AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Merik



Il se pourrait que la mécanique littéraire de Javier Cercas ne soit pas si compliquée, il écrit et le lecteur le suit (ou pas). Comme si le fait d'agripper le lecteur était l'essence irréductible de sa prose, quel que soit le genre, quel que soit le sujet. le virage amorcé dans le polar avec sa série Terra Alta a révélé un auteur arrivé au bout d'un cycle et refusant de se singer, prêt à renouveler sa production, au risque de contredire son oeuvre passée ancrée dans le réel historique. Et il semble être le premier à en rire, la mise en abyme depuis le deuxième volet s'accentue ici où il sera question d'un romancier, Cercas, dont les policiers ont lu (ou pas) ses précédents livres en questionnant sa vraisemblance, eux qui ont vécu de l'intérieur les affaires qu'il relate :
« – Oubliez Cercas, lui conseille Rosa. Il invente tout.
– Je ne sais pas ce que Cercas raconte, mais l'histoire de l'assassinat est la version qui s'est imposée, soutient Blai en affichant une moue de mépris. […] La réalité nous ennuie. On préfère la fantaisie [...]»
Ici aussi la fantaisie prendra ses aises malgré l'affaire à venir inspirée de celle d'Epstein, elle se déploiera dans la manière cavalière de sa résolution. Même si Melchor s'en moque de tout ça, lui qui n'a pas lu Cercas, lui l'adepte des romans du 19ème. On retrouve le personnage charismatique de la série désormais bibliothécaire en Terra Alta, aux prises avec les dix-sept ans de sa fille Cosette qui vient de découvrir la vérité sur le décès de sa mère. Cette dernière n'étant pas morte dans un accident malencontreux comme lui avait toujours dit Melchor, mais dans un accident programmé, un assassinat déguisé.
Les lecteurs des deux volets précédents ne seront pas surpris, les autres n'ont pas à s'inquiéter. Cercas déploie toute son habileté narrative dans la première partie pour mettre tout le monde à égalité, en rappelant les éléments essentiels de sa trilogie tout en déployant les bases de l'affaire à venir. Dans le premier volet il avait été question de l'affaire Adell et du décès de la mère de Cosette, dans le second de chantage à la sextape à la mairie de Barcelone, mais aussi de l'assassinat de la mère de Melchor. le dernier volet se tourne résolument vers la troisième femme de la vie de Melchor, Cosette, partie en villégiature sur l'île de Majorque avec sa meilleure amie. le roman s'ouvre sur Melchor à l'arrêt de bus afin de la retrouver, il ne récupèrera que son amie. Cosette est restée à Majorque, et il faudra peu de temps pour admettre l'impensable : Cosette a disparu !
On se doute qu'il ne sera dès lors pas question pour « l'espagnolard » de rester les bras croisés, surtout si on connaît ses méthodes radicales contre l'injustice sous toutes ses formes, notamment celles faites aux femmes, qui plus est les siennes. Voilà un troisième volet qui clôt magistralement l'incursion de Javier Cercas dans le roman noir. J'ai été à peine surpris de tourner les pages avec frénésie dans cette affaire de prévarication au profit d'un magnat suédois ancré dans un système insulaire de viols, d'autant que l'auteur espagnol semble s'être mis au diapason du genre, en clarifiant le déroulé de son récit, en variant le rythme entre retours sur le passé, ou avancée dans la résolution de l'affaire. Il faudra s'y faire, Javier Cercas écrit tout simplement de bons romans. Chapeau l'artiste !
Commenter  J’apprécie          4219



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}