Est-ce moi qui rêve ou bien suis-je un personnage rêvé, une projection de mon double, et alors lequel de nous deux aura le dernier mot?
Une image avait alors frappé Vladimir Vladimirovitch : la tristesse dans les yeux de Poutine - une tristesse qu'on voit seulement dans les yeux des phoques.
A la fin du match, le Palais des glaces s’était métamorphosé en tombeau. Une image avait alors frappé Vladimir Vladimirovich : la tristesse dans les yeux de Poutine – une tristesse qu’on voit seulement dans les yeux des phoques. P 14
Vladimir Vladimirovich reprend son calepin. Il note : prédateur – celui qui vit de sa proie. Il le referme, l’ouvre à nouveau pour écrire : proie – être vivant dont un animal s’empare pour le dévorer. Puis il va chercher ses cahiers dans le tiroir. Et il se dit que tout se passe comme s’il était cerné par le président Poutine et comme si le Président Poutine était cerné par les fantômes de Staline. P 72
En classe, il ne fait aucun effort. Ses notes sont, au mieux, médiocres. Pour tout arranger, il est coléreux, réfractaire aux règles. Il se complaît dans cette attitude et, un après-midi, en cours de technologie, il commet un sacrilège. Il dégrade volontairement une pelle, une vraie pelle d'ouvrier terrassier ou cantonnier, une de ces pelles avec lesquelles l'héroïque prolétariat a construit les barrages qui ont permis aux citoyens soviétiques de jouir de l'électricité.
A la suite de plusieurs rappels à l'ordre, il est exclu des jeunes Pionniers.
La sanction est très rare, réservée aux cas désespérants.
Il n'a plus le droit de porter le foulard rouge autour du cou.
Sur le moment, il s'en fout, il est même plutôt content.
Ce que Vladimir Vladimirovich a préféré, c’est le voyage de la torche olympique. Elle aura connu tous les ciels, tous les fuseaux horaires, tous les moyens de locomotion…
A son grand regret il n’a pas été retenu pour la porter…
Le président Poutine – lui – ne porte la flamme que pour l’allumer. Ce jour-là, il a l’air heureux, un léger sourire aux lèvres, comme s’il ne pouvait être que légèrement heureux. P 34
La magie des nuits moscovites, ou des somnifères, c'est qu'on peut se réveiller frais comme une rose après une nuit de cauchemar.
Quand on est anxieux, il faut absolument s'attacher à un mot idiot qu'on répète comme un perroquet jusqu'à ce qu'on finisse par se taire.
Il évite de lui en parler mais il a le sentiment que leur pays n'a plus de futur, qu'il est en voie de désintégration, que tout se passe comme pour la mort des étoiles.
Ce n'est pas le communisme qu'elle regrette ni même, pour ce qui la concerne, l'élan généreux auquel il avait donné lieu, mais tout simplement l'époque de sa jeunesse.