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Critique de Myriam3


Trahi enfant par son ami Pascuali qui a révélé sa cachette alors qu'il s'apprêtait à partir clandestinement à New York sur un bateau, Frédéric Sauser alias Blaise Cendrars - la braise et la cendre, le Phénix - n'en finit pas de partir, toute sa vie durant.
"Quand on aime, il faut partir". Dans Bourlinguer, Cendrars évoque, à partir de ses chapitres portant le nom de villes portuaires - Rotterdam, Anvers, Naples, Hambourg - ses nombreux voyages de par le monde. Ici la destination, finalement, compte peu, mais c'est le voyage lui-même qui crée l'aventure et par son récit, qui provoque les réminiscences, les relations paternelles douloureuses, les amours, l'amitié, ainsi que tout ce monde des bas-fonds, cette vie portuaire populaire, interlope. Parce que Cendrars s'intéresse surtout à cet univers, celui du passage, du changement, du vagabondage, des voyous et des prostituées, des artistes et des voyageurs.

La partie centrale de Bourlinguer s'appelle Gênes; il s'agit d'un long chapitre, le plus long de tous, dans lequel Cendrars raconte son retour temporaire sur les anciennes terres de son père, épuisé, pourchassé pour avoir participé à la contrebande de perles à Téhéran. Là, il s'isole, tel Kim dans le roman éponyme de Kipling qu'il prend pour modèle - Bourlinguer est truffé de références littéraires sous forme d'incipits et de dédicaces qui permettent à Cendrars de s'inscrire dans une certaine lignée littéraire -. Cet isolement fait ressurgir des événements traumatiques de son enfance ainsi qu'un fort sentiment de culpabilité. Cendrars a alors 20 ans. Gênes est ainsi sa propre descente aux enfers, son lieu de mort et de renaissance, un thème cher à Cendrars.
D'autres chapitres sont plus légers, volontiers bagarreurs, frondeurs, mais également très érudits et permettent souvent à Cendrars de replonger momentanément dans ces émotions, instants pénibles - pour l'auteur - que l'écriture retranscrit par des phrases soudain très courtes et elliptiques qui finalement closent le chapitre pour permettre l'ouverture d'un autre repartant sur de nouvelles bases.

Ce livre, parfois difficile à suivre, est en même temps fascinant par sa richesse.
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