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Citations sur La reine Claude (9)

Je vais partir, à cause du mensonge, parce qu'un comme ça, on ne peut plus vivre avec, après. Un mensonge de cette taille va mettre ma vie à sec. Il aura menti tout le temps alors, quand il disait qu'il aimait ma purée, il mentait, et quand il me trouvait bien habillée, quand il aimait l'odeur de mes cheveux, et quand il demandait ma main, quand il parlait d'un enfant, il mentait, il mentait à son travail, il mentait quand il n'avait que moi, il mentait parce qu'il n'avait aucune maladie, juste une démence profonde, à interner. Jamais je n'accepterai de me dire qu'il a menti pour ne pas me perdre et que c'est magnifique. Ah non, je vais penser que c'est un monstre avec qui j'ai gâché du temps, et chaque fois qu'un homme me parlera, après lui, je penserai qu'il ment. Je ferai comme si je suis d'accord, je dis toujours d'accord à un homme, mais je ne le croirai plus. Je ne croirai plus ni les curés, ni les amis, ni les docteurs, ni aucune histoire. Je me sentirai manipulée, le monde entier s'emploiera à ma perte, tous les machinistes œuvreront pour ma destruction. Et à l'origine de l'entreprise, il y aura lui. Lui et son œuvre, c'est-à-dire moi, dans ma déchéance, moi dans sa bouillasse, moi gâchée, je ne sais pas, décongelée, desséchée, croûtée, ignoble.
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Après un déjeuner sur une plage déserte, on est rentrés s'aimer.
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Je fais ce que je peux mon Amour, je la pousse à bout mon imagination, bientôt mes lettres vont former des dessins et ce sont des chardons qui sortiront de ma bouche, à force de tournicoter mes pensées dans ma salive, à force de ruminer les horreurs que je pense des vivants. Quant à ma tête, oh celle-là, qui s'emballe. Dans le métro elle cavale, pendant que les jeunes comparent à haute voix leurs nouveaux emplois du temps, détestent leurs professeurs et ont philo, parce qu'ils ont philo, ceux qui parlent fort. Ils ont philo ou bac ou prépa. On dirait que c'est quelque chose de superbe d'avoir philo, ça m'énerve parce que quand j'avais philo, ça me mettait déjà hors de moi que les élèves de ma classe en parlent. Je matais les vieux de la rame, alors je n'aimais pas faire savoir que j'étais en terminale. Je mate toujours les vieux du wagon: j'en prends dix et je me demande. Lequel. Et si c'était obligé de choisir. Et s'il fallait en sucer un. En embrasser un. En branler un. En aimer un. Et c'est affreux, parce qu'ils sont affreux les vieux du métro, qui suent, qui lisent, leur doigt boudiné dans l'alliance, leur ventre rebondi au-dessus de la ceinture, leur bouche encore pâteuse du rouge de midi, leur journal bien repassé, leur gros cartable, leur petite queue coincée là, qui a un peu envie de faire pipi, ou qui vient de faire, ou qui gratte. Je les regarde et l'angoisse vient.
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Qu'est-ce qu'on a fait de mal ? Tu as tué des gens, tu as volé, tu as menti ? Et moi, est-ce que j'ai tué ? Non, mais non, j'ai encaissé, tout le temps, je n'ai rien fait de mal, je t'aime comme une malade mentale, je ne veux pas te perdre, et je n'ai rien d'autre à dire pour le moment, je radote et je suis déjà vieille si tu pars.
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Tout de suite, c'est ce soir, c'est bientôt, on tourne en rond, on va finir débiles à force de se dire qu'on s'aime. Si seulement on avait le temps, on s'engueulerait un peu, on se giflerait, on fouillerait dans les affaires de l'autre, on espionnerait ses coups de fil, on traquerait, on se fabriquerait plein de cancers, mais on n'a plus le temps mon Amour, on a juste le temps de s'aimer. Encore ? Toujours.
