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Karine Louesdon (Traducteur)Aleksandar Grujicic (Traducteur)
EAN : 9782330150143
320 pages
Actes Sud (05/05/2021)
3.86/5   466 notes
Résumé :
Sur des terres catalanes qui portent encore les stigmates de la bataille de l'Ebre, Terra Alta est secouée par un affreux fait divers : on a retrouvé, sans vie et déchiquetés, les corps des époux Adell, riches nonagénaires qui emploient la plupart des habitants du coin. La petite commune abrite sans le savoir un policier qui s'est montré héroïque lors des attentats islamistes de Barcelone et Cambrils, et c'est lui, Melchor, qui va diriger l'enquête.
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Critiques, Analyses et Avis (96) Voir plus Ajouter une critique
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Javier Cercas est sans doute le grand écrivain espagnol de ces dernières années. le voir s'attaquer au polar est forcément très excitant. Et c'est une totale réussite car il est parvenu à manier avec respect les conventions du genre tout en y injectant l'ADN de ses romans précédents, à savoir une réflexion profonde sur l'héritage de l'histoire espagnole ( la guerre civile évidemment et le franquisme ) et comment elle façonne le territoire et les esprits encore aujourd'hui.

Une terre aride, déshéritée et inhospitalière au fin fond de la Catalogne intérieure. Un triple assassinat, un couple de riches nonagénaires et sa domestique. Un carnage, ils ont été atrocement torturés de leur vivant. Un flic. Une enquête tortueuse, laborieuse et au bout la vérité, sale, bien sale. On est bien dans le polar, avec une intrigue très détaillée, des rebondissements, des pièces du puzzle qu'ont pensé fausses pistes et qui se révèlent essentielles pour comprendre les ressorts profonds, cachés du crime. On se sent assurément en terra cognita polardesque …

… mais très vite, on devine que Javier Cercas ne va pas se contenter d'un simple polar, tout réussi qu'il soit. Ce qui l'intéresse, c'est de montrer de quoi sont faits les êtres humains, dans toute leur complexité. Et pour cela, il sert au lecteur un personnage principal absolument extraordinaire : le charismatique flic Melchor Marin. le mystère du roman, c'est autant les raisons du massacre du richissime industriel cacique local ( avec en dommages collatéraux son épouse et sa bonne ), que la personnalité de Melchor, éclairée par des chapitres alternés remontant son passé de malfrat repenti en flic justicier. Je me suis surprise à presque plus attendre ces chapitres-là que ceux de la résolution de l'enquête.

Melchor est un personnage d'autant plus fascinant qu'il s'est approprié Les Misérables de Victor Hugo, découvert en prison, comme « un vade-mecum vital ou philosophique, un livre oracle ou sapiental, un objet de réflexion à explorer tel un kaléidoscope, infiniment intelligent, un miroir et une hache. » Melchor ne lit pour des raisons culturelles, il lit pour des raisons vitales, considérant la littérature comme une manière de vivre plus intensément, plus richement, un moyen de comprendre sa vie.

C'est passionnant de suivre son identité vacillante, de le voir relire les Misérables au diapason de sa propre évolution, s'identifiant d'abord à un Jean Valjean carburant au ressentiment, pour lequel la vie est une guerre, puis à Javert avec sa droiture halluciné au sens de la justice extrême, avec en ligne d'horizon Monsieur Madeleine qui parvient à vivre loin de toute haine. Même si on a n'a pas lu le chef d'oeuvre de Hugo, on comprend parfaitement le parcours qui l'a conduit à ce qu'il est au moment de l'enquête et le conduira à son après.

Terra alta est une réflexion palpitante sur la justice autour de la tension entre justice intime et justice légale. Lorsque deux vérités contradictoires fondés sur des raisonnements justes s'affrontent, quelle justice doit s'imposer ? Ce questionnement est d'autant plus intense que s'y invite l'histoire espagnole : récente ( les attentats de Cambrils en 2017 ) et plus ancienne, toujours cette fichue guerre d'Espagne qui a laissé des traces profondes, c'est dans ce comarque de Terra alta ( province de Tarragone ) qu'a lieu la bataille de l'Ebre, 113 jours de féroces combats qui a précipité la chute de la République espagnole.

