_Il y a une espèce de petite bête qui s'est logée dans ma cage thoracique, expliqua le patient.
Il toussota , comme pour s'excuser d'avouer un mal aussi étrange, et se laissa aller contre le dossier de sa chaise.
_Une bête ? fit le médecin, après une hésitation qui ressemblait fâcheusement à un commentaire désobligeant. Sa voix, toutefois, restait calme, précise, le ton interrogateur ne marquant que la prudente réserve d'un esprit scientifique.
_Probablement une sorte de triton, ou de grenouille, répondit le visiteur.
C'était tout. Pas un mot de plus. Après avoir lu et relu ces quelques lignes, Bellaman se sentit plus perplexe que jamais. Il avait beau se creuser la cervelle, la phrase restait toujours aussi incompréhensible. Quelle servitude? Et comment Potter pouvait-il prétendre agir, même après sa mort, en " libérant " le dénommé Siméon Brown, - l'homme maigre, aux mains éternellement gantées, qui à deux reprises avait manifesté sa présence de façon si curieuse? Décidément, toute cette affaire paraissait fantastique.
Toute cette affaire, sauf évidemment la présence réelle de M. Siméon Brown, en chair et en os ( surtout, en os ).