Citations sur Le point sublime (16)
J'ai dix-sept ans aujourd'hui. J'ignore à peu près qui je suis, qui je deviendrai et ce que deviendra le monde. J'ai peur de la mort, de la vie, de l'amour. J'ai peur et je crève d'envie de tout connaître. J'ai peur et j'aime deux garçons, la beauté de l'univers, le mystère de l'existence. Mon corps tremblant au milieu de ce vide immense.
Mon film essaiera de montrer ce que c'est que grandir, naître et devenir femme, croire, explorer, aimer, se tromper, recommencer. Il parlera des gens que l'on aime et qui malgré eux, malgré nous, nous trahissent, et de comment, quoi qu'il arrive, notre vie continue.
- Toi, avait lancé Lune, tu te promènes torse nu. Et moi, je n'en aurai pas le droit ? Tu pourrais m'expliquer ça, dis ?
Il avait balbutié quelque chose sur la façon de se tenir, sur le regard des gens.
- C'est parce que je suis trop vieille ? Plus assez belle ? J'offense tes yeux ?
- Non, mais...
- Ou alors, c'est parce qu'il faut que les femmes cachent leur corps pour ne pas perturber les hommes ? C'est notre faute à nous, si je comprends bien ? Nous sommes des organismes dangereux, qui devons apprendre à nous contrôler, et vous de pauvres victimes qu'il faut protéger ?
Merde, mais c'est à se demander pourquoi on a fait une révolution !
Parce que je comprends très vite que ce n'est pas le bonheur qui nous fait grandir, au contraire. Ce sont les claques, les coups dans le ventre, les blessures et les humiliations. Les chagrins aussi.
Il n'y a que comme ça qu'on avance. Qu'on se débarasse des rêves puérils et des espoirs dangereux.
C'est une leçon que j'apprends très tôt.
– Il y a un stage de pole dance samedi au Centre culturel, tu viens avec moi ?
Je ne suis pas vraiment chaude.
– Du pole dance ?
– Un truc avec un mât, Mina, t’as jamais vu ça ?
– Ça fait pas un peu pute ?
– Si, complètement ! C’est ça qui est génial.
Je ne pourrais jamais lui dire que je me sens creuse, abandonnée, insignifiante; que face au ciel d'été, au passé, à l'avenir, à la gamine que j'étais, à la femme que je ne serais jamais peut-être, j'ai l'impression, soudain, que l'existence est un mensonge ; que la vie, l'amour, sont des trucs qu'on se raconte pour oublier qu'on est seul, parfaitement seul, sur un bout de caillon en surchauffe au milieu du cosmos - un caillou qui tombe sans cesse et n'en finira de tomber, mais au fond peu importe.
[Lune à Mina] Le couple, la famille nucléaire, c'est une invention, rien d'autre. Une convention sociale. Ne fais pas les choses parce que la société t'y oblige, mais parce que tu les sens dans ton cœur !
Au milieu de l'univers, suspendue dans le vide, je ne suis rien - même pas un point, même pas une seconde. Une particule sensible, vouée à aimer, souffrir et disparaître. J'ai envie de pleurer et de jouir à la fois. L'immensité me terrifie, m'appelle et m'invite.
Aujourd'hui, sept ans plus tard, j'ai appris grâce à elle qu'on peut garder les plus belles choses. Les instants d'amour, d'écoute et de partage. Les drames, aussi, avec toute leur intensité.
Ne fais pas les choses parce que la société t'y oblige, mais parce que tu les sens dans ton cœur !