« La bataille n'a fait que laisser des blessures invisibles. Les tranchées, les ruines, les collines jonchées d'éclats d'obus, toutes ces choses que les touristes aiment tant. Mais les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. Ce sont celles que personne ne voit. Celles que les gens conservent secrètement. Ce sont elles qui expliquent tout mais, de celles-ci, personne n'en parle. »

Effectivement, ce sont ces blessures secrètes héritées qui sont la clef du roman, comme si le passé était encore une dimension du présent, Melchor devant trouver sa voie pour essayer de savoir s'il lui est possible de vivre sans haine, d'oublier et de pardonner.

Remarquable ! Je me suis régalée de bout en bout !
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Melchor Marin vit et travaille en Terra Alta, cette région rurale isolée, située dans les terres de l'Èbre, au sud de la Catalogne.
Ancien délinquant, c'est en prison qu'il a découvert Les Misérables de Victor Hugo et, fasciné par Jean Valjean et Javert, il a repris ses études pour devenir policier afin d'élucider l'assassinat de sa mère, prostituée, battue à mort.
Ayant réussi les concours, il est engagé et devient un héros après avoir abattu quatre terroristes lors des attentats islamistes qui ont ensanglanté Barcelone et Cambrils en août 2017.
Pour retrouver l'anonymat après cet acte de bravoure, sa hiérarchie l'envoie en poste dans ce lieu isolé qu'est la Terra Alta.
Quatre ans après son arrivée sur ces terres catalanes qui portent encore les stigmates de la bataille de l'Èbre, Melchor se sent l'homme le plus chanceux du monde auprès de sa femme Olga et de leur petite Cosette.
C'est alors que dans cette région où il ne se passe jamais rien, aux dires d'un de ses collègues policiers, sont découverts dans leur demeure isolée, les corps torturés et déchiquetés d'un richissime industriel nonagénaire et de sa femme ainsi que le corps de leur domestique roumaine.
Les deux victimes Francisco et Rosa, sont propriétaires et seuls actionnaires de l'entreprise la plus importante de la Terra Alta, les Cartonneries Adell qui emploient la plupart des habitants du coin.
Il va s'avérer qu'ils étaient également tous deux membres de l'Opus Dei.
Tout le village est bien vite au courant : « On n'a pas autant parlé de la Terra Alta depuis la bataille de l'Èbre ».
Melchor, premier enquêteur sur les lieux, vu qu'il était de service cette nuit-là, va devoir avec son équipe retrouver les auteurs de ce crime épouvantable. L'enquête promet d'être ardue, la porte n'a pas été forcée, les caméras ont été débranchées, quasiment aucun indice ni mobile, tout a été fait avec minutie. Ce genre de personnages s'est sans doute attiré des ennemis, mais qui peuvent bien être les auteurs capables de s'acharner ainsi sur des vieillards ou les commanditaires d'un crime aussi horrible ?
Deux énigmes cohabitent dans le roman, à savoir qui est l'assassin et qui est ce « héros de Cambrils », surnom donné par la presse à ce policier.
Javier Cercas nous invite à suivre au plus près et de façon haletante cette enquête à rebondissements et la résolution de ces deux questions en alternant l'histoire personnelle de Melchor et les investigations qu'il mène avec ses compagnons.
Terra Alta est un roman policier intense, extrêmement captivant et d'autant plus intéressant et enrichissant que l'auteur y insère un peu de politique avec les indépendantistes catalans, le franquisme et la guerre d'Espagne qui a tellement bouleversé ce pays. Y est plus particulièrement évoquée la bataille de l'Èbre dont les cicatrices sont encore présentes et si certaines sont visibles, « les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. Ce sont celles que les gens conservent secrètement ». Ces paroles prononcées par Olga, l'épouse de Melchor préfigurent quasiment le dénouement.
Javier Cercas maîtrise avec finesse la psychologie de ses personnages, dévoilant peu à peu leur véritable personnalité.
Terra Alta est un profond hommage à la littérature et à la lecture avec pour fil rouge Les Misérables de Victor Hugo, véritable bouée de sauvetage pour Melchor. Javier Cercas a une maîtrise absolue pour planter un décor et traduire une atmosphère, et il m'est apparu, tel un peintre, jouant magnifiquement avec la lumière, réussissant à créer des ambiances aussi bien lumineuses que très sombres.
Difficile de ne pas être en empathie avec ce héros, ce personnage complexe tellement attachant, dont la vie est semée de drames, cet homme assoiffé de justice qui, même lorsque les autorités décident de clore l'enquête, faute de résultats, s'obstine à continuer.
J'ai trouvé Terra Alta, ce polar sur fond social, politique et historique, fabuleux et absolument passionnant de bout en bout.

