CHEMINS ARVERNES ★★★★★
(Des monts Dore aux monts Dôme)
La prose itinérante de
José Casatejada est un véritable régal. Avec lui (et son ami Jean-Marc) les journées se succèdent à un bon rythme de marche, étape après étape, avec des notations pertinentes sur le climat ou la beauté des paysages. Chaque épisode est documenté et on se dit que l'auteur a pris moult notes pour édifier ce conte moderne, qui s'aventure entre sucs et puys :
"Étape 7 : La Bourboule – Orcival, Temps pluvieux, brouillard, vent et soleil le 18.05.2012 (26 km – 5 à 13 °C)"
Il nous fait tout partager, odeurs, sensations, vol des rapaces fondant des nuages, paréidolies dans le ciel. Et son enthousiasme avant tout. Ce marcheur est un troubadour du nouveau siècle, qui sait constamment s'émerveiller :
"Un passage sous la RN89 débouche sur une piste agricole bor¬dée d'arbustes et de graminées odoriférantes. Çà et là, des mar-guerites à hautes tiges, des fleurs de pissenlits et leurs coton¬neuses boules d'akènes ornent la verdure."
L'écriture de José est fine, minutieuse, sereine, le style très appliqué, avec un vocabulaire toujours juste. Quelquefois, il sait se faire lyrique :
"La large piste, bordée çà et là d'arbres aux troncs creusés par les martèlements du bec puissant des picidés, contourne le suc du Coq puis s'oriente au sud-ouest. Au fond d'un vallon, elle longe des champs verdoyants, des collines boisées et le tumul¬tueux ruisseau de Courbanges. Malgré le ciel bas et gris, la simplicité rustique de ce paysage ainsi que son charme indéniable me captivent et me portent à inventer de folles scènes pasto-rales antiques. de gracieuses divinités s'ébattent dans ce décor agreste, bondissent çà et là, courent devant nous… Devant nous précisément, l'inclinaison du terrain me ramène à la réalité : le chemin caillouteux s'introduit dans la forêt et s'élève en pente raide."
De plus, ce qui me frappe surtout dans ces pages, c'est l'extrême bienveillance de l'auteur, dans ses contacts avec les populations locales ou ses amis. Échanges francs de paroles ou de repas au gré des rencontres. Il est touchant quand il parle de son épouse, laquelle ne le suit que fort rarement, sur des trajets plus courts j'imagine.
Expérience de vie, ce volume se veut aussi précis touristique sur les régions traversées, les villes, les attractions locales vues de loin ou de près. Il peut s'agir d'un volcan d'une église ou de tout autre point distinctif dans la topographie ou sous ses yeux :
"La maison de la Reine Margot, où aurait séjourné l'épouse d'Henri IV, retient notre attention par la richesse de ses orne¬ments : encadrements de portes ouvragés, fenêtres à meneaux, blasons, statuettes. J'imagine les rues, en ce temps-là, grouillantes de monde, retentissantes de bruits, embaumées d'effluves de vie et de victuailles. Par la place de la Gayme, où jadis se vendait le Saint-Nectaire, nous nous dirigeons vers le Beffroi du XVe siècle qui constituait la porte d'entrée principale de la cité moyenâgeuse. Par la rue du Marché, nous nous avançons vers la fontaine de la place du Dr Alfred Pipet, autrefois dédiée au négoce du blé, et rentrons à l'hôtel."
J'aime cette littérature de randonnée vécue et je dois dire que
José Casatejada est un maître en la matière. Je le recommande chaudement aux amateurs. Ce volume concerne des coins et des sentiers aurhalpins, mais, bien sûr, ses récits de la
Via Stevensonia et de la
Via Compostela sont tout aussi remarquables.
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