression de désirs qui, toujours anéantis par la jouissance mais irrités par le souvenir, s'élancent jusque dans l'infini ».

Séducteur né, Casanova n'en subi pas moins les contraintes de son époque. Dans cette société dont les premiers craquements annoncent les bouleversements à venir, les classes sociales sont encore très compartimentées : s'il cultive de hautes fréquentations, ses maîtresses se recrutent moins chez les aristocrates qu'au sein de la bourgeoisie naissante, chez les actrices et danseuses qu'il côtoie assidûment ou plus prosaïquement parmi son personnel de maison. Casanova multiplie les conquêtes mais guère au-delà d'un certain public et souvent, avec de très jeunes filles que son aisance éblouit et son autorité –proche parfois de l'abus de pouvoir – subjugue. On atteint souvent là les limites du personnage : galant et raffiné il apprécie mal d'être rejeté ou de se sentir la dupe d'une femme, surtout si celle-ci est de petite condition : il peut même se montrer violent à l'occasion. Brusque dans la conquête, ne s'embarrassant guère de sentimentalité vaine, il se révèle toutefois amant délicat, sensible à la personnalité de ses maîtresses qu'il traite sur un pied de grande égalité.

Ce premier volume relate la période vénitienne de Casanova. Ces pages se découvrent comme un opéra flamboyant aux multiples rebondissements. On y croise une sorcière qui guérit le tout jeune Giacomo de pénibles hémorragies, on le suit dans ses rendez-vous secrets sur l'île de Murano, amoureux de deux religieuses qu'il partage avec l'abbé de Bernis, ambassadeur de France à Venise et qu'il retrouvera plus tard à Paris. On est pris avec lui sous le charme de la belle Henriette, une noble provençale, belle et intelligente, qui ayant rompu avec sa famille, sillonne l'Italie habillée en homme. C'est elle qui le quittera : toute sa vie il gardera un souvenir ému des belles heures partagées avec cette femme qui lui ressemblait tant.

La période vénitienne se termine mal : Casanova est arrêté et incarcéré à la prison des plombs. Cela nous vaut aussi une scène d'opéra : il s'évade par les toits, en plein mois de novembre, portant les habits du plein été de son arrestation. Il déboule ainsi au petit jour sur la Piazzetta, en costume de soie rose et dentelles, chapeau à points d'Espagne d'or et plumet blanc, la barbe rasée à la hâte. Cette évasion fera sa célébrité. Elle est particulièrement révélatrice de l'individu, passionné, suivant l'inspiration du moment mais aussi terriblement tenace et, au besoin, très courageux. Je lui laisse le dernier mot. Fier de son tour de force, Casanova nous avoue que la vanité qu'il en tire « ne vient pas de ce que j'ai réussi, car le bonheur s'en est beaucoup mêlé ; elle procède de ce que j'ai jugé la chose faisable, et que j'ai eu le courage de l'entreprendre ».
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Autant le préciser d'emblée, je n'ai eu le courage de me plonger que dans le premier tome des mémoires de l'illustre Giacomo Casanova de Seingalt !
Lire ce livre, c'est se retrouver en plein coeur du XVIIIème siècle européen avec notamment ses moeurs et sa géopolitique parfois extrêmement compliquée, et suivre les tribulations d'un personnage qui est à la fois un ecclésiastique, aventurier, libertin, épicurien, scientifique à l'occasion, etc...bref un véritable touche-à-tout au destin hors du commun.
Avec le style qui est le sien, plein d'emphase et de lourdeurs dans le récit, Casanova revient dans les moindres détails sur sa vie, jalonnée de rencontres galantes bien sûr mais aussi d'évènements rocambolesques. La lecture en est souvent indigeste, parfois ennuyeuse, au point qu'on a régulièrement envie de décrocher, mais elle reste suffisamment intéressante pour qu'on ait envie de la poursuivre jusqu'au bout. Les pages les plus captivantes sont sans conteste celles où il nous fait le récit de sa fameuse évasion de la prison des Plombs à Venise, haute en couleurs, et qui à elle seule aurait pu faire l'objet d'un roman distinct. Un épisode qui, à mon sens, justifie presque à lui seul la lecture du premier tome de cette "Histoire de ma vie" !
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Un grand témoin de son temps!
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Nous décou­vrons les années d'enfance et de jeu­nesse de Gia­como, dans les dif­fé­rentes ver­sions qu'il a pu en faire au fil de sa vie, pré­sen­tées par­fois en double page et puis­sam­ment anno­tées. L'ouvrage se com­plète de nom­breux docu­ments annexes (chro­no­lo­gie, lexique et règle des jeux, cal­culs des heures à l'italienne, cartes et plans…), soit mis en fin de volume, soit insé­rés là où ils sont utiles. L'ouvrage est ainsi une savante et savou­reuse pro­me­nade à tra­vers l'Europe du XVIIIe s., où Casa­nova va mener sa vie avec une bonne humeur et un entrain qui font de la lec­ture de ses sou­ve­nirs un véri­table plai­sir intel­lec­tuel et une pro­me­nade ryth­mée dans le monde contemporain...
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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Une vie d'aventure, à tous points de vue, à travers l'Europe et les aubaines, racontée avec nostalgie alors que la vie s'échappe. Et pour nous une plongée immersive dans le 18e siècle du continent.

Je n'en ai u qu'une anthologie, et non pas le texte intégral.
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