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Toutes, je dis bien toutes les histoires que j'ai vécues avant la nôtre étaient de la merde. Quelque chose d'inouï en qualité de merde, ennuyeuses, sales, étrangères, niaises, fausses, bourgeoises, alambiquées. On ne va pas m'enlever notre histoire, ou si on le fait, je vais tuer, le chantage commence. Ces pauvres cons qui m'ont roulé dessus, je les tuerai un à un, si tu pars. Pour te venger, parce que je sais que ça te fait souffrir de savoir qu'il y en a eu d'autres, avant toi, qui m'ont fait des promesses, des caresses, et m'ont dit des mots doux. Pour te venger du mal au cœur que tu as sans doute éprouvé parfois, au début, en entrant dans mon lit et pensant à avant, à ces culs vérolés posés là avant le tien, tout lisse et beau, lui, au moins. En les imaginant, ces hommes, installés dans le salon, touchant à mes disques, à mes livres, se servant un verre, buvant mon café. C'est affreux à vivre, je le sais bien.
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Après tout, avec ou sans toi, c'est pareil. J'ai une tête, et deux jambes, fille-têtard, comme tout le monde, je vais manger, boire et dormir, travailler, parler et sourire et rire même. Je vais faire des courses, partir en voyage, il y aura toujours les étoiles, les oiseaux, les fleurs et la télé. Tu n'empêcheras pas la terre de tourner avec ta mort. Je vais tout axer sur mes parents et sur mon chien. Je vais en adopter d'autres, je ne penserai plus qu'à mes chiens, c'est ça, je les marierai, on aura des enfants, on déménagera pour avoir un jardin. De toute façon, si je calcule, tu passais plus de temps dehors que dedans. Ce ne sont pas trois fichues heures avant le sommeil qui vont me manquer. Je m'occuperai. C'est le temps d'un film et demi. J'apprendrai à broder ou à peindre, je téléphonerai ou bien je prendrai des somnifères pour dormir plus tôt, pour oublier de t'attendre. Un jour, je me rendrai compte que je me suis habituée. Tu ne seras pas là, et je ne dormirai pas pour autant. Je m'occuperai, dans ma maison, je ferai mes cartons en vue d'un hypothétique déménagement.
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Je suis en toi, anesthésiée, je n'ai plus de corps. Ce matin, j'ai perdu une dent, sans rien faire, sans bouger, elle est tombée. Ça m'a rendue folle. Je me suis écorchée les pieds pour penser à toi à chaque pas, j'ai mastiqué des glaçons et me suis piquée sous les ongles. J'ai marché, genoux nus, sur la moquette en corde, j'ai rempli mes tympans de Perrier-limonade et enfoncé ma langue dans une prise de courant. J'ai introduit ma tête dans un sac en plastique, laissé pourrir une quiche avant de la manger. Je me suis épilée au briquet, j'ai fait des chewing-gums d'allumettes et puis des crêpes au Canigou. J'ai sucé les boules rouges d'une plante vénéneuse, cueilli des champignons n'importe où dans les bois. J'ai mordu mes biceps et griffé mes gencives, puis sniffé des pollens pour satisfaire mon asthme. J'ai traîné sur le trottoir pendant une nuit entière, puis me suis savonnée à la lessive liquide. J'ai mangé des médicaments, et de la Biafine pour faire glisser. J'ai pressé un citron pour faire briller mes yeux, j'ai cousu des rasoirs contre mon oreiller, collé des tiges de roses à l'intérieur des draps. J'ai dormi dans la cuisine, et creusé comme un chien, le nez rouge dans le carrelage. J'ai mis mes mains dans l'eau brûlante, j'ai avalé mes larmes. Je me suis noyé l'intérieur. Je n'ai rien senti, ou si peu, seulement sous la peau, un tournevis dément, fixant la rage et l'impuissance face à ta vie qui fuit.
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C'est l'histoire de ma vie qui a croisé la tienne, c'est l'histoire de nos nerfs en crise, de deux malades qui n'ont que l'amour pour moteur, la rage de rester haut. C'est l'histoire de deux têtes capables de se saborder pour que l'autre ne meure pas. C'est l'histoire du sillon creusé depuis cette rencontre-là, le long duquel poussent les fées et les fleurs. C'est l'histoire d'un prunier à déraciner parce qu'il s'est fichu au milieu, et les fleurs n'ont plus d'eau. Il faut l'abattre, en faire du bois, le bois de notre croix et celui de nos feux. Tu ne mourras pas. Je t'aime.
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