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Critique de vincentf


Céline, ça vous en fout plein la gueule, ça vous submerge par un flot ininterrompu de mots et de ponctuation et ça vous prend aux tripes parce que tout est déballé dans ce style si particulier qui pourrait prodigieusement énerver et qui fascine par son exubérance, sa luxuriance, sa peinture on ne peut plus pittoresque de personnages qui, comme le narrateur, se lancent dans d'interminables et éberluées diatribes, celles du père qui se plaint du malheur que son fils propage dans toute la maisonnée par son comportement, celles de l'oncle qui accueille l'enfant quand il tente d'étrangler son père, et celles de ce personnage grotesque et sublime, au nom (faux, parce qu'il est plus escroc que scientifique) impayable de Jean Marin Courtial Des Pereires, chez qui Ferdinand trouve enfin, parce qu'il est à la fois un génie (complètement dépassé, très dix-neuvième, positiviste à l'extrême) et un margoulin, une nouvelle famille. Mort à crédit, c'est un flot ininterrompu de mots, disais-je, mais ce déluge, et c'est là que Céline est extraordinaire, subit parfois des accélérations proprement renversantes aux moments-clés, ceux qui sont préparés par tout ce qui précède mais qui éclatent furieusement, le personnage se trouvant soudain hors de lui, les événements se déroulant dans un délire que rien ne saurait freiner, comme lors de sa dernière nuit en Angleterre lorsque la femme qu'il reluque amoureusement et silencieusement depuis plusieurs mois saute dans son lit avant de se suicider, comme lorsque Ferdinand tente de tuer son père, ou comme lorsque Des Pereires, lui aussi, se suicide. A chaque fois que sa vie prend un chemin plutôt calme, presque heureux, ça se déglingue peu à peu, l'argent fout le camp, les hommes deviennent fous et, soudain, ça pète, la mort se pointe et il faut partir, car Mort à crédit, c'est une fuite sans fin qui ne se termine pas, car à la fin Ferdinand n'a qu'une idée en tête, partir, faire son voyage au bout de la nuit.
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