Présences de l'espoir

Le contact trop intime avec la démesure d'une lutte, la violence d'une défaite, ou encore le désarroi d'un abandon, peuvent réduire le tempo de l'espoir à presque rien, voire en éteindre la nostalgie. Le désir reflue sur l'instant, la volonté s'engloutit dans l'entropie et les heures, jamais, ne plaident la cause d'autre chose que d'un quotidien sans signification ni orientation. Or, ce ne sont pas les thèses sur l'espoir qui peuvent alors en raviver le germe chez ceux qui déduisent de leurs échecs l'inanité de leurs vies (...) Pourtant, dans ces circonstances qui sont le lot de beaucoup d'êtres humains, durablement ou pas, l'espoir dont semble vivre telle ou telle personne, nonobstant sa lucidité face à la détresse, est parfois un signe qui semble autoriser de percevoir autrement ce qui est et qui paraît sans issue.

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"Si tu n'espères pas, tu ne rencontreras pas l'inespéré qui est scellé et impénétrable", annonçait déjà Héraclite. Cette célèbre parole (...) enseigne que le sens ultime de l'espoir, par-delà les "objets" particuliers qui habituellement sont les siens, reste toujours l'inespéré. Si les philosophes ont longtemps entretenu une longue méfiance envers l'attitude humaine que cette parole présuppose (...) par contraste, les grandes religions issues de la Bible ont trouvé dans la promesse de Dieu le "lieu" de cet inespéré. Elles l'ont longuement médité et, dans leur optique, l'espérance a alors contracté un lien indéfectible avec la mémoire de cette promesse, en dépit du grand désespoir qui monte, semblant invincible à beaucoup, des lourdes et noires pages de l'histoire.

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La promesse (biblique) porte sur le temps futur et non sur une sortie du temps, un avenir s'ouvre dès aujourd'hui grâce à elle, un avenir qui d'ores et déjà oriente le présent et interdit de se résigner au pire, à la défaite ultime et à la prévalence définitive des ténèbres.

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