Dziriya

Dans ces rues sinueuses, les pièces en encorbellement des maisons avait grignoté tout l’espace public. On eut pu ouvrir une fenêtre à l’étage et rentrer par celle de son voisin s’il n’y avait pas eu le barreaudage. Difficile dans ces conditions-là, de laisser le soleil s’infiltrer. Même le vent était découragé d’avance de s’y introduire. La nuit, cette architecture devenait nébuleuse et le ciel nous faisait pleinement défaut.

Tapies en embuscade, toutes sortes de créatures proliféraient dans l’ombre. N’importe quelle silhouette humaine devenait patibulaire et de petits miroirs à l’éclat verdoyant se fixaient à notre approche avant de disparaître sur-le-champ. C’était le moment opportun pour les chats de pratiquer la maraude. Impossible de parcourir leur territoire sans en croiser un, et si ce n’était pas le cas, des feulements nous parvenaient d’une rue adjacente laissant prévoir une bagarre.

Des bruits indistincts, faits de cliquetis de vaisselle, de murmures de voix parvenus de je ne sais où, accompagnés de brimades, elles-mêmes ponctuées par des gémissements d’enfants ; de pas étouffés, de craquements intermittents de plancher, peut être pour échapper à la férule d’une maman courroucée... j’eus l’étrange sensation d’être dans l’antichambre d’un mauvais rêve. Tous mes sens étaient en alerte, plus que de raison.

S’enfoncer dans les profondeurs d’une cave eut produit un effet comparable. Malgré tout, les sujets de curiosité abondaient. De ce fait, je marquais des haltes intempestives, retroussais légèrement chemin pour changer d’angle de vue et contempler la proéminence des kbous. Avec un peu de recul, cet enchevêtrement ressemblait à des arches où l’on aurait omis d’y déposer la clé de voûte pour les achever.

Finalement, si on faisait abstraction de l’angoisse suscitée par les premières impressions, il y avait quelque chose de fascinant qui résidait sur ce site.