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Prenant, angoissant, émouvant, révoltant, touchant au plus profond de l'âme humaine et de ses contradictions, Terra Alta, de Javier Cercas, m'a fait vivre d'intenses moments sur les pas de Melchor Marín, un garçon pas épargné du tout par la vie.
Bien que sa mère qui se prostitue à Barcelone, l'ait mis en garde, ait fait le maximum pour qu'il soit éduqué de la meilleure des façons, Melchor n'en fait qu'à sa tête. Rapidement, il plonge dans le trafic de drogue, apprend à tirer, se brouille avec les Colombiens et finit en prison.
C'est là qu'il fait connaissance avec Domingo Vivales, un avocat payé par sa mère, Rosario. S'il joue au dur après sa condamnation à quatre ans, c'est à la bibliothèque qu'il se lie d'amitié avec un Français, Gilles. Celui-ci lui fait découvrir et lire Les Misérables. Jean Valjean, Monsieur Madeleine, Javert reviendront souvent dans Terra Alta, ne quittant jamais vraiment l'esprit de Melchor.
Quand sa mère est assassinée, Melchor décide d'entrer dans la police pour retrouver le ou les meurtriers et Vivales lui apporte une aide précieuse.
Justement, Terra Alta avait débuté dans cette comarque, un district catalan dont le chef-lieu est Gandesa. La Terra Alta est bordée par l'Èbre ce qui me fait penser aussitôt à la terrible bataille qui s'y déroula durant la guerre civile espagnole (1936 – 1939).
Dans mes lectures récentes, je n'oublie pas l'excellent roman de Laurine Roux, L'autre moitié du monde (Prix Orange 2022). L'action se déroulait dans les rizières du delta de l'Èbre, ce fleuve espagnol de près de mille kilomètres. Ici, comme le titre l'indique, Javier Cercas m'emmène sur les hauteurs, sur des terres plus arides, bien moins peuplées.
L'histoire débute fort avec une scène horrible, au mas des Adell. le patron des Cartonneries Adell et son épouse, deux personnes âgées, ont été torturées et massacrées. Avec leurs usines, les Adell sont les plus fortunés de la région, donnant du travail à beaucoup de monde. La police déploie donc les grands moyens pour tenter de résoudre ce triple crime puisqu'une employée a été retrouvée abattue d'une balle dans sa chambre.
Bien sûr, Melchor est au coeur de l'action, lui qui vit heureux à Gandesa avec Olga, son épouse, et Cosette, leur fille.
Après cette entrée en matière ultra-violente, Javier Cercas me fait connaître l'histoire de Melchor, une histoire dont j'ai donné les premiers éléments. Entre les retours en arrière et le déroulement de l'enquête, je suis littéralement happé par le récit dans lequel je retrouve les soucis d'indépendance de la Catalogne et surtout les drames ineffaçables de la guerre civile.
Le passé de Melchor est captivant mais ce garçon me fait trembler chaque fois qu'il agit. C'est d'ailleurs une de ses interventions spectaculaires qui lui a valu son affectation en Terra Alta, loin de Barcelone où il exerçait normalement.
Jalousies, suspicions, compromissions entre policiers, drames ayant divisé la population frappée très durement par l'affrontement sans merci entre anarchistes et franquistes, Javier Cercas mène remarquablement son thriller, tout en s'appuyant sur les leçons données par Victor Hugo dans Les Misérables. Melchor sera-t-il Jean Valjean ou Javert ?
À vous de le découvrir en lisant Terra Alta !

