Il s'agit d'une bande dessinée qui traite de la transidentité et qui peut, en cela, servir d'une intéressante ressource pour éduquer sur cette question, qu'elle évoque avec une certaine justesse. Il demeure néanmoins important de préciser que de nombreux aspects ne sont pas représentatifs de l'ensemble des personnes trans, de l'ensemble des parcours de transition, très variés, qui existent, et cet ouvrage a pu créer des dissensions au sein de la communauté, notamment quant à la place de
Quentin Zuttion, le dessinateur, pour évoquer ceci.
Dans cette bande dessinée qui évoque l'adolescence de Nathan, un jeune homme transgenre, sont évoqués la question du soutien par la famille et par l'entourage, qui font malheureusement défaut à certains adolescents trans, subissant la transphobie de leur entourage, et peut être une très importante source de mal être. le processus de la transition de Nathan nous est décrit, avec ses joies et ses peines. Son mal être face aux transformations de son corps liées à l'adolescence, sa dysphorie, face à cette puberté dont il n'a pas voulu sont assez justement représentées par les illustrations de
Quentin Zuttion.
Cette bande dessinée est à mettre entre les mains de nombreuses personnes, car elle permet de mieux comprendre la transidentité et le quotidien d'adolescents transgenres, et constitue un outil d'éducation sur le sujet. Cependant, la façon dont la dysphorie est représentée comporte certains passages dont la violence n'est pas nécessairement représentative de tous les vécus des personnes transgenres, et qui revêt presque un aspect voyeuriste, dans la représentation du corps et de l'intime par un auteur qui n'est pas concerné et ne perçoit, malgré un témoignage à partir duquel il a pu construire cette bande dessinée, que de l'extérieur. Ainsi cette bande dessinée ne retrace-t-elle évidemment pas tous les parcours possibles d'adolescent-es trans, ni même tous les parcours et tous les vécus d'hommes trans ; s'il peut donc s'agir d'un outil d'éducation, par son caractère explicatif, il s'agit de ne pas considérer cet ouvrage comme exhaustif et bien de le remettre en perspective avec d'autres réalités, laissant la place à la parole de personnes concernées.
Outre ceci, j'aime toujours autant le dessin de
Quentin Zuttion et l'utilisation qu'il fait des couleurs, qui m'avaient tant plu dans
Chromatopsie.