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« La justice absolue peut être la plus absolue des injustices »


Melchor Marin, est de garde cette nuit là au commissariat de Gandesa, une petite ville de la comarque de Terra Alta, en Catalogne. C'est à ce titre qu'il décroche le téléphone et qu'il sera le premier policier à se rendre sur place.

Melchor est arrivé récemment à Gandesa. Jeune policier, c'est son premier poste en tant que titulaire. A la suite d'un acte courageux - il abat quatre terroristes au cours des attentats de Barcelone et de Cambrils - Melchor a du quitter son commissariat de Barcelone pour se faire oublier à la fois des journalistes comme des islamistes. Ce séjour à Gandesa n'est que provisoire. C'est une région dont on raconte « qu'elle est une terre de passage, où ne restent que les gens qui n'ont pas d'autres solutions que de rester, ceux qui n'ont pas d'autres endroits où aller, une terre de perdants ».

Et pourtant le coup de téléphone va démentir le dicton « ici il ne se passe jamais rien ». Dans la villa isolée appartenant à un couple de riches industriels, les Adell, la cuisinière, arrivant pour prendre son service, vient de découvrir avec horreur, les deux corps torturés de ce couple très âgé ! L'homme, Francisco Adell, au caractère dominateur, dirige l'empire des Cartonneries Adell. Sa position comme son comportement lui valent quelques ennemis mais delà à imaginer un tel acharnement, un tel supplice, c'est monstrueux ! Torturer, mutiler, jusqu'à ce que mort s'en suive des personnes nonagénaires, qui peut ainsi s'acharner sur deux personnes âgées ? Par sadisme ? de rage ?

Tout a été murement réfléchi, les alarmes ont été désactivées, les caméras de surveillance, idem. du travail de pro ?

Javier Cercas nous entraîne à la suite de Melchor Marin dans un roman policier assez sombre, parfaitement maîtrisé mais pas que …. L'auteur nous offre un roman à plusieurs niveaux de réflexion, philosophique, historique, saupoudré de religion et de littérature. le récit est habilement construit entre l'univers psychologique complexe de ce policier séduisant et attachant, ses motivations profondes, son histoire qui se dévoile au fur et à mesure de la lecture, et l'Histoire toujours aussi violente de cette guerre civile espagnole qui vient ensemencer le présent. On y retrouve les évènements chers à l'auteur mais évoqués différemment, le franquisme, les indépendantistes, les catalans. Javier Cercas cherche à nous amener à réfléchir sur le sens de la justice, sur l'impact de la littérature dans notre réflexion voire notre ligne de conduite. Ce livre est passionnant, GÉNIAL ! Un polar qui sort totalement de l'ordinaire ! On peut même dire qu'il y a deux polars dans un. L'écriture est vive, nerveuse, on ne s'ennuie pas un seul instant. J'avais beaucoup aimé « Les soldats de Salamine », me suis cassée la tête sur « Anatomie d'un instant »que je vais reprendre. Dans un registre nouveau pour l'auteur qu'est le roman policier, Terra Alta, est tout à fait convaincant.

Merci à Florence de m'avoir incité à lire ce livre.

« Mais les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. Ce sont celles que personne ne voit. Celles que les gens conservent secrètement. Ce sont celles qui expliquent tout. »
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Un livre que l'on commence à lire comme un policier, car c'est effectivement un roman policier, puis qui continue comme le déroulé d'une vie, celle précisément du policier enquêteur, et qui embraye régulièrement sur la grande littérature française, celle de Victor Hugo, avec Les Misérables, oeuvre qui passionne ce policier prénommé Melchor.

Donc, une histoire qui n'est finalement qu'un accessoire pour dérouler le vécu de Melchor, sa naissance, son enfance, son adolescence, sa délinquance, sa conversion vers la police, peut-être invraisemblable mais qui sert magistralement l'orientation de l'enquête. Et puis, tout au long de ce texte quelquefois un peu redondant de détails, la quête du père hypothétique par Melchor, son amour aussi pour Olga qui lui donnera une enfant, naturellement prénommée Cosette.

Bien sûr, Melchor c'est Jean Valjean, encore que quelquefois il s'assimile lui-même à Javert, et c'est tout le bien et le mal qui défilent au long de cette belle lecture dans laquelle il faut pénétrer lentement, toutes ces notions philosophiques et ces sentiments développés par Hugo.

Mais, Olga aiguille aussi Melchor vers d'autres livres, comme L'Etranger et même le docteur Jivago. Leurs échanges littéraires se développent en même temps que leur amour et ils finissent par se faire mutuellement la lecture et la relecture des Misérables.

Autour de Melchor et Olga, tout un foisonnement de personnages : la mère prostituée de Melchor, la famille Adell avec le couple assassiné mais aussi leur fille et leur gendre, les salariés de l'entreprise dirigée par le père Adell, les policiers collègues ou supérieurs de Melchor, un avocat, Vivales, serait-il le père de Melchor?

Donc une belle ambiance de mystère dans ce roman avec également de nombreuses évocations de la guerre civile espagnole dont les stigmates marquent encore les protagonistes les plus âgés, huit décennies plus tard.

Tous ces vécus s'imbriquent, peu à peu les fils de l'enquête se dénouent, mais ce n'est pas l'essentiel qui, lui, se dévoile dans les rapports humains, filiaux, sentimentaux, amoureux, avec une apothéose de haine et de sang.
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critiques presse (9)
Telerama
24 avril 2023
Pour sauvegarder le peu d’anonymat qui lui reste, on l’envoie alors provisoirement à Terra Alta, dans la province de Tarragone, au sud de la Catalogne, où « il ne se passe jamais rien », le prévient-on d’emblée.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeDevoir
12 juillet 2021
Manigances, secrets enfouis, passé ambigu : Melchor, personnage complexe et déchiré, sait que « la réalité est pleine d’invraisemblances », tout comme les romans, qui ne connaissent pas de règles.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
28 juin 2021
Encore une fois, l’écrivain espagnol, qui nous avait charmés et captivés avec L’imposteur et Le monarque des ombres, fait mouche. Terra Alta plaira aux amateurs de roman policier autant qu’à ceux qui s’intéressent à l’Histoire avec un grand H.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaCroix
10 juin 2021
L’immense écrivain, catalan d’adoption mais d’expression castillane, revient à la fiction par le biais d’un roman policier haletant et abyssal. Une réussite radicale.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
25 mai 2021
Histoire d’un livre. Avec ce premier d’une série de romans policiers, l’écrivain délaisserait-il son sujet, l’histoire tragique de l’Espagne au XXe siècle ? Bien au contraire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeSoir
17 mai 2021
« Terra Alta », le premier volume, a reçu le Prix Planeta 2019. Le romancier brille dans ce registre auquel il ne nous avait pas habitués.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaLibreBelgique
14 mai 2021
Avec "Terra Alta", le grand écrivain espagnol renoue brillamment avec la fiction.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesInrocks
11 mai 2021
Le grand auteur espagnol Javier Cercas s’adonne avec brio au roman policier. Le premier tome de “Terra Alta” vient de paraître chez Actes Sud.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
SudOuestPresse
07 mai 2021
L’écrivain espagnol suit l’enquête d’un policier qui a fait des « Misérables » de Victor Hugo son vade-mecum et signe une réflexion romanesque où se mêlent la noirceur des âmes et la persistance du souvenir.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
"Les Misérables"

Melchor lui demanda ce qu'elle en avait entendu dire et la bibliothécaire lui raconta une anecdote. Apparemment, Victor Hugo était exilé en Belgique quand on publia "Les Misérables" et, impatient de savoir comment son roman avait été accueilli, il écrivit à l'éditeur une lettre qui consistait en un seul signe : le point d'interrogation ; l'éditeur répondit à Hugo par retour de courrier et avec un message qui consistait aussi en un seul signe : le point d'exclamation.

Le roman avait eu un succès retentissant. Melchor rit : c'était la première fois qu'il riait depuis la mort de sa mère.
- On dit que c'est la correspondance la plus brève de l'histoire, ajouta la bibliothécaire.

page 200
Commenter  J’apprécie          355
Ils sortirent sous le soleil brûlant de dix-sept heures trente, prirent sur leur droite le camino Caserío et s’éloignèrent du hameau, vite entourés de potagers, orangers et canaux d’irrigation. Un peu plus loin, juste après une rangée de peupliers, se trouvait le potager de Carmen. Celui-ci était petit, carré, et il y avait dans un coin une remise en bois qui abritait le matériel de jardinage : il n’était pas nécessaire d’être un expert pour se rendre compte que ce bout de terre était entretenu avec une tendresse et un discernement hérités de générations de paysans.
(pages 105-106)
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Le Français était en train de cataloguer un livre très épais, en deux tomes, intitulé "Les Misérables". Inévitablement, Melchor se souvient de l'admonestation récurrente de sa mère : "Si tu veux être aussi misérable que moi, ne travaille pas à l'école".
- Tu l'as lu ? demanda-t-il,
- Evidemment, répondit le Français. C'est un roman très connu,
- Et c'est bon ?
- Ca dépend,
- Ca dépend de quoi ?
- Ca dépend de toi, répondit le Français. L'écrivain fait la moitié d'un livre, l'autre moitié, c'est toi qui la fais.

page 53
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Suite à l'assassinat de sa mère, Melchor abandonna les ateliers qu'il fréquentait et arrêta toute activité sportive sur les terrains de la prison. II se replia sur lui-même. Il prit du poids. Il ne parvenait plus à dominer ses pensées, aussi ses pensées le dominèrent-elles, des pensées morbides et immuables, obsédé qu'il était par ce qui était arrivé à sa mère ou par ce qu'il imaginait lui être arrivé. Les deux seules activités qui soulageaient en apparence son obsession étaient précisément celles qui l'alimentaient le plus : parler avec Vivales et lire Les Misérables, qui durant ces jours de deuil cessèrent d'être pour lui un roman pour devenir autre chose, quelque chose qui n'avait pas de nom ou qui en avait beaucoup, un vade-mecum vital ou philosophique, un livre oracle ou sapiential, un objet de réflexion à explorer tel un kaléidoscope infiniment intelligent, un miroir et une hache. Melchor pensait souvent à Mgr Myriel, l'évêque qui fit de Jean Valjean M. Madeleine, le saint persuadé que l'univers est une immense maladie dont le seul remède est l'amour de Dieu, il pensait à l'évêque et se disait qu'il était vrai que l'univers est une maladie, comme le croyait l'évêque, mais que, contrairement à l'évêque, il vivait dans un monde sans Dieu et que dans ce monde il n'y avait pas de remède contre la maladie de l'univers. Bien évidemment, il pensait à Jean Valjean et à sa certitude que la vie était une guerre et que dans cette guerre, c'était lui le vaincu et les seules armes à sa disposition, les seuls carburants, étaient le ressentiment et la haine, et il sentait que Jean Valjean c'était lui, ou qu'il n'y avait aucune différence essentielle entre eux deux.
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La première horreur commença en été, raconte Armengol. Au début du mois de septembre, un autobus bondé d'anarchistes arriva en Terra Alta en provenance de Barcelone ; il était peint en noir et orné de têtes de mort blanches, et ses occupants se mirent à assassiner à tour de bras. En peu de temps, ils semèrent la terreur dans la comarque ; dans la comarque, mais aussi à Bajo Aragón, à Ribera d'Ebre, dans toute la zone. Ils faisaient irruption dans les villages, parlaient avec les anarchistes locaux, leur demandaient une liste des personnes de droite et les tuaient toutes.
- Pour que vous vous fassiez une idée, dit le vieil homme, à Gandesa, en une seule nuit ils ont tué vingt-neuf personnes. C'était ça la fameuse révolution espagnole, au début de la guerre : une authentique orgie de sang. Joli, n’est-ce pas ? Et après, on dit que nous, les Mexicains, nous sommes violents. Mais en vérité, en comparaison de vous, nous sommes un peuple pacifiste et compatissant.
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